Le regard d’un émigré sur les importants flux migratoires
Sorti au mois de février 2017, le livre de Serigne Mbacké Ndiaye, intitulé ‘’L’odyssée des migrants’’, retrace les flux migratoires. Edité par Edilivre en France, cet essai revient plus amplement sur cette question et va au-delà de la clandestinité.
La problématique de l’émigration inquiète l’écrivain sénégalais Serigne Mbacké Ndiaye. Avec sa plume, à travers ses investigations, il a essayé de s’interroger sur les causes profondes qui poussent les Sénégalais à émigrer, dans son roman de 351 pages intitulé ‘’L’Odyssée des migrants’’. Dans cet ouvrage édité par Edilivre en France, il fait une étude parallèle entre la transhumance animale et la migration humaine. Car, selon lui, le plus grand mouvement né depuis la Seconde Guerre mondiale est celui des humains traversant la Méditerranée.
En ce qui concerne les animaux, la plus grande transhumance se passe en Afrique. Il veut démontrer, par là, que si les conditions ne sont pas réunies, hommes et bêtes ont le même réflexe, c'est-à-dire aller voir ailleurs. Ainsi, sur la quatrième de couverture, il est mentionné que ‘’l’aventure sera longue et périlleuse pour tous. Ils seront confrontés à la maladie, l’épuisement, la faim et surtout aux prédateurs : lions, hyènes, guépards, entre autres, pour les bêtes. Policiers, rebelles, passeurs, pour les hommes. Le summum des dangers réside cependant dans le dernier obstacle : l’eau. La rivière Mara et ses crocodiles à jeun pour les uns et la Méditerranée pour les autres. Migrants et transhumants se lanceront pourtant à l’aventure avec la même détermination, malgré le danger de mort, mus paradoxalement par le même instinct, celui de vie’’. Le décor est ainsi campé, l’histoire résumée.
Dans ce roman divisé en trois parties, Serigne Mbacké Ndiaye évoque les causes profondes qui font que des Sénégalais se voient obligés d’aller vers l’Eldorado. La première, selon lui, est le pillage de ressources halieutiques du pays. La deuxième est l’absence du prototype agricole qui fixe les jeunes sur leurs terroirs. Ce qui fait que le monde rural est déserté. La troisième cause résulte du fait que depuis 1927, explique l’auteur, il n’y a pas d’école à Touba, alors que c’est le plus grand point de départ des émigrés au Sénégal. Il note que ce sont des milliers de jeunes qui n’ont aucune qualification qui quittent cette ville religieuse pour prendre la route de pays étrangers. Et, enfin, la quatrième cause reste, à son avis, la mal gouvernance de nos dirigeants.
A quelque chose malheur est bon, dit Serigne Mbacké Ndiaye qui a dû migrer en Côte d’Ivoire, après avoir perdu son travail au Sénégal. Il a profité de l’occasion pour écrire sur la question. Il a fait ainsi une immersion de 2 ans chez les migrants pour aboutir à ce travail qui lui tient à cœur. ‘’Quand je suis parti en Côte d’Ivoire pour chercher du travail, je me suis retrouvé en immersion dans l’univers des migrants. Pendant deux ans, j’ai réalisé une enquête. Donc tout ce que je relate dans le livre relève de la réalité et de mon vécu’’, soutient l’écrivain.
Toutefois, d’après M. Ndiaye, l’actualité lui a donné raison, car ce qui se passe en Libye ne le surprend pas. C’est une situation qu’il explique dans son livre, parce qu’il la sentait venir. ‘’J’ai été témoin de ce que vivaient les migrants et j’ai noirci plus de 20 cahiers, uniquement des témoignages des migrants Sénégalais ou d’autres nationalités’’, informe l’écrivain. Tout en insistant sur le témoignage de l’un des migrants qui l’a marqué. ‘’Un homme sain d’esprit plonge dans un brasier en poussant un ouf de soulagement et est persuadé que ce qu’il fuit est plus chaud que le feu’’, disait-il.
HABIBATOU WAGNE