Les éleveurs soupçonnent une ''société écran pour blanchir de l’argent''
Les éleveurs établis autour de la réserve de Ndiaël, dans la communauté rurale de Ngnith et la commune de Ross Béthio où est installée l’unité industrielle Sen-Huile/Sen Ethanol, ont arboré du rouge pour manifester contre les autorités administratives locales. Ils pointent du doigt accusateur celles-ci accusées de ne pas dire la vérité au gouvernement sur le danger que constituerait ce projet de culture de tournesol.
Réunis en collectif pour la défense de la réserve d’avifaune de Ndiaël, ces éleveurs et autres acteurs de développement de ces localités pensent que l’administration ferme les yeux sur ''les agissements de l'entreprise constituée de société écran pour blanchir de l’argent'', a avancé le porte-parole Ardo Sow. Il a appelé le chef de l’État à se saisir du dossier et mener une enquête car, à l’en croire, ce projet est une bombe à retardement qui risque de créer des tensions socio-ethniques dans la zone.
Le porte-parole du collectif se demande en outre quel sera l’avenir des paysans et éleveurs de la localité si ce projet aboutit. ''Nos parcours de bétail autour des périmètres de Sen-huile sont fermés privant nos troupeaux de la liberté de circuler'', s'est plaint Ardo Sow. Il a ajouté que le système d’arrosage installé dans la zone par Sen-huile/Sen Ethanol est ''inapproprié'' avec des canaux à ciel ouvert qui risque de causer des accidents aux enfants et animaux domestiques. De plus, a-t-il dénoncé, des gardiens armés sont postés autour des périmètres du projet obligeant les femmes à parcourir des dizaines de kilomètres pour avoir accès aux puits. ''La menace sur la plus grande réserve d’eau douce au Sénégal, alimentant plusieurs grandes villes du pays, est réelle car son utilisation peut entraîner l’épuisement s’il n'y a pas une gestion plus rigoureuse'', a déclaré Ardo Sow.
Le collectif a souligné par ailleurs un non respect des engagements avec la population et du code de l’environnement (absence d’étude d’impact environnemental) et le risque sanitaire avec la pulvérisation de produits toxiques dans l’air. ''Les emplois promis, et les projets socio-économiques soulevés ne sont que de l’utopie'', a martelé le porte-parole du collectif, jurant que ses camarades et lui ne céderont point face aux intimidations de ceux qu’ils appellent des ''néo-colonisateurs''.
Fara Sylla (Correspondant, Saint-Louis)