Publié le 3 Mar 2025 - 15:02
RENCONTRE TRIPARTITE SYNDICATS-GOUVERNEMENT PATRONAT

Les chantiers ardus du pacte de stabilité sociale

 

Jeudi dernier, au Grand Théâtre national, le Premier Ministre Ousmane Sonko a présidé la Grande Rencontre Tripartite Syndicats-Gouvernement Patronat. Le point de départ des concertations avec les partenaires sociaux, devant à aboutir, le 1er mai 2025, à la signature du Nouveau Pacte de Stabilité Sociale et Économique.  

 

Front social : toutes les doléances mises sur la table

La rencontre entre le gouvernement, le patronat et les syndicats a été une occasion pour ces derniers de mettre leurs doléances sur la table. Le représentant du secteur de l'éducation, Moustapha Ségnane, a dit la disposition du secteur de l'Éducation à accompagner l’État à redresser la situation économique du pays. Toutefois, il a revendiqué le respect de la dignité de l’enseignant, ainsi que l’harmonisation du traitement salarial.

Les enseignants souhaitent la création d'un Comité de suivi des accords et une solution pour les « Franco-arabes » victimes d’un manque d’infrastructure. “L’effectivité du décret concernant les décisionnaires, le comblement du manque de personnel malgré le recrutement de 4 000 instituteurs, de meilleures conditions dans les Inspections qui manquent de moyens logistiques, ainsi que des habitats sociaux et des Daara modernes” figurent également parmi les doléances du secteur de l'éducation nationale.

Dans la foulée, la représentante du Syndicat autonome des Enseignants du supérieur (SAES), Ndiémé Sow, a fait un vibrant plaidoyer pour les veufs et les veuves des enseignants-chercheurs. « Est-ce qu’on est en train de nous demander de souscrire à un Pacte social sur la tombe de nos camarades ? », a-t-elle lancé à l’assemblée. En effet, la représentante du SAES n’a axé son intervention que sur un seul point, à savoir la situation des veufs et des veuves des enseignants-chercheurs. « Les veufs et les veuves des enseignants-chercheurs sont réduits à une situation d’extrême pauvreté », a-t-elle dénoncé.

Avant de laisser entendre que son syndicat a choisi de ne pas aborder les autres revendications qui ont été scellées dans un accord signé le 6 janvier 2023. Cet accord concerne plusieurs points, allant des « insuffisances budgétaires » à la question des « chantiers », en passant par les « problèmes de foncier » et les « logements des enseignants ». Malgré l’importance de tous ces aspects, le SAES, par la voix de Mme Ndiémé SOW, a préféré mettre en avant, comme principale doléance, les souffrances des veufs et des veuves des enseignants-chercheurs.

Mais qu'aurait été cette importante rencontre sans le syndicat des blouses blanches ? La tension dans le secteur sanitaire n'est plus un secret. C’est ainsi que Mamadou Demba Ndour, SG de SAMES, a affirmé que « réparer la grande injustice subie par les médecins dans la grille indemnitaire qui leur est appliquée » est un impératif. M. Ndour a par ailleurs remis sur la table d'autres doléances, comme le “recrutement dans la fonction publique des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes en chômage, communautaires, contractuels des hôpitaux et des collectivités territoriales”.

Pour le SAMES, il s'agit aussi de penser à la “revalorisation de la pension de retraite des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes, ainsi qu'à la correction définitive des inégalités et injustices relatives aux régimes indemnitaires subis par le corps médical”. Le syndicat de la santé a également abordé la question du “règlement définitif de la lancinante question du statut des médecins en spécialisation et des internes des hôpitaux”.

Sur le plan logistique, M. Ndour prône la “construction d’hôpitaux de niveau II dans tous les départements pour rapprocher les soins des populations, ainsi qu'une gestion démocratique des ressources humaines. Il appelle également à l’effectivité du reclassement des techniciens supérieurs de santé à leurs nouveaux corps d’accueil et au prolongement de l’âge de la retraite à 65 ans pour les agents de santé”.

Le patronat salue l'initiative

Le patronat, par la voix de son représentant Baïdy Agne, s’est réjoui de l’espace du dialogue social tripartite. Il a souligné que le devoir et la responsabilité des employeurs est de « toujours envisager l’avenir de notre société avec confiance et sérénité » pour un Sénégal souverain, juste et prospère, en vue d’atteindre les objectifs de l’Agenda national de transformation Sénégal 2050. « Nous avons ensemble cette ambition tripartite d’améliorer le mieux-vivre et le mieux-être de chaque citoyen sénégalais par le travail, la productivité et le mérite », a-t-il ajouté.

Répondant aux centrales syndicales, il a déclaré : « L’entreprise vous a entendus, nous nous sommes toujours parlé et compris. » Poursuivant son propos, il a relevé que l’entreprise a été fortement éprouvée, ayant subi « ces dernières années, une série de chocs exogènes successifs et sans précédent ». Et pourtant, « elle s’est montrée résiliente » en supportant des surcoûts financiers et en répondant favorablement aux cahiers de doléances des travailleurs, notamment à travers la hausse du Smig, du Smag et des salaires catégoriels.

« Cette résilience, d’année en année, a-t-il dit, s’est traduite par une dette intérieure qui s’amplifie, des créances auprès des banques et des fournisseurs qui augmentent, ainsi que des obligations fiscales et sociales de plus en plus difficiles à honorer, faute de trésorerie. Conséquence : « La situation est difficile, avec des impôts, la douane, le contrôle économique et l’inspection du travail sur le dos. » Tout cela fait que le patronat, qui « n’a ni les capacités de l’Etat ni les leviers gouvernementaux lui permettant d’agir », sollicite des concertations plus régulières.

Si le secteur privé est un acteur clé de l’agenda national de transformation Sénégal 2050, on ne saurait se limiter uniquement à un dialogue social tripartite, a souligné Baïdy Agne, conscient qu’un dialogue public-privé constructif « est un impératif ».

En outre, tout en saluant la directive présidentielle sur la finalisation du projet de loi sur la souveraineté économique, le représentant du patronat a formulé les demandes du patronat, qui consistent, entre autres, en “l’élargissement du Contenu local à des secteurs porteurs de croissance stratégique et de souveraineté nationale, ainsi qu’une loi de portée générale sur le Contenu local et la représentation du patronat au COS Petrogaz, ainsi que le paiement de la dette intérieure”.

Cheikh Diba, carte sur table

Le Ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a, lui, rappelé le contexte économique et financier du Sénégal, en se basant sur le Rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) concernant l’audit des finances publiques en septembre 2024. Des révélations de l’IGF sur des manquements dans l’exécution du Budget qui ont été confirmées par le Rapport de la Cour des Comptes sur la gestion 2019-2024, publié le 12 février 2025.

En effet, la certification faite par la Cour des Comptes a constaté une absence de lisibilité sur nos dépenses publiques, des manquements dans la comptabilisation des ressources internes liées à la gestion de la trésorerie nationale, ainsi qu'une importante dette contractée hors circuit bancaire. « Nous faisons face à un contexte particulier où les défis assaillent l’environnement sous-régional, régional et international », a souligné le ministre. Qui s’est ému que cela plonge le Sénégal dans un environnement d’incertitudes, avec une marge budgétaire limitée qui les « oblige à être prudents sur les mesures à incidences financières à prendre’’.

Ainsi, il avancé la date de 2027, ‘’période à laquelle le Sénégal devrait se stabiliser après l’application des mesures correctives et des réformes à venir. »

Le Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, M. Abass FALL, s'est lui inscrit également dans la même logique que son collègue au département du budget. Il a rappelé l’objectif de la rencontre, qui, selon lui, vise à aboutir à un nouveau Pacte de stabilité sociale, grâce à un dialogue constructif basé sur la vérité. « Sans stabilité sociale, il ne peut pas y avoir de production. Et s’il ne peut pas y avoir de production, il ne peut pas y avoir de développement », a-t-il précisé.

MAMADOU DIOP

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