Les assurances de Sophie Gladima
La Société de manutention de carburant aviation (Smcady) est-elle allée trop vite en besogne, en lançant son alerte sur une rupture du stock de kérosène au Sénégal ? C’est la conviction du ministre du Pétrole et des Énergies qui a pris la parole, hier, pour rassurer les Sénégalais et les compagnies aériennes sur la disponibilité du kérosène, du carburant et du gaz.
‘’C’est vrai que la situation est très tendue, mais on n’est pas en rupture d’approvisionnement’’, a déclaré, hier, le ministre du Pétrole et des Energies, au sortir d’une réunion avec les membres de son département et des acteurs du secteur. La rencontre avait pour objet de voir comment ‘’assurer la continuité de l’approvisionnement pétrolier au Sénégal’’.
Selon les explications de Sophie Gladima, ‘’d’habitude, les compagnies travaillent entre elles et font des échanges de produits. Rien que par rapport à ça, nous devons rassurer les populations. A l’heure où nous parlons, des précautions ont été prises. C’est vrai qu’une compagnie avait commandé du Jet A-1 (également appelé kérosène ou carburant destiné aux avions à réaction) qui n’est pas arrivé. Quelles sont les raisons ? Nous ne les connaissons pas. Nous leur avons demandé de voir quelles sont les raisons’’.
Elle ajoute : ‘’C’est dommage. La Smcady a voulu alerter, mais malheureusement, elle est allée trop loin par rapport à son alerte. Et je pense que nous avons tenu cette réunion pour pouvoir en discuter et pour voir ce qui était possible pour l’avenir. Et là, nous devons rassurer le peuple sénégalais et dire à l’international également, aujourd’hui, ce ‘Notam’ (message aux navigants aériens publiés par des agences gouvernementales de contrôle de la navigation) va être levé. Et une fois levé, toutes les compagnies devraient pouvoir s’approvisionner ici au Sénégal.’’
En effet, tant que le Notam est en vigueur, cela ‘’veut dire que les compagnies qui n’ont pas accès au produit devraient en acheter ailleurs. Si on lève le Notam, les compagnies qui sont là devraient également s’approvisionner au Sénégal’’.
En effet, le Sénégal subit, comme d’autres pays, les contrecoups de la guerre en Ukraine. Mais aussi les défaillances de la Société africaine de raffinage (Sar).
En effet, renseigne le ministre, ‘’la Sar ne produit pas de Jet. Cela fait trois ans qu’elle n’en produit pas. Ce sont les importateurs qui fournissent le Jet’’.
De ce fait, pour faire face à cette tension sur le kérosène, Sophie Gladima annonce que l’Etat a actionné Petrosen (Société des pétroles du Sénégal). ‘’Petrosen a réussi à trouver un bateau qui pourra combler le besoin, du 20 au 23 avril prochains. A partir du 23, le produit sera disponible. C’est une cargaison qui était prévue pour à partir du 22 avril. Parce que simplement, ce sont ces deux jours qui étaient critiques, mais à partir du 22, la situation devrait revenir à la normale’’, rassure-t-elle.
Egalement pour parer à une autre rupture de kérosène, le ministre du Pétrole a invité les importateurs (Puma, Ola, Total et Vivo Energy) à lancer une seule demande d’appel d’offres pour le produit Jet A-1.
L’optimisme très modéré de Mohamed Chaabouni
A la suite du ministre, le président du Groupement professionnel de l’industrie du pétrole au Sénégal (GPP) s’est également expliqué sur les difficultés d’approvisionnement en kérosène. Mohamed Chaabouni : ‘’Aujourd’hui, la situation est un peu difficile. Le contexte est mondial, suite au conflit russo-ukrainien, les molécules même des différents produits (super, gasoil ou pétrole brut) ou même le Jet (kérosène) deviennent difficiles à trouver sur le marché. Donc, nous travaillons conjointement, tous les jours. Nous sommes en relation continue avec les ministères pour nous assurer de trouver la continuité de l’approvisionnement du marché.’’
Il ajoute : ‘’La procédure de gestion et de prévisions se fait régulièrement, tous les mois. Et en ce moment, tous les jours, on est en contact continu avec le Comité national des hydrocarbures. Donc, l’anticipation est là, sauf que les molécules sont très difficiles à trouver. Oui, le produit est difficile à trouver au niveau mondial. On va continuer à travailler pour consolider nos besoins ensemble et éventuellement sortir un appel d’offres commun pour les besoins du pays sur les différents produits importants et pour assurer cette période critique dont aucun ne sait quelle durée le conflit russo-ukrainien durera. Au moins, nous assurer de cette disponibilité du produit, pour les mois à venir.’’
‘’Petrosen va entrer dans la danse pour faire également du gaz et satisfaire les besoins du pays’’
Il dire qu’il n’y a pas que le kérosène qui est touché par la crise. Des difficultés sont notées, dernièrement, dans l’approvisionnement en carburant. Hier, le ministre Sophie Gladima s’en est expliqué. ‘’C’est un problème d’approvisionnement. Le produit existe, mais on a un problème d’accès’’, dit-elle. Avant d’en revenir aux difficultés de la Sar.
‘’La Sar était à l’arrêt et on devait utiliser les camions-citernes. Ces camions-citernes, avec les embouteillages que nous vivons dans ce pays, ils ont bloqué, plus ou moins, l’arrivée de ce produit au niveau des points de vente. Mais néanmoins, ce week-end, malgré tout, nous avons donné l’autorisation à ces structures de pouvoir approvisionner l’intérieur du pays’’. Elle renseigne que les équipes ont travaillé tout le week-end pour juguler ce problème.
Concernant le gaz dont les bonbonnes se font rares sur le marché, le ministre a déclaré qu’un accord a été trouvé entre les acteurs dudit secteur. ‘’Par rapport au gaz aujourd’hui, on va vous rassurer. Les gens ont commencé à avoir une nette amélioration, parce que cette interchangeabilité qui existait entre les structures, les gens ont accepté le principe. Et donc, actuellement, c’est en vigueur. Mais ce qu’il faut dire aussi, c’est parce qu’il y a un marché parallèle. Malheureusement, il y a des bouteilles qui sont prises et qui sont vendues dans la sous-région. Ce qui fait que le stock est réduit au niveau local. Mais là également, Petrosen va entrer dans la danse pour faire du gaz et satisfaire les besoins du pays’’. Jusqu’ici, ce sont les sociétés Puma, Ola, Total et Vivo Energy qui avaient en charge la fourniture du gaz butane.
GASTON COLY