Des politiques pour la transition
C'est une transition politique de trois mois que le président de la République s'est imposé avec la formation du gouvernement issu de l'élection présidentielle du 25 mars. Trois mois pour asseoir et exécuter les modalités d'une démarche d'urgence souhaitée par le peuple sénégalais aux plans social, politique, institutionnel... Trois mois pour installer la confiance avec le peuple souverain. Trois mois pour aborder, en difficulté ou en favori, les élections législatives du 1er juillet prochain.
En ramenant l'Afp, le Ps, la Ld, Rewmi et le Pit dans un gouvernement de la République, Macky Sall respecte sa part d'engagement en ce qui concerne le traitement de ses alliés après le bras de fer qui l'a opposé à Abdoulaye Wade. Avec Bamba Dièye, c'est un «héros» de la lutte contre la candidature du président sortant qui est gratifié. Avec Youssou Ndour, c'est le travail de sape d'un concepteur de slogans assassins contre l'ancien régime qui est reconnu. Avec Ali Haïdar, c'est un militant de la cause environnementale qui se voit offrir le cadre institutionnel qui faisait défaut à son activisme.
Mais cette équipe au dosage difficile et à l'accouchement pénible est également un gouvernement sous très haute surveillance. Entre le marteau du président politique qu'est Macky Sall et l'enclume du manager rompu aux méthodes du secteur privé qu'est Abdoul Mbaye, les ministres venus du Benno originel, dont la plupart sont des cadres reconnus, sont quasiment en cure d'essai en attendant le grand tournant des législatives. Dans l'obligation de produire des résultats, ils seront évalués, notés, jugés et négativement sanctionnés au regard des engagements du programme de redressement national proposé par le président de la République. D'ici juillet, les moins performants et les moins efficaces d'entre eux seront remerciés. Et dans ce cas, tout le passif sera mis au décompte du chef de l'Etat qui, dans la foulée, serait alors contraint de sacrifier son Premier ministre pour se donner un nouvel élan. Mais on n'en est pas encore là !
MOMAR DIENG