Publié le 5 Jul 2023 - 22:59
RENONCEMENT À UN TROISIÈME MANDAT DU PRESIDENT MACKY SALL

L’onde de choc 

 

Au Sénégal et à travers le monde, la décision du président de la République de ne pas se présenter en 2024 ne laisse personne indifférent.  

 

Désarroi, peur, incertitudes. Les émotions sont allées crescendo, lundi soir, au siège du parti présidentiel. C’est à croire que, même à ses plus proches collaborateurs, le président Macky Sall a caché sa décision de ne pas se présenter à la Présidentielle 2024 jusqu’au dernier moment. Les images partagées sur les réseaux sociaux montrent des militants perdus, n’ayant plus que leurs yeux pour pleurer le départ futur du leader de l’Alliance pour la République (APR) du fauteuil présidentiel.

Car, lors de son adresse à la Nation, Macky Sall n’a plus laissé place au doute qu’il a entretenu depuis plus de deux ans : ‘’Ma décision, longuement et mûrement réfléchie, est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024, et cela même si la Constitution m'en donne le droit.’’

Si les militants (des maires et présidents de conseil départemental se sont rendus, samedi, au palais pour demander au président sortant de candidater à nouveau) ont eu du mal à accepter la surprise du chef, la coalition politique du président de la République apporte son soutien au leader de l’APR.

Dans un communiqué, Benno Bokk Yaakaar ‘’salue cette décision historique qui vient renforcer la stature exceptionnelle d'un homme d'État hors pair, qui aura réussi à installer solidement le Sénégal sur les rampes de l'émergence économique et de la consolidation de son système démocratique. Cette décision de haute portée confirme éloquemment la bonne santé du modèle démocratique sénégalais que certains avaient cru pouvoir enterrer’’.

Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU : "Un exemple très important pour son pays et pour le reste du monde."

Au plan démocratique, le Sénégal vient de refaire des pas en avant, après les événements malheureux de ces dernières années (émeutes de mars 2021 et de juin 2023). Cela a été reconnu par la société civile sénégalaise dont plusieurs membres, à l’image d’Alioune Tine, ont félicité la décision du président de la République.

Selon le fondateur d’AfrikaJom Center, ‘’Macky Sall a gagné l’estime des leaders africains et des leaders du monde. À partir de maintenant, son destin et celui du progrès de la démocratie et de la paix au Sénégal sont unis. S’ouvre une période de transition civile qui doit être celle du dialogue et du consensus fort’’.

Le monde avait les yeux rivés sur le président sénégalais ;  sa décision en a soulagé plus d’un. À l’échelle du continent, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki, salue "une décision sage et salutaire". "J'exprime mon admiration au grand homme d'État qu'il est d'avoir privilégié l'intérêt supérieur du Sénégal et de préserver ainsi le modèle démocratique sénégalais qui fait la fierté de l'Afrique".

Idem pour le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a estimé que cette décision "constitue un exemple très important pour son pays et pour le reste du monde".

Alliée assumée de Macky Sall, la France a également joué sa partition dans ce concert de félicitations. Dans un communiqué hier, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, François Delmas, estime que ‘’le Sénégal démontre à nouveau la solidité de sa longue tradition démocratique’’.

La France salue la démocratie  sénégalaise

Depuis son fameux ‘’ni oui ni non’’ en janvier 2020, en réponse à une interpellation sur ses intentions de se présenter pour un troisième mandat en 2024, le président Macky Sall a laissé audible tous les discours se prononçant en faveur de sa candidature, tout en réprimant ceux qui lui interdisent de se représenter. Plein d’autres actes ont été posés par son régime, laissant croire à son intention de se présenter en 2024.

Beaucoup de militants ‘’apéristes’’ ont organisé des meetings d’investiture de Macky Sall durant l’année. Le président a consulté un constitutionnaliste français qui l’a assuré de son admissibilité, s’il venait à candidater en 2024. Dans une interview dans la presse française, en mars dernier, il a assuré que sur la question de son troisième mandat, au plan juridique, ‘’le débat est tranché depuis longtemps’’, tout en admettant que le débat politique était entier. Lors d'une visite récente à Paris, Macky Sall a enfin promis à des militants de son parti que ‘’nous nous maintiendrons au pouvoir en 2024’’.

Guy Marius Sagna, député Pastef : ‘’Bravo au peuple pour cette bataille gagnée.’’

Après tout ce qui précède, la décision du président de la République de ne pas se présenter a de quoi surprendre. Et tout le monde n’est pas convaincu des bonnes intentions du chef de l’État. Comme une frange virulente de l’opposition. Après le discours présidentiel, Guy Marius Sagna a évoqué ses ‘’pensées (qui) vont aux victimes tuées, disparues, torturées, blessées et emprisonnées, et à toutes celles et tous ceux qui ont imposé à Macky Sall un rapport de force l'obligeant à respecter l'article 27 de la Constitution du Sénégal. Bravo au peuple pour cette bataille gagnée’’. Le député de Pastef a même invité les Sénégalais à rester vigilants, ‘’car Macky Sall nous a habitués à ne pas respecter ce qu'il dit et à ne pas dire ce qu'il fait’’.

La situation autour du leader de Pastef est désormais la principale source potentielle de tensions dans le pays. Sous le coup d’une double condamnation pour ‘’diffamation’’ et ‘’corruption de la jeunesse’’ dans deux procès qu’il a toujours dénoncés comme des complots politiques visant à l’écarter de la course au pouvoir, Ousmane Sonko est en l’état actuel des choses inéligible en 2024.

D’ailleurs, le verdict contre le chef de Pastef a été à l’origine, en début juin, des graves troubles qui ont fait 16 morts, selon les autorités, 24 selon Amnesty International et 30 selon l'opposition.

Tariq Ramadan : ‘’Rien n'est joué ni gagné.’’

C’est ainsi que le scepticisme du député de Pastef est partagé à l‘international par l’islamologue suisse Tariq Ramadan. Suiveur de l’actualité politique sénégalaise, il estime que ‘’rien n'est joué ni gagné’’, après cette déclaration du président Macky Sall. ‘’Les dernières manœuvres politiciennes montrent que l'avenir du Sénégal se joue derrière la scène et pas uniquement au Sénégal. La vigilance s'impose, car ce qui vient pourrait être pire que ce qui a été évité. Il appartient au peuple sénégalais de ne pas verser dans la naïveté en se souvenant de l'histoire : combien de fois a-t-on trompé les peuples en leur faisant croire à un avenir radieux, puisqu'on les avait débarrassés d'un mal... pour leur préparer de sombres lendemains ? Les semaines et les mois prochains seront décisifs’’, assure Tariq Ramadan.

Loin de la confrontation avec le pouvoir, d’autres figures de l’opposition, dont la candidature n’est pas menacée, saluent le retrait du président sortant. C’est le cas de l’ancien président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Dans un post sur les réseaux sociaux, Idrissa Seck se ‘’félicite, comme l’ensemble du peuple sénégalais, de cette grande décision, la seule qu’on pouvait espérer et qui soit à la mesure de l’homme d’État, bâtisseur et ambitieux pour notre pays. Ma satisfaction est d’autant plus grande que le président Macky Sall a honoré son engagement et apaisé l’espace politique pour offrir le cadre d’une saine compétition électorale’’.

Idrissa Seck salue un ‘’homme d’État, bâtisseur et ambitieux pour notre pays’’.

S’il se projette déjà sur la Présidentielle, celui  qui a récemment quitté la mouvance présidentielle, du fait du manque de clarté de la position du président de la République, estime qu’il va falloir maintenant ‘’réconcilier les Sénégalais, panser les blessures, et parmi les idées et programmes proposés, choisir, sereinement, le meilleur avenir pour notre jeunesse, soucieuse de perspectives meilleures’’.

Lamine Diouf

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