Abbas Jaber sommé de poursuivre son investissement ou de partir
L’actionnaire principal de la Suneor Abbas Jaber est averti : Il doit poursuivre ses investissements ou partir. La sentence est du Chef du gouvernement. Mahammad Boun Abdallah Dionne qui était hier devant les députés pour répondre aux questions d’actualité n’a pas été tendre avec le repreneur de la Suneor.
Parmi les sujets brûlants de l’actualité sur lesquels le Premier ministre était attendu pour son passage hier à l’Assemblée nationale, il y a les difficultés de la Suneor. Alors que l’actionnaire principal de cette société, en l’occurrence Abbas Jaber, est dans une dynamique de céder les activités de trituration des usines de Lindiane (Kaolack) et de Ziguinchor, la position de Mahammad Boun Abdallah Dionne est claire : ‘’Le gouvernement n’acceptera pas le démantèlement de la Suneor’’. Il s’y ajoute que le Premier ministre compte convoquer Abbas Jaber, l’actionnaire principal de la Suneor, à Dakar, après la mise en place d’une ‘’task-force qui va travailler sur le soutien nécessaire à la filière’’. ‘’Ou il (Abbas jaber) poursuit son investissement ou il quitte. Le gouvernement n’acceptera pas la désorganisation de la filière. L’instruction du président de la République est claire : à défaut de consolider la filière, nous ne donnerons pas un avis favorable à tout processus de démantèlement de ce qui existe déjà’’, a-t-il répondu au député socialiste Cheikh Seck qui avait soulevé la question de manière ferme. Le Premier ministre s’oppose aussi à une ‘’division du patrimoine de la société’’ et dit non à la vente des deux unités de Lindiane et de Ziguinchor.
‘’Il n’existe pas d’affaire Africa Energy’’
Devant la représentation parlementaire, Mouhammad Boun Abdallah Dionne est aussi revenue sur l’affaire Africa Energy, suite à une interpellation du député Pape Birahim Touré. En premier, c’est la ministre de l’Energie Maïmouna Ndoye Seck qui apporte une précision. ‘’Il n’existe pas d’affaire Africa Energy’’, a-t-elle rectifié. Le contrat signé entre la Senelec et Africa Énergy, poursuit-elle, ‘’est parfaitement conforme à la réglementation en vigueur’’. ‘’Le protocole d’accord de départ n’a pas été signé avec Africa Énergy mais avec le promoteur Arshean qui a créé, conformément à la convention, la société Africa Énergy qui est une société de droit sénégalais créée uniquement pour ce projet, comme cela s’est fait avec tous les autres projets’’, explique Maïmouna Ndoye Seck.
Dans le contrat qui lie Africa Énergy et la Senelec, il ‘’n’y a pas de gré à gré de 300 milliards de F Cfa’’ et le dossier est géré de manière transparente, renchérit le Premier ministre. Africa Énergy, qui est une société de droit sénégalais, a été même créée par le promoteur Arshean. Et le protocole d’accord qui lie Africa Énergy à la Senelec a été signé avec Arshean. ‘’La pratique au Sénégal est qu’on discute avec des sociétés internationales mais pour éviter ce qui s’est passé dans beaucoup de projets où des sociétés logées dans des paradis fiscaux signent des contrats, on oblige ces opérateurs à créer une société de droit sénégalais qui va signer un contrat et vendre à la Senelec de l’électricité pendant 25 ans’’, clarifie-t-elle.
EMPRUNT OBLIGATAIRE VILLE DE DAKAR Un dossier plutôt technique, selon le Pm Y a-t-il un soubassement politique dans le blocage de l’emprunt obligataire de la ville de Dakar ? C’est la question que tout le monde se pose depuis que l’appel public à l’épargne, lancé par la mairie de ville, pour un montant de 20 milliards de F CFA a été bloqué. ‘’Ce dossier n’est pas politique, il est technique’’, a répondu le Premier ministre. Avant le lancement de cette opération, poursuit-il, le Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan qui a la signature de l’État en matière de finances publiques doit évaluer la dette actuelle des bénéficiaires. Or, aujourd’hui, explique toujours le Pm, ‘’l’Etat a donné à la ville de Dakar une avance de 12,03 milliards’’ et la mairie dirigée par le socialiste Khalifa Sall doit aussi aux banques une dette de 19 milliards. ‘’L’encours actuel nécessite un regard exhaustif pour savoir si cet endettement peut supporter un endettement supplémentaire de 20 milliards. On a vu des villes comme Buenos Aires s’effondrer. Au finish qui paie si ce n’est l’État ?’’ développe-t-il. Lui emboîtant le pas, le ministre de l’Economie et des Finances a soutenu que les principales observations posées par le gouvernement sont d’ordre juridique et financier. Sur le Plan juridique, détaille Amadou Ba, le problème qui se pose est la continuité institutionnelle de la ville de Dakar. Car dit-il, le décret 2014-830 du 30 juin 2014 portant création des villes de Dakar, Guédiawaye, Pikine et Thiès entraîne une rupture institutionnelle. ‘’Il faut donc reprendre la procédure parce qu’on a affaire à une nouvelle entité sur le plan juridique’’, argumente l’argentier de l’Etat. L’autre problématique soulevée par Amadou Ba est la capacité institutionnelle de la ville de Dakar ‘’à se prévaloir des actes de procédures effectuées antérieurement à sa création’’. Selon le ministre, ‘’le décret 2014-926 du 23 juillet 2014 porte les conditions de dévolution du patrimoine’’ et à ‘’ce niveau, l’actuelle ville ne peut pas se prévaloir des prétentions de l’ancienne ville’’. Toujours sur le même registre, le ministre a aussi évoqué ‘’l’empiètement des compétences des receveurs municipaux’’. ‘’C’est une question commune qu’il faut régler parce que l’article 74 du décret 66-510 du 4 juillet 1966 portant régime financier des collectivités locales stipule : ’’Le receveur municipal détient les fonds et valeurs de la commune ainsi que les copies et titres fonciers. Il a la seule qualité pour assurer les recouvrements de ses créances et les paiements de ses dettes. Nous pensons qu’à la lumière de ce décret, il est utile, avant d’autoriser le lancement de l’emprunt, de régler les questions de la relation entre le receveur municipal et cette société dénommée société de patrimoine immobilière constituée entre la ville de Dakar et 3 communes d’arrondissement’’, a conclu Amadou Ba. |
ALIOU NGAMBY NDIAYE