Le Sénégal entre impunité et mauvaise gestion de son économie
À travers des enquêtes de perception des citoyens sur la gouvernance sociale, politique et économique, menées sur un échantillon de 1200 individus, le réseau de l'Afro-baromètre décèle dans son rapport 2013 que l'impunité gangrène lourdement la gouvernance des affaires publiques là où l'économie est mal gérée et où les stratégies de créations d'emplois sont jugées inefficaces.
''Au Sénégal, l'impunité a été un facteur de mal gouvernance''. Selon le rapport du Réseau Afro-baromètre présenté hier à Dakar, ''un peu plus de 6 sénégalais sur 10 pensent que les officiels qui commettent des délits restent impunis''. ''Ces résultats mettent à nu les problèmes de gestion de l'ancien régime sous lequel l'impunité semblait être érigée en mode de gestion même si quelquefois 6,2% de hauts responsables avaient été envoyés en prison pour des actes de mauvaise gestion'', a déclaré le Coordonnateur dudit réseau, Babaly Sall, à l'issue d'un atelier de dissémination des résultats de l'enquête sur la qualité de la démocratie et de la gouvernance au Sénégal. Lesquels résultats révèlent que ''les dérapages dans la gestion des ressources publiques ainsi que les dépassements budgétaires avaient été très fortement agités tant par les citoyens sénégalais que les partenaires techniques et financiers''. Ainsi, ''en raison de ces dérapages, plus du tiers des sénégalais interrogés mettent d'abord en avant l'impunité, viennent ensuite la confusion entre les biens publics et les biens personnels (18%) et l'absence ou la non observation des règles de gestion (17%)''. Ces trois raisons constituent à elles seules environ 70% des raisons évoquées par les sénégalais quant à la mal gouvernance des deniers publics, selon le rapport.
''L'économie mal gérée''
Toutefois, le rapport indique que ''les audits menés par les nouvelles autorités relèvent, selon le citoyen, d'une volonté de mettre fin à cette impunité, de rendre compte de l'utilisation des deniers publics par les anciens gestionnaires mais non une volonté de museler les opposants au régime actuel, comme le font croire certains.
Néanmoins, il souligne que ''plus de la moitié des sénégalais estiment que l'économie est mal gérée par les autorités actuelles et que les stratégies de création d'emplois développées durant la première année de gestion de Macky Sall sont négativement appréciées par 78% des populations enquêtées, soit environ 8 sénégalais sur 10''. Mais selon le ministre de la Bonne gouvernance, Abdou Latif Coulibaly, qui a présidé la rencontre, ''les sénégalais ne sont pas encore bien informés des efforts du gouvernement dans ces deux domaines''. En outre, tout en soutenant que les résultats de ces recherches sont d’une importance capitale pour son département et par conséquent pour le gouvernement, M. Coulibaly juge normal que ''70% des sénégalais ne connaissent pas la manière dont les ressources publiques sont gérées au Sénégal''. ''Les techniques budgétaires sont très compliquées. Pour nous, ministère de la bonne gouvernance, c’est un challenge. C’est la raison pour laquelle le président a dit promotion de la bonne gouvernance et, dans cette activité de promotion, il y également l’éducation aux politiques budgétaires, aux techniques budgétaires'', a-t-il déclaré.
ASSANE MBAYE
ABDOU LATIF COULIBALY, MINISTRE CHARGÉ DE LA BONNE GOUVERNANCE ''On ne peut pas régler la corruption en un an'' Le ministre de la Bonne gouvernance a par ailleurs profité de cet atelier pour apporter une réponse à la sortie du Forum civil sur la question de la corruption au Sénégal. Selon le rapport qu'il a présenté avant-hier et dans lequel il épingle la Police, la justice et les partis politiques, ''la corruption a augmenté entre 2011 et 2012''. Mais pour Abdou Latif Coulibaly, ''il serait prétentieux de croire qu’on peut régler un problème qui est sédimenté dans notre société en un an''. Le plus important, pour lui, ''c’est que des efforts importants ont été réalisés pour faire face à la corruption''. Tout en brandissant la mise en place de l’Ofnac et de la Crei, il a révélé au passage qu'''un projet de lois de déclaration de patrimoine a été adopté en conseil des ministres et il sera présenté à l’Assemblée nationale''. ''Ils ont demandé que ce projet soit adapté, ils ont ajouté qu’il faut plus de mécanisme de transparence. j’ajoute moi qu’il y a une responsabilité fondamentale de l’État à assurer la bonne gouvernance, en ayant comme ligne de mire l’éducation, la formation et la sensibilisation des citoyens qui, sans cela, ne pourront pas exercer le contrôle citoyen optimal à la fois sur le gouvernement mais également sur ceux qui prétendent les aider au développement'', a argumenté le ministre de la Bonne gouvernance. |