HSBC organise une évasion fiscale d’envergure internationale
Le secret bancaire suisse est une institution. Mais elle est mise à rude épreuve par les révélations de l’International consortium of investigative journalist (ICIJ). Une série d’enquêtes a permis d’établir les pratiques frauduleuses de la filière suisse du deuxième groupe bancaire mondial HSBC. Un lanceur d’alerte, ancien employé de la structure, a subtilisé des données numériques pour les transmettre au journal français Le Monde.
WikiLeaks avait de forts relents diplomatiques ; SwissLeaks tient en émoi le monde économique. La fraude fiscale d’envergure internationale révélée à l’initiative du journal Le Monde donne le tournis. 180,6 milliards d’euros auraient transité à Genève par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients et de 20 000 sociétés offshore, très précisément entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007. Ce que révèlent des enquêtes du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ). La collaboration avec 140 journalistes d’investigation avec le journal français a permis la publication d’une série d’enquêtes sur l’évasion fiscale qui éclabousse de grandes personnalités internationales.
Des statistiques effarantes. Entre 2006 et 2007, 180,6 millions d’euros ont été dissimulés au fisc avec la complicité de HSBC Private Bank, filiale suisse de la banque anglaise HSBC. Ce que révèlent les ‘‘leaks’’, ces fameuses fuites qu’un ancien employé de la structure, Hervé Falciani, a livrées au journal Le Monde qui les a procurées à une soixantaine de médias internationaux. Ces manœuvres ont commencé en février 2005, quand la direction de la banque avertit ses clients qu’une nouvelle taxe européenne sur l’épargne est à l’œuvre. Elle leur propose des moyens d’échapper à cette taxation par des moyens détournés.
Au total, plus de 100 000 personnes de 200 pays sont concernées. Un montant total de 50 milliards d’euros a été soustrait des services fiscaux de différents pays via la création de sociétés écrans. La base de données du consortium ICIJ contient des informations sur la propriété de compagnies dans une dizaine de juridictions offshore comme les Îles vierges britanniques, les Îles Cook, Singapour, Panama…..
L’enquête a établi que HSBC a aidé les ressortissants de plusieurs pays à se soustraire aux charges fiscales de leurs pays. Toutefois, les enquêteurs ont précisé que toutes les personnes, compagnies ou autres entités citées dans ce cadre n’ont pas forcément violé la loi ou agi frauduleusement. La Suisse (11 235), la France (9187) et le Royaume-Uni (8844) constituent le trio de tête, au nombre de clients. Quant au classement par montant, la Suisse (31,2 milliards de dollars), le Royaume Uni (21,7) et le Venezuela (14,8) sont devant. Les données clients datent pour la plupart de 1988 à 2007 ; tandis que les montants concernent uniquement la période 2006-2007.
Afrique : les puissances économiques tiennent leur rang
Plus de 50 milliards de dollars perdus par l’Afrique à travers ces évasions fiscales. Un montant qui dépasse celui de l’aide au développement. L’Afrique du Sud et le Maroc, proportionnellement à leur rang de puissance économique continentale, figurent en bonne place dans le classement. La nation arc-en-ciel compte 1787 clients pour un montant de près de 3 milliards de dollars. Le royaume chérifien, pour plus d’un milliard et demi et 1068 clients, ainsi que son suivant de l’est, le Kenya avec 742 clients, constituent le trio de tête.
Les Nigérians ne sont pas nombreux, 236 clients, soit moins que le Sénégal. Mais les montants du géant ouest-africain sont consistants : 266 millions de dollars. Au Sénégal la filiale suisse de HSBC a compté pas moins de 310 gros clients, pour un montant total qui dépasse les 188,5 millions de dollars, selon les documents consultés par le site Ouestafnews. En Côte d’Ivoire, ils sont 382 pour plus de 190 millions d’euros. Dans ces deux derniers pays, le fait marquant demeure la forte proportion de citoyens libano-syriens, clients dans cette filiale de HSBC. Sur l’ensemble des 690 clients, pour les deux pays, ces derniers sont 400 à y détenir des avoirs
(Avec les sites lemonde.fr / offshoreleaks.icij.org/ ouestaf.com)
Ousmane Laye Diop