Un vent de révolte souffle sur la Faculté de médecine
Les professeurs de la Faculté de médecine ne décolèrent pas depuis l’orientation de 1100 nouveaux bacheliers en première année de médecine. Par la voix du Pr Malick Faye, ils se disent déterminés à ne pas accepter cette décision unilatérale du ministère de l’Enseignement supérieur.
‘’Aussi longtemps que la décision d’orienter 1100 étudiants à la Faculté de médecine sera maintenue, il sera exclu de démarrer les cours en première année’’. C’est à l’occasion d’un point de presse organisé hier par le SAES, à la Faculté de médecine, que le Pr Malick Faye, responsable dudit syndicat, a tenu ses propos d’une rare fermeté. Il dénonce ainsi ‘’la décision unilatérale du ministère de l’Enseignement supérieur d’orienter 1100 nouveaux bacheliers à la Faculté de médecine’’.
Un effectif qu’il juge pléthorique pour une faculté habilitée à n’en accueillir que 645 (350 en médecine générale, 250 en pharmacie et 45 en chirurgie dentaire). ‘’ Dans sa volonté de centraliser, le ministère de l’Enseignement supérieur s’est arrogé le droit de décider à notre place’’, s’est-il indigné. Il rappelle que même si le ministère s’est adjugé, depuis quelques années, le droit d’orienter les étudiants, à la place des facultés, la liste arrêtée leur était soumise avant validation. ‘’ Mais là, on nous impose un effectif pléthorique’’.
Mandaté par le Pr Mary Teuw Niane, le Recteur Ibrahima Thioub a proposé à l’assemblée de la faculté un certain nombre de mesures d’accompagnement. Il a ainsi proposé d’accélérer la construction de l’amphithéâtre de la Faculté de médecine et d’accorder une enveloppe de 50 millions à celle-ci.
Mais Malick Faye souligne que les revendications du corps enseignant ne sont motivées ni par un problème d’espace, ni par un souci d’ordre financier. ‘’ La spécificité des études de médecine, c’est la prédominance de la pratique. La médecine s’apprend à l’hôpital, or, les établissements de soins ont de plus en plus de mal à résorber nos effectifs’’, regrette-t-il.
Les normes en vigueur veulent qu’il y ait trois stagiaires pour un patient. Mais, avec l’augmentation des effectifs à la Fac, ce ratio pourrait s’élever à 15 étudiants pour un patient. ‘’Au finish, les étudiants n’apprendront rien de leur stage. C’est la qualité de leur formation qui va en pâtir’’, dénonce-t-il. Dés lors, pour le professeur Faye et ses collègues, il n’est pas question de céder : ‘’Nous ne formerons pas de futurs tueurs’’, dit-il, visiblement déterminé.
Et aux dires du syndicaliste, c’est cette détermination qui a coûté son poste au doyen de la faculté. Faye se dit convaincu que l’éviction d’Abdourahmane Dia est motivée par son refus de se soumettre à une mesure préjudiciable à la qualité de la formation. ‘’Mais la Faculté de médecine est plus que jamais soudée et résolue à soutenir son doyen’’, tient-il à préciser. Avant d’ajouter : ‘’ Jadis havre de tranquillité, la Faculté de médecine est déstabilisée’’.
Il estime cette situation d’autant plus regrettable que cette faculté a toujours été reconnue pour son sérieux et pour la qualité de sa formation. Il cite quelques exemples pour illustrer ses propos. Le taux de réussite dans cette faculté est évalué à 68,64% en première année et à 86,78% en deuxième année. Ces pourcentages sont au dessus de la moyenne de réussite à l’UCAD qui plafonne à 30%.
En outre, la Faculté de médecine a été choisie comme centre d’excellence pour la prise en charge de la santé de la mère et de l’enfant. Après une sélection qui concernait l’ensemble des pays au sud du Sahara. Ce projet sera financé par la BM à hauteur de 4 milliards.
Mariam Diallo (stagiaire)