Quelles réponses prioritaires pour un succès ?
RIO 1992 – RIO 2012, si on jette un coup d’œil dans le rétroviseur, on se rend compte très vite que très peu de choses ont été réalisées par rapport aux nobles objectifs fixés à Rio il y a vingt ans…
En effet, un inquiétant modèle a émergé de toutes ces grandes réunions internationales : beaucoup de promesses et peu ou pas de réalisations effectives, au détriment de ceux qui n'ont pas les ressources et la technologie nécessaires pour faire face à un environnement mondial en mutation et à une pauvreté croissante.
La conférence des Nations-Unies sur le développement durable (UNCSD) en Juin 2012 présente aux décideurs mondiaux un choix clair : continuer à tordre à son maximum le concept de développement tel que nous le connaissons actuellement, ou décider d’élever leurs ambitions vers une vision nouvelle, internationalement acceptée qui intègre l’égalité sociale, la durabilité économique et environnementale dans notre modèle de développement. Nous exhortons les leaders mondiaux à saisir cette chance. Voici un certain de nombre de questions critiques qui méritent des décisions hardies à Rio :
Valoriser la richesse naturelle : la gestion durable de la richesse naturelle nécessite que la valeur des services écosystémiques soit correctement prise en compte dans les comptes nationaux qui vont au-delà du PIB, ainsi que dans les bilans et reporting des sociétés privées qui tirent profit des ressources naturelles. Un nouveau système d’indicateurs, dont l’un d’entre eux sera dédié à l’environnement, doit être convenu.
Subventions néfastes : en ces temps de crise économique, l’élimination de toute subvention affectant négativement l’environnement est essentielle, particulièrement celles soutenant l’utilisation de combustions fossiles, et l’agriculture et la pêche non durables. Ce processus inclurait des reporting et analyses annuels et transparents et aurait pour conséquence l’élimination de ces subventions. Des mesures appropriées doivent être prises pour contrebalancer tout impact régressif.
La Gouvernance environnementale est marquée par des cycles de négociations perpétuelles qui dispersent les ressources financières et humaines et qui laissent souvent sur leur faim ceux qui, naïvement, attendent impatiemment des décisions qui vont, enfin, changer les modes de production et de consommation et améliorer les sorts de plus démunis. Afin d’aider à rationaliser le développement durable et à fournir un cadre pour la gouvernance correspondante, une impulsion politique se dessine derrière la proposition d’enrichir les Objectifs du millénaire pour le développement avec des Objectifs pour le développement durable dans le cadre de développement post-2015.
Sécurité de l’alimentation, de l’eau et de l’énergie : la mauvaise gestion et réglementation des atouts naturels et des écosystèmes mène à des crises régionales et mondiales de plus en plus fréquentes et sérieuses. Ces deux problèmes constituent également le facteur majeur derrière l’insécurité de l’alimentation, de l’eau et de l’énergie et menacent la stabilité locale, régionale et mondiale. Rio+20 arrive à un moment opportun pour établir une nouvelle structure afin de reconnaître et aborder les interconnexions entre ces défis communs, notamment en établissant des objectifs ambitieux.
Gouvernance des océans : les océans sont cruciaux dans la durabilité des systèmes de soutien de la Terre. Rio+20 doit convoquer de toute urgence une négociation intergouvernementale afin de livrer un nouvel accord de mise en œuvre d’ici 2017 pour l’identification, la désignation et la gestion efficace d’un système complet, approprié et représentatif des zones marines protégées en haute mer, y compris les réserves où la pêche est interdite.
Mettre à disposition des moyens de mise en œuvre des accords à venir à RIO. A ce titre :
L’engagement des pays développés d’allouer 0,7% de leur PIB aux pays en développement dans le cadre de l’aide publique au développement (APD) qui doit être tenu.
Il sera aussi nécessaire de prendre pleinement en compte le Plan stratégique de Bali pour l’appui technologique et le renforcement des capacités.
Il faudra également honorer les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Copenhague et des accords de Cancún en vue de financements accélérés supplémentaires et du financement à long terme à partir de 2013, notamment la création d’un Fonds vert pour le climat auquel les pays en développement auraient directement accès.
Que doit attendre l’Afrique de Rio+20 ?
Très souvent dans le passé, le reste du monde parlait à/de l’Afrique mais ne l’écoutait pas vraiment. Le prochain sommet Rio+20 offre une occasion unique pour l'Afrique d'articuler efficacement ses besoins et priorités. En particulier, l'Afrique devrait enfin tirer parti de ses ressources en exigeant une gouvernance mondiale réformée pour un développement durable et équitable qui favorise l'intégration équilibrée des trois piliers à tous les niveaux.
Au niveau régional, la gouvernance doit être renforcée en mettant à profit les avantages comparatifs des institutions existantes afin d'assurer l'efficacité des liens verticaux, ainsi que l'efficience et l'efficacité dans les actions de développement durable.
Au niveau national, Rio+20 pourrait catalyser une réflexion profonde de nos gouvernements sur la manière de penser et d’agir en vue du développement durable. Mais il ne faut surtout pas occulter l’exigence d’agir localement.
Dr. Arona Soumaré,
Environnementaliste