Les prix ont connu une hausse de 7 %, au mois de mars 2022
Les améliorations économiques de l’année 2021, malgré la crise de la Covid-19, laissent place, en 2022, à un repli de l’activité économique, selon les données de la Direction de la prévention des études économiques (DPEE).
La conjoncture économique mondiale compliquée affecte le Sénégal. Et cela explique la hausse généralisée des prix constatée dans le marché intérieur. Dans le point de conjoncture économique du mois de mars 2022, la Direction de la prévention des études économiques (DPEE) fait savoir que le niveau général des prix à la consommation a augmenté de 1,0 %, en variation mensuelle. ‘’Ce relèvement est porté principalement par le renchérissement des «produits alimentaires et boissons non alcoolisées» (+1,5 %), notamment les céréales non transformées (+2,2 %), le lait (+4,1 %), la viande de bœuf (+2,3 %) et l’huile (+1,3 %)’’. Par rapport à la même période en 2021, les prix ont connu une hausse moyenne de 7,0 %, en liaison principalement avec la hausse des prix des produits alimentaires et boissons non alcoolisées (+11,4 %), du ‘’logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles’’ (+3,1 %), des ‘’meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer’’ (+3,7 %) et des ‘’restaurants et hôtels’’ (+5,1 %).
Ces statistiques économiques sont bien ressenties par les consommateurs. Depuis la crise liée à la guerre en Ukraine, les prix des denrées de grande consommation augmentent. Et depuis avril, la situation n’a pas vraiment évolué dans le sens d’une baisse des prix. Pour atténuer l’inflation, le gouvernement a adopté plusieurs stratégies, dont une politique d’augmentation des salaires. Cela se répercute sur la gestion budgétaire qui est marquée par une hausse de la mobilisation des recettes budgétaires, associée à une forte progression des dépenses.
Selon le document de la DPEE, ‘’les ressources globales, à fin avril 2022, sont estimées à 982,5 milliards de francs CFA, soit une amélioration de 30,5 %, comparativement à la même période en 2021. Quant aux dépenses publiques, elles se sont confortées de 32,4 % pour s’établir à 1 840,9 milliards. Au total, le solde budgétaire est ressorti, provisoirement, déficitaire de 858,4 milliards à fin avril 2022, contre un déficit de 638,0 milliards à la même période un an auparavant’’.
Un déficit budgétaire de 858,4 milliards de francs CFA
Dans le détail, l’on apprend que les ressources sont constituées de recettes budgétaires chiffrées à 944,6 milliards et de dons estimés à 37,8 milliards. La poursuite de leur bonne tenue est attribuable aux recettes budgétaires qui ont enregistré un accroissement de 223,5 milliards (+31,0 %), sous l’impulsion, à la fois, des recettes fiscales (+31,5 %) et des recettes non fiscales (+22,3 %). Les recettes fiscales, estimées à 896,6 milliards, expliquent leur progression par la bonne tenue des recouvrements des impôts directs (327,6 milliards), des taxes sur biens et services intérieurs (252,1 %) et des droits mobilisés au cordon douanier (277,3 %) qui se sont accrus, respectivement, de 89,4 milliards, 91,9 milliards et 63,7 milliards, à fin avril 2022.
Toutefois, ce dynamisme a été atténué par des replis respectifs de 31,7 milliards et 6,2 milliards du FSIPP collecté et de la taxe à l’exportation d’arachides. Quant aux recettes non fiscales, elles ont augmenté de 8,8 milliards à la faveur de la hausse de la redevance radioélectrique (15,4 milliards) et des dividendes (6,8 milliards) qui se sont accrus respectivement de 4,4 milliards et 1,9 milliard.
S’agissant des dépenses budgétaires, elles ont été exécutées à hauteur de 1 840,9 milliards à fin avril 2022, contre 1 390,8 milliards un an auparavant, soit une hausse 32,4 %. Cette progression s’explique par l’augmentation soutenue des dépenses d’investissement et, dans une moindre mesure, de celles des dépenses de fonctionnement, notamment les transferts et subventions.
En effet, les dépenses en capital ont progressé de 45,8 % pour se situer à 732,1 milliards, à fin avril 2022, sous l’effet essentiellement du renforcement des investissements financés sur ressources intérieures. Ces derniers se sont accrus de 200,7 milliards pour s’établir à 479,4 milliards. Au titre des transferts et subventions, estimés à 529,2 milliards, une hausse de 42,1 % a été enregistrée en glissement annuel. En outre, la masse salariale et les charges d’intérêts sur la dette sont évaluées respectivement à 308,2 milliards et 142,7 milliards, soit des progressions respectives de 9,1 % et 15,0 %.
Le déficit est également la réalité de la balance commerciale. Au mois d’avril 2022, le déficit commercial (247,0 milliards) s’est dégradé de 71,0 milliards par rapport au mois précédent, fait savoir la DPEE. Une situation qui fait suite à une baisse des exportations de biens (-108,7 milliards) plus importante que celle des importations (-42,8 milliards).
Par conséquent, le taux de couverture des importations par les exportations, évalué à 37,5 % pour le mois sous-revu, s’est réduit de 13,6 points de pourcentage. En effet, les exportations de biens se chiffrent à 231,9 milliards contre 340,6 milliards au mois précédent, soit un repli de 31,9 % (-108,7 milliards). Les ventes extérieures de biens sont dominées en avril 2022 par l’or non monétaire (20,9 %), les produits halieutiques (15,8 %), les produits pétroliers (15,2 %), les produits arachidiers (6,4 %), l’acide phosphorique (3,7 %) et les «préparations de soupes, potages et bouillons» (3,6 %). Les produits moins vendus qu’au cours du mois dernier concernent l’acide phosphorique (-59,2 milliards), d’or non monétaire (-15,8 milliards), de produits pétroliers (-9,5 milliards), de produits arachidiers (-9,1 milliards), de légumes frais (-4,2 milliards) et de zircon (-2,3 milliards).
Cependant, cette baisse a été atténuée par le renforcement des ventes de titane (+4,6 milliards).
Le Mali, toujours premier client du Sénégal
Dans le même temps, les importations de biens ont subi une baisse de 7,3 % (-42,8 milliards) entre mars et avril 2022, passant de 587,1 milliards à 544,3 milliards. Elles sont dominées par les produits pétroliers raffinés (29,9 %), les «machines, appareils et moteurs» (11,1 %), les «véhicules, matériels de transport et de pièces détachées automobiles» (7,4 %), le riz (4,4 %), les produits pharmaceutiques (2,9 %) et le blé (2,8 %). Le repli est la conséquence de la chute des importations d’huiles brutes de pétrole (-148,5 milliards) et de produits alimentaires, notamment, de riz (-22,7 milliards), de blé (-14,3 milliards) et de maïs (-4,8 milliards). En outre, les achats de «machines, appareils et moteurs» et de produits pharmaceutiques se sont repliés respectivement de 16,0 milliards et 6,1 milliards. Cette baisse constatée des importations de biens a été, néanmoins, amoindrie par le renforcement des achats de produits pétroliers raffinés (+14,1 milliards) et de «véhicules, matériels de transport et de pièces détachées automobiles» (+12,5 milliards).
Dans les échanges avec les pays de la zone UEMOA, les exportations de biens se situent à 61,5 milliards contre 46,1 milliards le mois précédent, soit une hausse de 33,4 %. Malgré les sanctions contre le Mali, principal client du Sénégal, les produits exclus de la liste se comportent bien. En un mois, la part des produits acheminés vers Bamako, produits pétroliers (48,5 %), ‘’préparations pour soupes, potages et bouillons’’ (9,5 %), engrais minéraux et chimiques (2,7 %) et farine de froment (2,3 %), est passé de 52,9 % à 59,9 %.
Lamine Diouf