Russie-Amérique, bras de fer dans les négociations à l'ONU
Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU négociaient jeudi 12 juillet un projet de résolution sur la Syrie, mais les pourparlers risquaient de tourner au bras de fer entre les Etats-Unis et la Russie.
La Russie refuse de sanctionner son allié syrien s'il ne cesse pas ses attaques à l'arme lourde contre l'opposition, comme le prévoit un projet de résolution occidental. Les Etats-Unis menacent de leur côté de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus) si le Conseil n'utilise pas les sanctions comme moyen de pression sur le président Bachar Al-Assad, selon des diplomates. Les quelque trois cents observateurs ont été déployés à la mi-avril pour surveiller un cessez-le-feu jamais appliqué et ils ont dû suspendre leurs patrouilles en raison de la poursuite des combats.
Dès la création de la Misnus, l'ambassadrice américaine à l'ONU avait averti que les Etats-Unis n'étaient pas sûrs de renouveler le mandat de la Mission, qui expire le 20 juillet. Après une réunion des ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil (Etats-Unis, France, Royaume Uni, Chine, Russie), le représentant adjoint de la Russie, Igor Pankine, a averti que les sanctions étaient "une ligne rouge" à ne pas franchir.
VIOLENCES
Sur le terrain, la journée de jeudi était marquée par la même litanie de morts et de violences. Soixante-neuf personnes sont ainsi mortes ce jour, dont dix-sept lors d'une violente attaque contre un village de la région de Hama, dans le centre du pays, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon un militant de Hama, qui affirme s'appeler Abou Ghazi, "l'école du village est totalement détruite par les bombardements".
Le Conseil général de la révolution syrienne (CGRS) a indiqué que parmi les victimes figuraient un médecin, tué d'une balle dans la tête alors qu'il soignait les blessés. La Syrie est en proie depuis le 15 mars 2011 à une révolte populaire contre le régime de Bachar Al-Assad, qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression menée par les troupes régulières. En seize mois, les violences ont fait plus de dix-sept mille morts, dont près des deux tiers sont des civils, selon l'OSDH.
LeMonde