Dakar et Bamako en pourparlers pour remplacer le concessionnaire
En désaccord sur un schéma de sortie de crise de la société Transrail SA, chargée de l’exploitation du chemin de fer Dakar-Bamako, les Etats du Sénégal et du Mali, actionnaires à hauteur de 10% chacun dans ladite société, comptent se retrouver bientôt dans la capitale malienne pour trouver une solution définitive au problème.
‘’Conscients de l’urgence d’une solution rapide, nous avons décidé, mon collègue chargé des Finances et moi-même, de nous rendre à Bamako avec des experts pour discuter avec nos homologues maliens des modalités de sortie du groupe Advens et la phase transitoire, avant la mise en place des réformes institutionnelles prévues’’, a déclaré samedi le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, lors du vote du budget de son département. Pour l’exercice 2016, celui-ci a été adopté à l’unanimité par les députés à un peu plus de 193,9 milliards de francs CFA contre environ 168,1 milliards en 2015, soit une hausse de près de 25,8 milliards de francs CFA, en valeur absolue et de 15% en valeur relative.
Le schéma de sortie de crise
Abordant le schéma de sortie de crise de Transrail SA, le ministre Mansour Elimane Kane a indiqué que dans le cadre de la réforme envisagée, les Etats du Sénégal et du Mali vont créer deux sociétés d’exploitation commune et un organe unique de régulation, pour remplacer la société en charge de l’exploitation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako. Il reconnaît cependant l’échec de la concession intégrale faite à Transrail. D’où, selon lui, les conséquences drastiques sur le transport et les infrastructures ferroviaires. ‘’Sur instructions des autorités sénégalaises et maliennes, il sera bientôt mis fin à la concession intégrale. Cette décision est irrévocable. L’actionnaire de référence avait donné son accord, avant de se désister. C’est qui a poussé les Etats à chercher d’autres solutions’’, a-t-il ajouté.
Transport routier
Mansour Elimane Kane a également répondu aux interpellations des députés concernant le sous-secteur du transport routier. Le ministre a reconnu la nécessité d’améliorer la mobilité urbaine. Il a ainsi annoncé, outre ceux qui sont en cours, la réalisation prochaine des nombreux projets autoroutiers et routiers sur l’ensemble du territoire national. Entre autres, il a cité le projet pilote de bus sur voie réservée, la poursuite des travaux de l’amélioration des services d’exploitation et la modernisation des gares routières (publiques et privées). ‘’Nous avons décidé de mener une vaste opération de réforme du système de gouvernance du titre de transport pour contribuer à améliorer la sécurité routière’’, a-t-il informé.
S’agissant du renouvellement du parc automobile, il a salué les efforts de l’Etat dans ce sens. Selon lui, rien que pour la région de Dakar, 300 nouveaux minibus ont été introduits durant l’année 2015. Ils sont venus s’ajouter à un programme de renouvellement de 1300 véhicules déjà exécuté. Cependant, a-t-il confié, l’Etat ne vise pas uniquement Dakar. Il souligne que le programme va se poursuivre aussi dans les régions. ‘’Thiès, Louga, Saint-Louis, Kaolack, Tamba, Ziguinchor ont déjà bénéficié du programme de renouvellement portant globalement sur 250 véhicules. Pour la suite, Fatick, Diourbel, Tivaouane et Mbour ne sont pas oubliés dans le programme de 2016’’. De même, le renouvellement du parc de taxis urbains et interurbains et celui des gros-porteurs ont également été annoncé par le ministre.
Il a pailleurs indiqué l’introduction, avant la fin de l’année 2016, de permis de conduire à points pour améliorer la sécurité routière. Dans le même ordre d’idées, il a annoncé aussi le renforcement des centres de contrôle technique des véhicules à Dakar et la création d’autres dans les régions.
1 748 milliards de CFA pour des routes, des pistes de production et des ponts
Répondant à la question du député Ibrahima Sané sur le désenclavement de la Casamance, le ministre a expliqué que ‘’le gouvernement a entrepris un vaste programme de réalisation d’infrastructures, routes, pistes, voiries urbaines pour désenclaver toute la région naturelle de la Casamance’’. ‘’Celle-ci est bien entendu une partie intégrante du territoire national’’, a-t-il dit. En plus, il a indiqué que de nombreux projets de construction de routes, d’autoroutes, de ponts et de pistes rurales sont en cours de réalisation. ‘’Dans la perspective 2016-2017, 14 projets vont être réalisés pour un linéaire de 1151,7 km de routes, 410 m linéaires de ponts, pour un coût total de 644 milliards de F CFA’’, a-t-il avancé. Avant d’ajouter qu’au total, ‘’72 projets routiers et autoroutiers pour un linéaire total de 2 928 km environ et 4 910 km de pistes rurales et 6934 m linéaires de ponts seront réalisés au Sénégal, entre 2012 et 2017. Le coût total de ces investissements est de l’ordre de 1 748 milliards de CFA’’.
DAKAR DEM DIKK Birima Mangara promet une solution de sortie de crise La situation actuelle de Dakar Dem Dikk (DDD) n’a pas échappé aux députés lors du passage du ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement pour le vote du budget. Mais c’est le ministre du Budget, Birima Mangara, qui a tenu à répondre aux nombreuses interpellations des parlementaires sur la crise que traverse actuellement la société nationale de transport public. Il a ainsi annoncé une rencontre prochaine entre le ministre des Transports, Mansour Elimane Kane et celui des Finances, Amadou Bâ, pour statuer dans le cadre du comité interministériel sur la compensation financière de DDD, afin de permettre à la société d’aller ‘’sous des meilleurs auspices’’. Selon lui, l’Etat a apporté un soutien de plusieurs milliards à DDD pour permettre à la société de remplir sa mission de service public. ‘’Au total, de 2006 à 2015, l’Etat du Sénégal a donné à DDD, 35 milliards de francs CFA au titre de la rémunération du service public. Pour l’appui à la restructuration de la société, l’Etat a donné 19,3 milliards de francs CFA’’, a-t-il indiqué. Cependant, il précise que l’Etat a renoncé à une partie de la dette fiscale s’élevant à 6,4 milliards de francs CFA. A l’en croire, l’État a financé, entre 2006 et 2015, au total 60,8 milliards de francs CFA, pour maintenir en vie la société. |
MAMADOU DIALLO