L’avenir de la maladie se décidera à Dakar, du 18 au 23 juin
Le prochain Cours mondial de l’éradication du paludisme aura lieu au Sénégal, du 18 au 23 juin prochain. Cette rencontre va accueillir plus de 150 participants, dont 100 experts. Décideurs et acteurs engagés dans la lutte contre cette pathologie vont décliner les prochains combats à mener pour effacer cette maladie de la carte sanitaire mondiale.
Pour une première fois, l’Afrique, notamment Dakar, va abriter une rencontre du Cours mondial de l’éradication du paludisme. Ce sera du 18 au 23 juin prochain. Cette rencontre va enregistrer la présence de 100 experts et de nombreux décideurs. À ce propos, le directeur général du Centre international de recherche et de formation en génomique des maladies infectieuses (Cigas) renseigne qu’il ne s’agira pas d’un cours pour former, mais d’échanges. Le directeur général de l’OMS en charge du paludisme sera présent, de même que le coordinateur général mondial du Programme américain (USAID) sur le paludisme. Ce sont ces deux personnes, souligne le Pr. Daouda Ndiaye, qui dirigent le monde en matière de paludisme.
Également, les fabricants de médicaments, les décideurs qui œuvrent dans le cadre de la santé prendront part à la rencontre.
En somme, plus de 32 nationalités seront présentes à Dakar.
L’objectif de ladite rencontre, informe le Pr. Ndiaye, sera de permettre aux Africains de savoir lier les connaissances scientifiques et médicales, et le travail de terrain, pour qu’il y ait une action large. ‘’Ce cours est pour nous d’une importance capitale, parce que, pour une fois, l’Afrique a été choisie pour l’abriter, pour ne pas dire le Tiers-monde. C’est le plus grand cours international sur une maladie. Les partenaires du monde entier, qui travaillent dans le cadre du paludisme, sont tombés d’accord sur le fait qu’il fallait créer ce cours, depuis 2012, sous le leadership de l’université de Harvard. Par la suite, il a eu lieu à Barcelone et en Suisse. Je fais partie des premiers à suivre ce cours en 2012. C’est un honneur pour l’Afrique. On s’est battu, depuis le mois de juin 2022, lors du dernier cours. Il fallait défendre l’idée selon laquelle ce cours devait venir en Afrique. Ce n’était pas évident. Il a fallu beaucoup de négociations jusqu’au mois de novembre, pour s’accorder avec les partenaires qu’il aura lieu à Dakar. Après que plus de 700 personnes ont bénéficié de ce cours, il fallait le délocaliser en Afrique pour permettre à d’autres experts de renforcer et de partager leurs connaissances, en vue de combattre le palu, pour son élimination ou son éradication’’, indique le chef du Service parasitologie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Si l’Afrique a été choisie pour abriter cette rencontre, poursuit-il, c’est parce qu’à un moment donné, les décideurs ont compris que les Africains doivent faire partie de ce combat, en tant qu’acteurs principaux, parce que le paludisme se déroule dans leur continent, dans le Tiers-monde. ‘’Il est important que nous, pays du Tiers-monde, en voie de développement, soyons impliqués au premier niveau. Dans ce cours, des décisions importantes vont être prises pour l’avenir de la lutte contre le paludisme au plan mondial. Donc, il est important que les gens le fassent en Afrique pour écouter et discuter avec les experts africains, voir la réalité de l’Afrique. Beaucoup qui vont participer à ce cours ne sont jamais venus en Afrique. Ils vont venir voir ce qui se passe. C’est un cours qui ne nous appartient pas, mais qui appartient à l’Afrique. C'est le plus grand cours mondial où les décisions seront prises. L’avenir du palu se décidera à Dakar, à partir de ce 18 (juin). Toutes les décisions qui émaneront de ce cours serviront pour l’avenir de la lutte contre le palu pour l’Afrique et le monde. C’est une opportunité pour l’Afrique, pour qu’on puisse travailler ensemble, main dans la main’’, soutient le Pr. Daouda Ndiaye.
Au menu, poursuit le conseiller technique de l’OMS, il y aura des échanges et des partages d’expériences. ‘’Dites-nous ce que vous voulez, on va échanger pour trouver des solutions. Nous allons vous dicter des choses, mais vous allez proposer et on va réagir. Nous allons écouter les participants qui viennent de partout. Les décisions qui émaneront de ce cours vont immédiatement servir. Nous allons voir ensemble, à la fin, les conclusions’’, précise le Pr. Ndiaye.
‘’Le Sénégal est très en avance par rapport au niveau de paludisme’’
Hier, lors de la conférence de presse, la question des nouveaux vaccins contre le paludisme a été au cœur des débats. ‘’Le vaccin, qui a été approuvé par trois pays en Afrique, est une réalité. L’idéal serait que tout le monde ait le vaccin, mais on comprend qu’un vaccin est complexe et perplexe dans sa création et son financement. La quantité de vaccins qui a été proposée pour la fabrication n’était pas suffisante pour tout le monde. Donc, il fallait avoir des priorités. Tous les pays ne peuvent pas avoir le même niveau de priorité. Les gens ont ciblé des pays qui répondaient à des normes en termes de priorité, surtout par rapport au niveau de transition. Le Sénégal est très en avance par rapport au niveau de paludisme’’, confie le Pr. Daouda Ndiaye.
Il affirme : ‘’On va vers l’élimination. Vous avez d’autres pays où le palu tue tous les jours. C’est dans de pareils pays où l’on a plus besoin du vaccin. Ce dernier a pour but de sauver des vies, avant d’aller vers l’élimination. Donc, s’il y a assez de vaccins, le Sénégal et d’autres pays vont en bénéficier. Il faut que nous soyons d’accord qu’il faut privilégier les pays où le palu tue le plus. Ce n’est pas le cas pour le Sénégal. S’il y a assez de vaccins, de produits, de moyens, tous les pays qui auront besoin de vaccins seront ciblés’’, promet-il.
CHEIKH THIAM