L’excision pratiquée par des médecins
L’hebdomadaire dominical The Sunday Times révèle dans son édition du 22 avril un scandale concernant des mutilations sexuelles féminines (MGF) pratiquées sur le sol britannique par des médecins, sans que la police ni la justice ne s’en émeuvent. Des enquêteurs ont secrètement filmé un dentiste, un généraliste et un praticien spécialisé dans la médecine alternative tous les trois surpris en train de préparer une intervention. Le dentiste et le généraliste ont opposé un démenti formel. Selon l’article, 100 000 femmes ont été ainsi mutilées au Royaume-Uni, par des médecins prêts à offrir leurs services à des filles parfois âgées de moins de dix ans. L’excision est illégale au Royaume uni depuis 1985, la loi prévoit une peine allant jusqu’à 14 ans de prison à l’encontre de toute personne impliquée dans une telle opération. Le journal précise que depuis 2008, la police métropolitaine reconnait avoir reçu 166 plaintes de personnes craignant pour leur intégrité. Or, personne à ce jour n’a été poursuivi. Depuis 1980 seuls deux praticiens ont été déchus de leurs droits à exercer la médecine. Toujours selon le journal, 6000 filles à Londres seraient à risque, 22 000 pour l’ensemble du territoire.
« Les filles subissent un lavage de cerveau. On leur fait croire que l’excision est un acte culturel ou même dans certains cas religieux qui doit être tenu secret », souligne le quotidien The Times. La loi du silence prévaut en effet dans les communautés africaines ce qui a permis au phénomène de prendre de l’ampleur et d’empêcher les arrestations. « C’est un sujet dont les jeunes filles ne discutent pas, si elles le font on les accusera de trahir leur famille, leur communauté, leur culture », précise Sarah Mc Culloch de l’Agence pour le changement culturel au Royaume uni.
« Si une fille blanche est violée, la police accourt, si une noire est mutilée, personne ne s’en préoccupe. C’est ce que j’appelle le racisme », a déploré l’ancienne top model Waris_Dirie, d’origine somalienne, qui a raconté sa vie dans un film intitulé « Fleur du Désert » en 2010. Toujours hantée par l’opération qu’elle a subie dans son pays à l’âge de 5 ans, cette ancienne ambassadrice de l’ONU pour la prévention des MGF et fondatrice de Fleur du désert, une ONG britannique de lutte contre l’excision, explique inlassablement que « les mutilations sexuelles n’ont rien à voir avec la tradition, la religion ou la culture. C’est la forme la plus cynique d’abus sur les enfants, un crime qui doit être puni ». Le Times précise encore que les hommes Africains vivant au Royaume uni seraient plutôt opposés aux MGF, leur problème est de convaincre leurs épouses de ne pas le faire.
En 2009 déjà, inquiet du nombre de victimes des MGF sur le territoire britannique, elles seraient au moins cinq cent par an, le ministère de la Santé (NHS) avait proposé de prendre gratuitement en charge de façon confidentielle l’opération de reconstruction de celles qui le souhaitent, en en faisant la publicité sur une chaîne de télévision satellitaire somalienne, très regardée au Royaume-Uni. L’histoire ne dit pas si cette opération médiatique a été suivie d’effet.