Publié le 25 Sep 2024 - 15:47
RENTRÉE SCOLAIRE ET CHERTÉ DES FOURNITURES

Le désarroi des parents d’élèves

 

L’école sénégalaise va ouvrir ses portes dans quelques jours. Cependant, la cherté des prix des fournitures scolaires hante le sommeil des parents d’élèves.

 

À quelques jours de l’ouverture des classes, les parents d’élèves sont préoccupés par l’achat des fournitures scolaires. Ils remuent ciel et terre pour pouvoir acheter du matériel scolaire à leurs enfants. "École tidjina, thiono dikatina” (NDLR : l’école a rouvert ses portes, bonjour les dépenses et le stress, en langue wolof). C’est la ritournelle qu’on entend au quotidien.

Trouvée dans une librairie à Boune, Nabou Ndoye se désole de la cherté des fournitures scolaires. Elle est accompagnée de sa  fille de 11 ans, qui fait la classe de CM2 cette année dans une école privée de la place. D’ailleurs, l’objet de sa visite à la librairie est d’acheter ses fournitures. Après quelques échanges, elle remet la liste des fournitures à la libraire, qui, à son tour, fait sortir les différents articles mentionnés sur la note. Cependant, à sa grande surprise, après calcul, la libraire lui fait savoir que le total des fournitures est à 38 000 F CFA. ‘’Combien dites-vous ?’’, dit-elle bouche bée.   "J’ai 35 000 F CFA en venant, tout en espérant que je vais rentrer avec de la monnaie. Dans quel pays sommes-nous ? Vraiment le Sénégal va mal”, se désole cette mère de famille, vendeuse de légumes. Elle dit avoir épargné pendant les trois mois de vacances pour pouvoir rassembler cette somme.  

Embouchant la même trompette, Abdou Karim Sall trouve également les fournitures très chères cette année. Dans un grand boubou bleu ciel, ce père de famille dit avoir dépensé avant-hier 50 000 F CFA pour pouvoir acheter des fournitures à ses deux vacancières qui viennent de la Gambie et de Kédougou. "Les fournitures sont intouchables. Tout est cher. Je n’ai même pas encore acheté les fournitures de mes propres enfants, car je veux d’abord finir avec celles qui rentrent avant de penser aux miens”, dit ce résidant de Yeumbeul, avant d’ajouter que l’ouverture des classes n’est pas facile pour les personnes qui n’ont pas assez de moyens.

Pour sa part, Alioune Mbaye n’a pas encore acheté le matériel scolaire pour ses enfants,  mais il est allé se renseigner chez le libraire du quartier.  À le croire, pour ses trois fils qui sont à l’école primaire, le prix de leur matériel scolaire s’élève à 75 000 F CFA. Un devis lui a été soumis en attendant qu’il trouve de l’argent. Il estime que cela est énorme, car il n’a pas encore payé les droits d’inscription.

Trouvée devant sa maison à Tally Mame Diarra, Fatou Niasse, une mère de famille de 46 ans, soutient qu’au Sénégal, les prix des fournitures scolaires grimpent chaque année.  Cependant, regrette-t-elle, pour les écoles privées, la liste des  fournitures est kilométrique et parfois, elles demandent  aux élèves d’acheter du matériel qu’ils n’utilisent pas. "Les fournitures sont chères, mais les écoles privées aussi n’ont ni compassion ni pitié pour les parents d’élèves. “Ma fille, par exemple, chaque année, son école lui donne une longue liste de fournitures scolaires. Ils y mettent des choses qu’elle n’utilise pas jusqu’à la fin de l’année scolaire”, déplore cette mère de famille vêtue d’une robe multicolore.

Et pour sa fille qui fait la terminale, "si je ne m’abuse pas, ses fournitures peuvent coûter jusqu’à 60 000 F CFA, voire plus. Mais j’ai décidé d’acheter l’essentiel. Car chaque année, ils me font acheter des choses qu’elle n’utilise pas et c’est du gaspillage", raconte-t-elle.

Dans la même veine, elle invite les parents qui ont des enfants dans les écoles privées, à faire de même.

Pourquoi les fournitures sont-elles chères ?

Le libraire Mallé Ndiaye reconnaît  que pour l’instant, les fournitures sont très chères. "Aujourd’hui, nous achetons le carton de cahiers à 32 000 F CFA. L’année dernière, rappelle-t-il, il se vendait à 27 000 F CFA". D’après ses explications, ce sont les livres qui rendent les fournitures scolaires couteuses. En effet, pour le primaire, dit-il, les livres Didaktikos sont à 3 500 F CFA l’unité. Et l'élève doit en avoir quatre, informe-t-il. Selon lui, les clients se plaignent de la cherté des fournitures, mais, dit-il, cela n’est pas de leur faute, car ils ne peuvent pas acheter cher et revendre moins cher. Évoluant dans ce métier depuis six ans, Mallé Ndiaye indique que les parents d’élèves ont commencé à acheter des fournitures scolaires depuis le 15 septembre. Mais, dit-il, l’affluence est plus importante cette semaine.

Trouvé devant sa librairie-papeterie à Mbed Fass en train de décharger une camionnette remplie de cartons contenant tout genre de matériel scolaire, Babacar Diop soutient que le prix de  beaucoup de ces marchandises a augmenté. Par exemple, dit-il, le carton de cahiers de la marque Teranga qu’il vendait  l’année dernière à 32 000 F CFA est à 38 000 F CFA.

FATIMA ZAHRA DIALLO

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