TENSION DANS LE SOUS-SECTEUR DES HYDROCARBURES
La désorientation TOTAL des indépendants
TOTAL ! Le nom de cette société est presque le résumé des maux dont souffrent les sociétés pétrolières indépendantes. Partenariat avec Orange, attribution abusive de stations sur l’autoroute à péage, refus de vente de carburant en cas de pénurie. Tout un ensemble de pratiques que les nationaux ont dénoncées hier, lors d’une journée de réflexion.
Les sociétés pétrolières nationales regroupées sous l’Association sénégalaise des professionnels du pétrole (ASPP) ont tenu une journée de réflexion, hier, pour déterminer la conduite à tenir face aux difficultés auxquelles elles font face dans le sous-secteur de la distribution des hydrocarbures. Le vice-président de l’ASPP, Ameth Guissé, a invité ses camarades à trouver un plan d’action à la sortie de la rencontre.
''Sinon, inutile de rester dans le secteur'', ajoute-t-il. A la lumière des discussions, l'on se rend compte que le principal problème de ces nationaux se résume en un point : ''l’abus de position dominante de la compagnie TOTAL''. En fait, à leur avis, la société française a pris des proportions qui faussent les règles d’une concurrence saine entre acteurs.
Deux actes sont principalement ciblés : le partenariat avec Orange et l’attribution de certains points de vente sur l’autoroute à péage sur lequel le flux est estimé à 44 000 véhicules jour. Sur le premier point, les indépendants précisent que la marge de bénéfice ne fait pas 10%. Si donc, avec Orange, TOTAL se paye le luxe de faire une remise de 10% à ses clients, c’est parce qu’elle bénéficie d’une ''subvention'' qui ne dit pas son nom.
Quant à la conséquence de cette position, elle a commencé déjà à se faire sentir. Si l’on en croit M. Guissé, durant les deux premiers mois de 2014, le sous-secteur a connu une croissance de 12%. A la même période, TOTAL a connu une croissance de 23%. ''Il y a un coup de pouce'', conclut-il.
Sur l’autoroute à péage, l’appel d’offres ne concernait que les multinationales appelées Majors. Or, pour construire l’autoroute, il a fallu déloger deux stations. Les nationaux veulent, à défaut de redonner aux deux sociétés expropriées la place perdue, qu’il y ait au moins un appel à candidatures pour tous. Ainsi, ils se demandent pourquoi une société a besoin d’être internationale pour soumissionner. ''Les critères doivent être définis pour la clientèle ? À ce que je sache, l’autoroute n’est pas pour les avions, mais les automobiles. Et même si être international veut dire opérer hors des frontières, certaines sociétés le font'', ironise Ameth Guissé.
Bataille administrative et judiciaire
Par ailleurs, l’approvisionnement est aussi un problème pour les indépendants. En fait, chaque mois, le comité national des hydrocarbures (CNH) fixe les prix et les envoie aux sociétés. Mais, Georges Home de Thome Oil regrette qu’à chaque fois que le CNH détermine les prix, le jour-j ou le lendemain, la SAR aussi envoie d’autres prix qui sont supérieurs à ceux du CNH soit de 20, 30 ou même 40 F CFA. Il s’y ajoute qu’à chaque fois qu’il y a pénurie de carburant, TOTAL refuse de leur vendre le liquide. ''Il y a de cela deux ans, il a fallu l’intervention du ministre pour que nous soyons approvisionnés''.
Malgré tout cela, les nationaux constatent un silence absolu de l’autorité. L’État ne dit rien, en dépit des différentes interpellations. Si le représentant de Ciel Oil évite de parler de ''crise d’autorité'', il estime cependant que les ministres en charge de la question ''doivent se faire entendre''. Ce qui n’est toujours pas le cas. D’où l’idée de mener une bataille, s’il le faut, à la fois administrative et judiciaire.
BABACAR WILLANE
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