A peine lancée, la campagne de Kamala Harris déjà sur les rails
Les gouverneurs démocrates du Michigan, de Californie et du Kentucky sont désormais des soutiens de Kamala Harris, 59 ans, dans la course à la Maison Blanche. C'est aussi le cas de l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Moins de 24 heures après le retrait de Joe Biden, la vice-présidente des États-Unis a fait sa première apparition publique, ce lundi 22 juillet, sous les feux des projecteurs.
Leurs noms étaient cités parmi les concurrents possibles, mais tous sont déjà ralliés à la cause de Kamala Harris. Les gouverneurs du Michigan, Gretchen Whitmer, de la Californie, Gavin Newsom, et du Kentucky, Andy Beshear, sont désormais des soutiens de la campagne de la vice-présidente, qui revendique l'investiture du Parti démocrate en août, en vue de l'élection du mois de novembre. C'est aussi le cas de Wes Moore (Maryland), ou encore J.B. Pritzker (Illinois).
Ils rejoignent ainsi Hillary et Bill Clinton, qui ont dégainé plus vite que le monde dimanche soir dans le sillage de l'appel de Joe Biden, et des personnalités plus marquées à gauche, notamment Alexandria Ocasio-Cortez, élue de New York. Signe d'un relatif alignement des planètes, le sénateur indépendant Joe Manchin, ancien démocrate connu pour ses prises de positions conservatrices, a par ailleurs annoncé ce jour qu'il ne serait pas être candidat à la fonction suprême.
Quant à l'ancienne présidente de la chambre basse, Nancy Pelosi, qui n'avait pas franchi le pas au moment de rendre hommage au président Biden, elle n'a perdu de temps non plus, se rangeant derrière la successeure désignée le lendemain. « Mon soutien enthousiaste à Kamala Harris pour la présidence est officiel, personnel et politique », écrit-elle ce lundi. « Kamala Harris est très douée comme femme politique, et j'ai toute confiance dans sa capacité à nous mener à la victoire. »
Pour sa part, l'intéressée a effectué ses premiers pas ce lundi dans son nouveau costume de candidate à la fonction suprême, entourée d'athlètes universitaires, dans les jardins de la Maison Blanche. Elle en a profité pour rendre hommage à son patron qui, après s'être adressé aux Américains afin de justifier son abandon, a très vite lancé un deuxième tweet pour apporter un soutien total, en vue de l'investiture, à la femme qui l'a accompagné ces dernières années à la tête du pays.
« L'héritage de Joe Biden ces trois dernières années est sans égal dans l'Histoire moderne », a-t-elle lancé, en écho aux nombreux hommages rendus au président des États-Unis à travers le monde ces dernières heures. « Tous les jours, notre président Joe Biden se bat pour le peuple américain, et nous sommes profondément reconnaissants pour son service en faveur de notre nation », a ajouté celle qui pourrait devenir la première femme locataire de la Maison Blanche.
En un seul mandat, il a surpassé la plupart des présidents qui ont effectué deux mandats. J'ai pu être le témoin chaque jour des qualités de notre président. Son honnêteté, son intégrité, sa dévotion à la foi et à sa famille, son grand cœur et son amour, son amour profond pour notre pays.
D'ici là, 3 936 délégués du Parti démocrate doivent se réunir à Chicago du 19 au 22 août prochains, pour entériner le choix de leur candidat à la présidence pour l'élection du 5 novembre. Une grande majorité d'entre eux avaient apporté leur soutien à M. Biden, et sont désormais livrés à eux-mêmes ou presque. Kamala Harris a besoin d'obtenir le soutien de 1 969 d'entre eux précisément pour devenir officiellement la candidate de sa formation politique en vue de « battre Donald Trump ».
Tout l'appareil de campagne de Joe Biden est désormais estampillé Kamala Harris. À l'appel du président en exercice, les dons ont battu leur record 2024 dès les heures qui ont suivi la grande annonce de dimanche soir. L'équipe Harris a par ailleurs commencé à contacter par dizaines les délégués pour parvenir à la convention démocrate dans les meilleures conditions. L'optimisme est de mise : beaucoup espèrent que d'ici cette semaine, Mme Harris sera propulsée.
Kamala Harris a dit qu'elle se rendrait dès ce lundi dans le Delaware, où se trouve le quartier général de Joe Biden, pour « le premier jour de notre campagne ». Et selon l'agence Reuters, citant une source au fait des échanges, elle s'est par ailleurs entretenue avec le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, pressenti pour un ticket, avec la tête de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, et enfin avec Steven Horsford, président du Caucus noir du Congrès.
Certains démocrates estiment que la convention doit être ouverte à d'autres candidats, et Barack Obama lui-même n'a pas encore exprimé la moindre préférence. Mais Mme Harris, grande défenseure du droit à l'avortement, peut d'ores et déjà compter aussi sur le soutien des groupes de défense de ce droit, qui militent pour sa candidature au sein du parti et contactent eux-mêmes des délégués. Les comités démocrates des États américains la soutiennent également.
Les soutiens de Kamala Harris ont même trouvé le symbole de leur ralliement. Sénateur de Hawaï, Brian Schatz a par exemple attaché à son message de soutien à Mme Harris, sur le réseau social X, la photo d'un homme grimpant à un cocotier, arbre dont le fruit pullule sur la plateforme depuis dimanche. L'an dernier à la Maison Blanche, la vice-présidente y avait fait référence, lors d'un discours sur l'égalité des chances dans le domaine de l'éducation qui avait marqué les esprits.
« Ma mère était parfois un peu stricte avec nous, et nous disait : "Je ne sais pas ce qui ne va pas chez vous, les jeunes. Vous croyez que vous venez de tomber d'un cocotier ?" », avait-elle confié dans un éclat de rire. Une déclaration décalée, pas forcément comprise à l'époque, et très vite moquée sur Internet, avant de ressurgir comme un clin d'œil dans la campagne, après la prestation jugée calamiteuse de Joe Biden lors de son débat télévisé face à Donald Trump.
RFI.FR