Publié le 24 Mar 2012 - 18:37
POST-POINT

Si Wade était réélu...

 

L'on ne saurait trop être catégorique sur l'issue du scrutin présidentiel de ce 25 mars 2012 entre Abdoulaye Wade et Macky Sall. Eu égard aux multiples paramètres qui, d'une manière ou d'une autre, sont en mesure d'influencer fondamentalement le choix d'un électeur lambda ni encarté radical ni partisan farouche, le principe de prudence s'impose. Dans la tête de ce citoyen libre, peuvent trotter mille et une raisons de voter pour l'un en sanctionnant l'autre, étant entendu qu'aucune instance de type politique, social ou légal ne viendrait lui demander des comptes. C'est le charme de la démocratie lorsqu'elle répond ainsi à un minimum de critères universellement reconnus.

 

Néanmoins, cette élection présidentielle sénégalaise de dimanche est un tournant historique dans la marche de notre système démocratique. Comme en 2000, et encore par la mauvaise grâce d'un président sortant, elle est de fait ce «référendum» dont nous pensions ne pas avoir recours de sitôt. Mais Abdoulaye Wade l'a imposé sans le vouloir. Et la logique voudrait qu'il le perde.

 

Si, par catastrophe, il devait être réélu dans une transparence acceptée par tous, cela voudrait dire que nous aurions validé toute la stratégie de dévergondage des institutions de la République menée depuis douze ans par le clan présidentiel. Si Wade était réélu, nous aurions grassement récompensé les acteurs déjà repus de la prédation économique et financière du pays. Si ce «Sopi» de mauvais goût devait se perpétuer encore pour un septennat, nous aurions encouragé les marchands impénitents du foncier facile qui ont fait main basse sur les derniers hectares qui étaient en mesure de nous procurer encore un brin d'air frais contre la précarité. Si Abdoulaye devait obtenir un bail, ne serait-ce que de «3 ans» comme il l'a souhaité, nous aurions accepté l'institutionnalisation du reniement au cœur de la fonction suprême qu'est le président de la République. Si cet amoureux de l'argent et du luxe devait rempiler, pas de doute, c'est que notre capacité d'indignation aura été formatée suivant des principes moraux suffisamment flexibles pour accepter l'inacceptable.

 

Cette élection présidentielle ne peut donc laisser personne indifférent au vu des enjeux qui la structurent : dépersonnalisation du pouvoir, gestion équitable et juste des richesses nationales, protection de l'économie nationale, indépendance de la magistrature, lutte contre la corruption, etc. Par rapport à autant de sujets sur lesquels le président sortant Abdoulaye Wade a absolument échoué jusqu'à la moelle, le verdict des urnes ne devait faire l'objet du moindre doute. Mais dans un pays où la pauvreté a un parti qui lui est propre, et où les achats dits de conscience – la corruption – ont atteint des proportions industrielles jamais égalées, l'on est obligé finalement de céder à la retenue en constatant que tout est possible.

 

Pour le bien espéré du Sénégal, Wade doit plier bagages et laisser ce pays à d'autres mains. Mais s'il devait rester, nous oserions dire: «Putain, 7 ans encore!»

 

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