Publié le 10 Jul 2024 - 13:04
RÉSULTATS RECENSEMENT GÉNÉRAL DE LA POPULATION ET DE L'HABITAT 2023

Les grands enseignements

 

Hier, à Dakar, s’est tenue la cérémonie de restitution des résultats provisoires du 5e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-5, 2023), après ceux de 1976, 1988, 2002 et 2013. Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, a présidé l’événement avec un discours soulignant l’importance capitale de ce recensement pour l’orientation des politiques publiques du pays.

 

En procédant au 5e Recensement général de la population et de l’habitat, le Sénégal a respecté la périodicité de 10 ans prescrite par les Nations Unies, a souligné, hier, le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération. Abdourahmane Sarr parle d’un recensement entièrement digital, de la phase de la cartographie jusqu’au dénombrement de la population.

"Le recensement a été financé à 99 % par l'État sénégalais, démontrant ainsi son engagement envers cette opération de souveraineté nationale," a ajouté le ministre qui a tenu à saluer la maturité et l’efficacité de l’appareil statistique du Sénégal, sous la houlette de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).

18 126 390 de résidents au Sénégal

Le 5e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-5) a permis de dénombrer une population résidente de 18 126 390 habitants composée de 16 866 049 résidents présents et 1 260 341 résidents absents.  Dans cette population, l’effectif des hommes représente 9 178 895 individus (50,6 %) et celui des femmes correspond à 8 947 496 personnes (49,4 %). On a donc un rapport de masculinité de 102,6 hommes pour 100 femmes au niveau national.

Ainsi, parmi les 18 126 390 individus résidents au Sénégal, 207 791 sont de nationalité étrangère (soit 1,1 %). La population étrangère est composée de 115 734 hommes (soit 57,7 %) contre 92 057 femmes (soit 44,3 %).

Il ressort des résultats du RGPH-5 que la population étrangère provient principalement des pays d’Afrique de l’Ouest. Il s’agit des Guinéens (40,3 %), des Maliens (14,9 %), des Bissau-Guinéens (4,4 %), des Gambiens (3,0 %), des Burkinabé (2,7 %) et des Mauritaniens (2,1 %), entre autres.

À côté, il y a ceux qui proviennent de pays européens (4,0 %, soit un effectif de 8 377 individus), les ressortissants américains qui représentent 1,0 %, soit un effectif de 2 036 individus, et les Asiatiques 2,3%, pour un effectif de 4 850 individus.

‘’Il convient de souligner aussi la présence de personnes n’ayant pas déclaré leur nationalité et vivant au Sénégal, qui s’évaluent à 5,1 %’’, renseigne le rapport. Celui-ci souligne que ‘’le Sénégal est un pays d’immigration de premier choix, notamment pour les citoyens des pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre, du Sud et d’Afrique australe. En effet, les étrangers qui vivent au Sénégal représentent (1,1 %)’’.

Également, selon le rapport de l’ANSD, l'espérance de vie au Sénégal a connu une progression notable, entre 2013 et 2023. "L'espérance de vie a augmenté de 64,7 ans en 2013 à 68,9 ans en 2023". Il indique également une différence marquée entre les sexes : "Les femmes ont une espérance de vie de 70,0 ans, tandis que celle des hommes est de 67,7 ans".

Dans le même temps, l’étude souligne qu’au niveau de la mortalité générale, on a un taux brut de 5,6 ‰ à l’échelle nationale. ‘’Ce taux est plus élevé en milieu rural (6,0 ‰) qu’en milieu urbain (5,2 ‰). La mortalité infantile est évaluée à 30,5 ‰ avec une légère surmortalité masculine (31,8 ‰ contre 29,1 ‰). De façon globale, au Sénégal, sur 1 000 enfants nés vivants, 48 n’atteignent pas leur premier anniversaire et 66 décèdent avant leur cinquième anniversaire’’, renseigne le rapport.

S’agissant de la mortalité maternelle, elle est évaluée à 26 décès maternels pour 100 000 femmes de 15-49 ans. Selon le document, le taux est plus élevé en milieu rural (33) qu’en milieu urbain (21).

Le RGPH indique aussi une diminution significative de la fécondité : "La fécondité a diminué, passant de 5,3 enfants par femme en 2002 à 4,2 enfants par femme en 2023." Bien que les facteurs à l’origine de cette baisse n’aient pas été révélés.

Ainsi, les régions ayant un niveau d’urbanisation élevé comme Dakar (2,8 enfants par femme), Ziguinchor (4,0 enfants par femme), Thiès (4,1 enfants par femme) et Saint-Louis (4,2 enfants par femme) se distinguent par des niveaux faibles de fécondité.

En revanche, renseigne le rapport, la fécondité reste relativement élevée (avec un nombre moyen d’enfants par femme au-dessus de la moyenne nationale) dans les autres régions, notamment à Sédhiou (6 enfants par femme), à Kaffrine (5,8 enfants par femme) et à Matam (5,3 enfants par femme).

Une population jeune

Toujours selon le rapport, l’analyse de la structure par âge met en exergue la jeunesse de la population du Sénégal. "Le Sénégal demeure un pays à population jeune, avec la moitié des résidents ayant moins de 19 ans. En détail, les moins de 15 ans représentent 39,1 % de la population, la tranche d’âge 15-64 ans 57,1 % et les 65 ans et plus font seulement 3,8 %’’.

Le document renseigne que le ratio de dépendance démographique se situe à 75,2 %. Il est plus élevé en milieu rural (92,7 %) qu’en zone urbaine (63,0 %). ‘’L’âge moyen s’établit à 23,6 ans pour l’ensemble de la population. Il est de 23,1 ans chez les hommes et 24,1 ans pour les femmes. Par contre, l’âge médian de la population est de 19,0 ans au niveau national, 21,0 ans en milieu urbain et 16,6 ans en milieu rural’’.

En outre, les courbes du rapport de masculinité font ressortir, indépendamment du milieu de résidence, un effectif d’hommes plus élevé entre les tranches d’âge 0-19 ans, 40-44 ans et 65-69 ans. En revanche, à partir de 20-24 ans, il est observé, quel que soit le milieu de résidence, moins d’hommes que de femmes, sauf pour les tranches d’âge susmentionnées.

Ainsi, ‘’le taux d’accroissement annuel moyen intercensitaire est de 2, 9%, entre 2013 et 2023. Il est resté constant par rapport à la période 2002-2013’’.

Répartition spatiale de la population

Il est noté que "la distribution géographique montre une forte concentration de la population sur l'axe Dakar, Thiès, et Diourbel, qui abrite 47 % des habitants du pays".

En effet, la population est répartie de façon inégale sur l’ensemble du territoire national. Les régions les plus peuplées sont Dakar (22,1 %) Thiès (13,6 %) et Diourbel (11,5 %). Par contre, les régions les moins habitées sont Kédougou (1,4 %), Sédhiou (3,3 %) et Ziguinchor (3,3 %).

De ce fait, les densités de population varient fortement d’une région à une autre. La région de Dakar se particularise avec une densité de 7 478 habitants au km², avec une population évaluée à 4 004 426 habitants, soit près du quart de la population totale (22,1 %) sur une superficie représentant 0,3 % seulement de celle du pays.

En revanche, la région de Tambacounda, la plus vaste du pays (21,7 % de la superficie du pays), ne compte que 5,4 % de la population, soit une densité de 23 habitants au km².

Par ailleurs, les régions de Diourbel (428 habitants/km2), Thiès (374 habitants/km2), Kaolack (252 habitants/km2) et Fatick (129 habitants/km2) ont chacune une densité de plus de 100 habitants au km2. Les autres régions les moins peuplées ont des densités comprises entre 15 et 84 habitants au km2, inférieures à la moyenne nationale de 92 habitants au km2.

En outre, la population résidente en milieu urbain (9 922 399, soit 54,7 %) est plus nombreuse que celle du milieu rural (8 203 991, soit 45,3 %). Le taux d’urbanisation a connu une croissance régulière, passant de 34,0 % en 1976, 39,0 % en 1988, 40,2 % en 2002, 45,2 % en 2013 et 54,7 % en 2023. ‘’Cette situation du niveau national est observée dans les régions de Dakar (100 %), Diourbel (66,9 %), Thiès (57,5 %) et Ziguinchor (54,9 %), qui affichent les taux d’urbanisation situés au-dessus de la moyenne nationale. À l’opposé, la région de Kaffrine enregistre le taux d’urbanisation le plus faible (15,3 %)’’, rapporte le document.

Selon l’ANSD, avec ce taux d’urbanisation de 54,7 % au niveau national, le Sénégal fait partie des pays les plus urbanisés de la sous-région ouest-africaine.  

Caractéristiques socioculturelles de la population

Abordant la question des caractéristiques socioculturelles de la population, les techniciens se sont intéressés aux traits dominants, notamment l’utilisation des langues nationales par 97,6 % de la population âgée de 3 ans et plus. Le rapport indique qu’au niveau national, 53,5 % utilisent le wolof comme première langue, 26,2 % le pulaar, 9,6 % le sereer et 2,9 % le joola. Il souligne qu’elles constituent les principaux vecteurs de communication.

Par contre, le français, qui constitue la langue officielle du pays, n’est utilisé que par 0,6 % de la population comme principale langue de communication.

Autres enseignements

Par ailleurs, selon les constats, les déclarations d'état civil sont insuffisantes. En effet, un problème persistant relevé par le RGPH 2023 est le faible taux de déclaration des faits d’état civil : "Un enfant sur dix âgé de 0 à 5 ans ne possède pas d’acte d’état civil. De plus, seulement 45,8 % des décès et 47,9 % des mariages sont déclarés, soulignant des lacunes dans le système d’enregistrement civil."

S’agissant de la question de la scolarisation et de la formation professionnelle, le Sénégal, selon le rapport, affiche des taux de scolarisation relativement faibles, particulièrement au niveau de la formation professionnelle. "Le taux brut de scolarisation (TBS) pour le préscolaire est de 18,2 % en 2023, 81,0 % pour le primaire, 50,6 % pour le moyen et seulement 30,3 % pour le secondaire".

Ainsi, ces chiffres indiquent des défis significatifs en matière d'éducation, avec une proportion réduite de la population ayant accès à une formation professionnelle.

L’analyse des activités économiques, elle, révèle que le secteur tertiaire est dominant au Sénégal. Il emploie, dit-on, 50,0 % des actifs, suivi du secteur primaire (33,8 %) et du secteur secondaire (16,2 %). ‘’La majorité des actifs (64,0 %) sont des travailleurs indépendants, tandis que les salariés représentent 16,1 %, répartis entre 12,1 % de permanents et 4,0 % de temporaires. En ce qui concerne le secteur institutionnel, près de la moitié des actifs (49,6 %) travaillent dans le secteur informel, contre 33,0 % pour le secteur public et 17,1 % dans le secteur privé’’, renseigne le rapport.

Analysant les résultats du RGPH-5, le ministre a indiqué qu’ils permettront une meilleure connaissance de la structure de la population sénégalaise, de sa dynamique et de ses conditions de vie.

"Ces informations sont cruciales dans le contexte de l’élaboration d’un nouveau cadre de référence de la politique économique et sociale du Sénégal adossée au Projet de transformation systémique".

Abdourahmane Sarr a aussi insisté sur l’importance du fait urbain dans cette transformation, mentionnant que l’urbanisation, souvent perçue comme un handicap, est en réalité une source d’opportunités pour les entreprises, d’économies d’échelle et de diffusion de l’innovation.

De plus, le caractère jeune de la population, réaffirmé par les résultats du recensement, interpelle, selon lui, sur la nécessité de capturer le dividende démographique en orientant les politiques vers le renforcement du capital humain.

Ainsi, dans un élan de remerciements et de perspectives, le ministre a exprimé la reconnaissance du gouvernement sénégalais aux partenaires techniques et financiers tels que la Banque mondiale, l’Unicef, l’UNFPA, l’USAID et ONU Femmes pour leur soutien.  

THECIA P. NYOMBA EKOMIE (STAGIAIRE)

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