Macky Sall appelé à s'occuper des «grandes querelles»
Pour s'éviter de «petites querelles», le président de la République a intérêt à se «déconnecter» de sa casquette de chef de parti. C'est l'appel qui a retenti samedi lors de la présentation du livre «Les enseignements de la présidentielle 2012».
Le débat sur le cumul de fonctions du président de la République est loin d’être clos. Après la sortie de Me Alioune Badara Cissé, coordonnateur national de l’Alliance pour la République (APR), qui a annoncé le retrait prochain de Macky Sall de la tête de son parti, suivie d'un démenti de...l'Apr, c’est au tour du constitutionnaliste Ameth Ndiaye de le remettre au goût du jour. Décryptant «les signaux latents (…) qui permettent de penser que nous ne sommes pas sortis de l’auberge», le juriste pense que «le problème auquel nous sommes confrontés dans ce pays est un problème d’équilibre entre nos institutions».
Une situation qui «ne promet que difficilement la séparation des pouvoirs» et même «la proclamation de nos droits et libertés». Participant à la présentation d’un livre sur la présidentielle de 2012, le samedi dernier, le spécialiste en droit constitutionnel est d'avis que «le fait que Macky Sall soit président de la République et chef de l’Apr» ne contribue point à une lisibilité de la politique. C'est pourquoi sa «déconnexion» de son parti sera «décisive» et «répondra d’une grande générosité». «Je ne suis pas sûr que la connexion personnelle et la connexion partisane soient un gage d’élection», dit le Pr. Ndiaye, qui rappelle «la constellation de partis autour du président Wade» sans lui avoir évité la défaite. A ses yeux, il est plus que temps que le chef de l'Etat jette son manteau de chef de parti afin de pouvoir s'occuper des «grandes querelles» de l'heure. Ces «vérités», il faut avoir le courage de les dire au président de la République sinon «on n'ira nulle part».
Wade, l'hommage qui divise
Dans le même sillage, le Pr. Malick Ndiaye, ministre conseiller à la Présidence, souligne que le président de la République «est fondé à encourager l’examen critique des Sénégalais» par rapport à sa gouvernance. «Un pouvoir, dit-il, si on lui dit que tout marche, c’est grave. On ne lui rend service que lorsqu’on est capable de lui dire la vérité». Présent à la rencontre, Moubarack Lô, directeur de cabinet adjoint du président de la République, a plaidé pour l'émergence d'«institutions fortes» afin qu’à l’instar des grandes démocraties, elles puissent survivre aux hommes qui les incarnent et les dirigent.
Par ailleurs, il y a eu une polémique autour de l'«hommage» rendu à l'ancien président de la République Abdoulaye Wade dans l'ouvrage en question avec son fameux coup de fil à Macky Sall au soir de la présidentielle du 25 mars 2012. Pour le Pr. Malick Ndiaye, «on ne peut rendre hommage à un homme alors que tout le monde sait qu’il est à l’origine de tous les malheurs vécus par le prince (NDLR : Karim Wade) aujourd’hui en prison». Une position soutenue par Aïda Niang, membre du M23, qui a rappelé la mort de l'étudiant Mamadou Diop en pleine période électorale. De quoi mettre dans l'embarras le Pr. Ogo Seck, initiateur de la cérémonie et co-auteur du livre.
DAOUDA GBAYA
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