Le sort de plusieurs étrangers toujours incertain
Le sort de plusieurs otages étrangers demeurait incertain vendredi soir après un assaut de l'armée contre un complexe gazier du sud algérien où les ravisseurs, membres d'un groupe armé proche d'Al-Qaïda, étaient toujours retranchés.
Plusieurs pays ont fait part de leur vive inquiétude pour leurs ressortissants pris en otage par un groupe qui dit agir notamment en représailles à l'intervention militaire française au Mali. Une source de la sécurité, citée par l'agence algérienne APS, a dressé vendredi soir un bilan provisoire de l'assaut: 12 otages et 18 ravisseurs tués, et près d'une centaine d'otages --sur les 132 étrangers enlevés-- libérés, ainsi que 573 employés algériens. Elle ne précise cependant pas le nombre et la nationalité des victimes étrangères, mais le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, fait état d'un Français parmi elles.
La source algérienne suggère qu'une trentaine d'otages sont portés manquants alors que des sources au sein du groupe armé ont indiqué à l'agence de presse mauritanienne ANI que les ravisseurs détenaient toujours sept otages étrangers: trois Belges, deux Américains, un Japonais et un Britannique. Ces otages sont détenus, selon elles, dans l'usine du site, dont "ils ont fait exploser une partie pour repousser les forces algériennes". Le groupe, indiquent-elles encore, venait du Niger et non de Libye comme l'a affirmé Alger. Outre les centaines de travailleurs algériens, des Américains, des Britanniques, des Japonais, des Français, un Irlandais, des Norvégiens et des Philippins figuraient parmi les personnes prises en otage mercredi sur le complexe gazier d'In Aménas, à 1.300 km au sud-est d'Alger non loin de la frontière libyenne.
"On ne cherche que les expatriés"
D'ex otages ont livré leur récit de l'attaque de mercredi puis de l'assaut. "Tout à coup les explosions. Ils ont cassé les portes tout en criant: on ne cherche que les expatriés", a raconté sur France Info un ingénieur algérien, racontant la journée de mercredi, lors de laquelle un Britannique et un Algérien avaient été tués. "Il y a des terroristes qui sont morts, des expatriés, des locaux", a dit sur Europe 1 un rescapé français, Alexandre Berceaux, en référence à l'assaut. "Nous sommes sortis pour une porte à l'arrière de la base dont les terroristes ignoraient l'existence. En sortant, nous avons hissé un tissu blanc pour que l'armée sache que nous étions des ouvriers" et avons marché jusqu'à elle, a raconté un Algérien à la télévision algérienne.
Le photographe de l'AFP a vu vendredi des camionnettes décharger des cercueils vides à l'hôpital d'In Aménas, où des otages blessés avaient été transportés. Citant des sources au sein du groupe de Mokhtar Belmokhtar, auteur du rapt, ANI a affirmé que ce dernier proposait "à la France et à l'Algérie de négocier pour l'arrêt de la guerre menée par la France" dans le nord du Mali. Belmokhtar, un jihadiste algérien, propose en outre "d'échanger les otages américains détenus par son groupe" contre un Egyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafia Siddiqui, emprisonnés aux Etats-Unis pour des accusations liées au terrorisme.
Oslo s'attend à de "mauvaises nouvelles"
L'opération a soulevé des questions à Tokyo, Londres, Oslo et Washington qui craignent pour la sécurité de leurs ressortissants. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a demandé à l'Algérie une "précaution extrême" pour la vie des otages, alors que la Norvège, toujours sans nouvelles de huit ressortissants, a dit qu'elle se préparait à de mauvaises nouvelles. La France, à qui l'Algérie a ouvert l'espace aérien pour son intervention au Mali, s'est de son côté abstenu de critiquer l'opération en invoquant une situation "particulièrement complexe". M. Cameron avait affirmé jeudi que "moins de 30" Britanniques étaient encore "en danger" alors que le Japon demandait de "cesser immédiatement" l'opération.
Mais selon une source gouvernementale, citée par l'APS, l'assaut mené dans des conditions "extrêmement complexes", a évité un "véritable désastre", faisant état d'un groupe doté d'un arsenal de guerre composé de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d'assaut. Selon la même source, le groupe composé de plusieurs nationalités, voulait acheminer les otages au Mali pour s'en servir de monnaie d'échange. L'Algérie s'est trouvée entraînée malgré elle dans le conflit malien avec cette prise d'otages, les ravisseurs ayant dénoncé le soutien logistique algérien aux militaires français.
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