Rémy Rioux prône une solidarité de la coopération internationale
En mission à Dakar, Rémy Rioux, Directeur général de l'Agence française de développement (AFD), a saisi l'occasion pour faire face à des étudiants, à des directeurs généraux et à des économistes, hier à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar où les discussions ont porté sur le thème ''Investir pour un monde en commun. Le rôle des banques publiques de développement''.
Sur invitation du recteur de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Rémy Rioux s'est entretenu, hier, avec la communauté universitaire sur les problématiques d'investissement dans le monde. À cet effet, le directeur général de l'Agence française de développement (AFD) a axé son intervention autour du thème ''Investir pour un monde en commun. Le rôle des banques publiques de développement''. Il a d'ailleurs expliqué le choix du thème.
''Dans le cadre de mes déplacements, j'essaie toujours d'avoir des moments d'échanges et de dialogue avec la jeunesse des pays, pour partager l'expérience de l'AFD. Le thème est important, quand on sait qu'il y a des situations de sous-investissement partout dans le monde, et on l'a vu au moment de la Covid-19. On le voit maintenant avec la guerre en Ukraine et aussi dans la situation macroéconomique d'ensemble''. Ceci dit, il y a donc lieu de trouver des alternatives.
C'est ainsi qu'il propose un certain nombre d'idées. "Il faut plus d'investissements privés et publics pour plus de créations de richesses. C'est particulièrement le cas en Afrique où les besoins et les opportunités sont énormes. Il faut croire en l'avenir de l'Afrique et en sa jeunesse et y investir'', dit-il.
La question des inégalités
Ces nombreux défis auxquels le monde fait face ont permis à Ahmadou Aly Mbaye de soulever la question des inégalités. Le recteur de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar de déclarer : "Il y a énormément de défis. Nous sommes dans un monde où les inégalités augmentent à l'intérieur, mais aussi entre les pays. Ce qui constitue une menace réelle pour le système international qui a valu beaucoup de progrès au monde, depuis la Seconde Guerre mondiale. Il fallait donc discuter sur comment faire pour que le système permette de mieux prendre en charge ces inégalités, notamment au niveau du continent africain où la plupart des pays sont carrément exclus des mécanismes de financement disponible dans la fenêtre internationale.''
Selon Rémy Rioux, à propos de la question relative à l'investissement en Afrique, il ne s'agit pas de parler d'aide, mais plutôt d'un investissement solidaire, d'un investissement de développement durable. Autrement, il s'agit d'investir en commun. Ce qui répond, d'ailleurs, au thème de la rencontre. Monsieur Rioux en a même donné plus de détails : "On a des sujets. Le climat en est un. Nous avons tous pris conscience de l'urgence, des transformations et des bouleversements qui sont en cours et causés par le réchauffement climatique. Ces dérèglements vont frapper d'abord plus que proportionnellement les populations et les territoires les plus pauvres dans le monde entier.''
Il s'agit donc, à l'en croire, d'un problème que l'humanité a en partage et dont les solutions sont à trouver ensemble, en partage aussi. ''Chacun à sa responsabilité. Le développement est endogène. Chaque pays est responsable et souverain, et doit ainsi trouver des solutions. Mais la somme de nos solutions individuelles ne fera pas la réponse collective. C'est pourquoi il faut une solidarité de coopération internationale. Et c'est aussi la vocation de l'AFD. C'est-à-dire créer des liens concrets d'amitié dont on est tous fiers''.
Le directeur général de l'AFD a continué de lancer un appel au monde entier, dans ces situations difficiles. Pour lui, il faut faire circuler les technologies, les expériences, les innovations, la recherche et la science pour permettre au monde de prendre le meilleur chemin.
''Les modèles sont remis en cause''
Au vu des propos de Rémy Rioux, on constate donc que la situation actuelle du monde est plus que préoccupante. Et pourtant, face à cela, les États peinent à trouver le bout du tunnel. On peut ainsi le remarquer à travers ses explications : "Je crois que nous avons tous compris que nous allions dans la mauvaise direction. Sinon, c'est ce qui a été dit théoriquement et solennellement en 2015. C'était au moment où tous nos chefs d'État se sont réunis à New York et ont décidé de l'Agenda du développement durable. C'est ce que nous avons aussi travaillé à Paris quelques mois plus tard avec l'Accord de Paris sur le climat.''
D'après lui, les modèles sont tous remis en cause. Que ce soit les modèles des pays dits développés ou ceux des pays en développement. À ce propos, il prône la multiplication des espaces de discussion comme celui qui s'est tenu hier. ''Ce sont des rencontres importantes pour la jeunesse aussi. Elle va avoir à innover, à prendre ses responsabilités, à apprendre les enseignements des anciens, à travailler les sciences, à bâtir de nouveaux modèles adaptés à chacune des régions du monde et capables d'inspirer les voisins'', a-t-il laissé entendre.
El hadji Fodé Sarr