Le candidat «normal» devenu président
Il s'est lancé dans la course à la présidence raillé par tous : trop rond, trop apparatchik, trop provincial. Mais convaincu d'être en phase avec son temps, François Hollande a tracé lentement son sillon jusqu'à devenir le septième président de la Ve République en battant Nicolas Sarkozy dimanche 6 mai avec 51,9% des voix contre 48,1% pour son adversaire.
Au départ, personne ne l'attendait. Il n'était ni l'ancien patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, brillant économiste, ni son ex-compagne,Ségolène Royal, au rapport charnel avec les Français. En promettant une présidence «normale», ce fils d'un médecin rugueux d'extrême droite et d'un mère assistante sociale de gauche est parvenu à sortir grand vainqueur de la primaire socialiste, persuadé que la France était désormais lasse de l'énergie débordante de Nicolas Sarkozy, l'hyper-président, de son «exhibition permanente». Une stratégie qui en a fait le favori, jamais démenti, de l'élection présidentielle.
VIE PRIVEE
Né le 12 août 1954 à Rouen, François Hollande est le fils de Georges Hollande, médecin ORL partisan de l'Algérie française et de Nicole Tribert, assistante sociale, catholique et de gauche. En 1968, la famille s’installe à Neuilly (Hauts-de-Seine). Elève au lycée Pasteur, il cotoîe Christian Clavier et Thierry Lhermitte. Dès cette époque, il choisit la gauche, par rejet de De Gaulle, «symbole d’archaïsme». Il rencontre Ségolène Royal à la fin des années 1970 lors d'une soirée de l'ENA. Ils vivront en concubinage et auront quatre enfants : Thomas( né en 1984), Clémence (1986), Julien (1987) et Flora (1992). En 2007, ils officialisent leur séparation le soir même du second tour des élections législatives. Il vit aujourd'hui avec la journaliste Valérie Trierweiler, journaliste politique sur Direct 8. A la tête d'un magazine intitulé 2012, Portrait de campagne, elle a annoncé qu'elle cessait de le présenter quelques jours avant le premier tour.
ETUDES
François Hollande est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris où il présida la section de l'UNEF, de HEC Paris où il présida le comité de soutien à François Mitterrand dans les années 1970, et de l'ENA.
CARRIERE
À sa sortie de l'ENA en 1980, alors qu'il adhère depuis un an au PS, il devient auditeur à la Cour des comptes. Grâce à Jacques Attali, qui repère également Ségolène Royal, il fait ses premiers pas au sein du Parti socialiste en devenant peu après conseiller de François Mitterrand pour les questions économiques.
En juin 1981, il tente sa chance aux législatives dans la circonscription d'Ussel en Corrèze contre Jacques Chirac mais échoue dès le premier tour. Après un passage à l'Elysée, chargé de mission sur les questions de relance économique, il poursuit sa carrière dans les ministères, auprès des porte-paroles du gouvernement de Pierre Mauroy : Max Gallo puis Roland Dumas. Après la réélection de François Mitterrand en 1988, la vague rose le porte à l'Assemblée : il est élu député de Tulle (1ere circonscription de Corrèze) avec 53% des suffrages. Il perdra ce mandat en 1993.
Professeur d'économie à Sciences-Po, magistrat de la Cour des comptes et disposant d'une équivalence lui permettant d'exercer la profession d'avocat, il travaille quelques temps dans le cabinet de son ami Jean-Pierre Mignard. C'est après le renoncement de Jacques Delors qu'il soutenait qu'il se rapproche de Lionel Jospin. Celui-ci le fait porte-parole de sa campagne présidentielle aux côtés d'autres tels que Martine Aubry, puis du parti en octobre 1995, où il est également chargé de la presse. Lorsque Lionel Jospin accède à Matignon en 1997, après «la dissolution ratée», ce dernier le choisit pour lui succéder à la tête du parti.