Les travailleurs entrent en rébellion
Après que le ministère de l'Économie et des Finances a refusé d'avaliser son budget modifié 2012 et son projet de budget 2013, l'Agence des aéroports du Sénégal (ADS) doit composer avec la fronde de ses travailleurs. En assemblée générale ce matin, ils revendiquent, dénoncent, entre autres, des retards de salaires.
C'est le branle-bas à l'Agence des aéroports du Sénégal (ADS). Hier, une réunion interne a eu lieu entre travailleurs et syndicalistes, en prélude à une assemblée générale prévue ce matin. Dans son édition du mercredi 24 avril 2013, EnQuête a révélé une note des services du ministre Amadou Kane, en date 2 avril dernier, signifiant une fin de non recevoir au directeur général de l'ADS, Papa Maël Diop, après que l'agence a soumis son projet de modifications budgétaires de la gestion 2012 et le projet de budget 2013.
Le département de l’Économie et des Finances a considéré que le projet de budget 2013 soumis à son approbation par la direction générale de l'ADS manque d'informations liées, entre autres, à la note de présentation du budget, à la situation du personnel de l'Agence, à la grille salariale des agents, au contrat de performance qui lui permettent ''d'apprécier le plan stratégique articulé à l'atteinte des objectifs mesurés par les indicateurs de performance''.
Ces impairs dans l'élaboration du projet de budget 2013 de l'ADS, du fait d'une ''méconnaissance des règles qui régissent le secteur de l'aéronautique'', ont refait surface hier, au cours de cette réunion qui a été ''houleuse'', informent nos sources qui y ont assisté. Ainsi, une bonne frange des travailleurs est de plus en plus convaincue que ''la direction n'est pas à la hauteur de la tâche''. À cela s'ajoute l'impasse dans laquelle se trouve l'agence depuis que son agent comptable particulier (ACP), Boubacar Konaté, est en détention préventive. Il a été inculpé en même temps que Karim Wade, dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Conséquence, renseigne-t-on, les salaires tardent à être payés. Les travailleurs craignent que la situation ne perdure, puisqu'à l'ADS, les salaires tombent à partir du 20 de chaque mois. D'aucuns soufflent qu'il n'y a ''rien dans les caisses''.
Au cours de cette même réunion, la question ''des nominations externes'' aurait été évoquée et dénoncée. Car l'agence ne respecte pas le ratio masse salarial/budget qui ne doit pas dépasser 38%, selon les normes en vigueur. À l'ADS, écrivions-nous mercredi, il ''a été porté à 58%'', dans la mesure où, dit-on, le directeur général Pape Mael Diop aurait procédé ''au recrutement de 184 agents'', au mépris de cette règle. Ainsi, le conseil d'orientation des ADS, prévu le 30 avril, pour remédier à tout ce ''désordre'', est plus que jamais d'actualité.
Gaston COLY