Alors qu’il venait juste d’être embauché par la société CFAO Motors, l’informaticien Mouhamed Dème se fait choper pour trafic de cartes Rapido. Causant un préjudice de près de 29 millions de francs CFA à Eiffage, Dème encourt deux ans de prison dont un an ferme. Quant à ses complices Alassane Gning, Pape Sow, Ass Seck, Gora Mbaye, Mouhamed Thiam et Fary Ndiaye, ils risquent six mois d’emprisonnement ferme. Ils ont été jugés hier, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar.
Promis à un bel avenir, Mouhamed Dème voit son avenir s’écrouler tel un château de cartes. Fraîchement embauché par la société CFAO Motors, le jeune informaticien de 32 ans se retrouve en milieu carcéral. Hier, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, il a comparu pour association de malfaiteurs, introduction frauduleuse dans un système informatique, contrefaçon de sceau et usurpation d’identité, après sept mois de détention préventive. Dans sa chute, il a entraîné les chauffeurs Alassane Gning, Pape Sow, Ass Seck, Gora Mbaye, Mouhamed Thiam et Fary Ndiaye. Ces derniers sont poursuivis pour complicité des chefs à lui reprochés.
Selon l’économie des faits, Mouhamed Dème, après avoir rompu son contrat avec la société Khoury Transport, continuait de bénéficier de la carte Rapido de la société Eiffage, que lui avait remis ladite société. Sur ces entrefaites, un jour, alors qu’il revenait de Thiès, il avait remis sa carte au chauffeur Alassane Gning pour régler péage du tronçon Thiès - Dakar. Fortuitement, les deux se retrouvent et ils ont répété le même procédé. Au cours de leur discussion durant leur voyage, Dème décide de louer sa carte à Alassane Gning, moyennant 5 000 F par jour.
Mais au bout d’un mois, la société de transport où travaillait Mouhamed Dème demande la résiliation de carte. Tirant profit de ce deal, Alassane propose à celui-ci d’en chercher d’autres. Ayant adhéré à l’idée du chauffeur, le sieur Dème créé un compte identique à celui de la société Khoury Transport et envoie un mail à la société Eiffage pour passer une commande de 30 cartes Rapido illimitées. Quelque temps après, muni d’une pièce d’identité ramassée et du cachet de son ancienne société, Dème se rend à Eiffage pour récupérer la commande.
Selon le mis en cause, il a distribué les cartes à Alassane Gning et à Mame. Ils ont respectivement reçu 20 et 10 cartes. A l’en croire, leur subterfuge a duré trois mois. ‘’Chaque jour, je devais recevoir 5 000 F CFA par carte’’, a reconnu le prévenu qui est en détention depuis sept mois.
Quant à Alassane Gning, il confesse qu’il ignorait l’origine délictueuse des cartes. En détention au même titre que Mouhamed, il contredit celui-ci et affirme n’avoir reçu que cinq cartes. Par contre, il avoue les avoir, à son tour, sous-louées aux autres chauffeurs qui font le trajet Thiès - Dakar, à raison de 7 000 F CFA par jour.
En effet, il soutient avoir un bénéfice de 2 000 F CFA sur chaque carte, chaque jour.
Leur agissement a été mis à nu, quand la comptabilité de la société a reçu les factures. Venus se plaindre au niveau d’Eiffage, certains détenteurs des cartes sont tombés un à un. Pape Sow, Ass Seck, Gora Mbaye, Mouhamed Thiam et Fary Ndiaye, puisque c’est d’eux dont il s’agit, ont, eux, comparu hier libre. A la barre, ces prévenus ont tous reconnu avoir reçu les cartes des mains d’Alassane Gning.
Venu représenter les intérêts de la société Eiffage, Me Diène estime que la culpabilité des prévenus ne souffre d’aucun doute. L’avocat a réclamé 29 millions de francs CFA à titre principal et 5 millions de francs CFA en guise de dédommagement pour le compte d’Eiffage.
Après avoir requis la relaxe de Mouhamed Dème du délit de contrefaçon de sceau, le représentant du ministère public a demandé la requalification du chef d’introduction frauduleuse dans un système informatique en escroquerie. Pour la peine concernant le prévenu Dème, il a requis deux ans d’emprisonnement dont un an ferme.
S’agissant d’Alassane, le maître des poursuites a demandé qu’il soit condamné à un an dont six mois ferme, pour complicité. Pape Sow, Ass Seck, Gora Mbaye, Mouhamed Thiam et Fary Ndiaye, quant eux, risquent six mois d’emprisonnement ferme suivi d’un mandat d’arrêt, si le tribunal correctionnel suit le réquisitoire du parquet.
Les avocats de la défense ont sollicité la clémence du tribunal.
L’affaire mise en délibéré, le verdict sera rendu le 8 septembre prochain.