La FIACAT et l’ACAT/Sénégal dénoncent les traitements cruels et dégradants dans les prisons
Le Sénégal est confronté à ''des problèmes de torture en détention préventive et de surpopulation carcérale'', selon la fédération internationale de l’action des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT) et l’Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT)/section Sénégal. A cela s’ajoute ‘’l’absence de contrôle et d’inspection efficaces, le recours excessif’’ à la détention provisoire et la lenteur des procès ou des abus de transfert administratif, souvent employés comme mesure disciplinaire à l’encontre des ‘’hors-la-loi’’.
Au cours d'une conférence de presse hier à la Raddho, Alain Sambou, chargé de la communication et des relations extérieures de l’ACAT/ section Sénégal, a déploré la surpopulation de la prison de Rebeuss prévue pour accueillir 700 détenus. La prison abrite aujourd’hui une moyenne de 2 500 détenus. ''Des chambres (3, 4, 9, et 10) devant héberger tout au plus 50 détenus, sont aujourd’hui peuplées de 270 voire 280 détenus'', a-t-il dénoncé. À propos du décès de Cheikh Mawlany Sané, âgé de 29 ans, dans la chambre 09 de Rebeuss, Alain Sambou a révélé que celle-ci compte 235 détenus.
Les deux structures s’interrogent sur l’efficacité de l’Observatoire national des lieux de privation de liberté (ONLPL) mis en place en 2009, dans le cadre de la mise en œuvre du Protocole facultatif à la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
''L’Observatoire national des lieux de privation de liberté a pour rôle de prévenir les tortures et les mauvais traitements dans les lieux de privation de liberté, notamment grâce à des visites régulières et inopinées’’, a souligné Alain Sambou. Les deux organismes demandent ainsi qu’une enquête impartiale et indépendante soit menée, et que des sanctions disciplinaires et pénales soient prises à l’encontre des responsables du décès de Cheikh Mawlany Sané.
Ils exigent de l’État le respect de ses engagements pris lors de l’examen périodique universel de 2013, à savoir la prise des mesures spécifiques afin de prévenir la commission d’actes de torture pendant la garde-à-vue, la mise en œuvre pour que les auteurs d’actes de torture soient poursuivis en justice conformément au droit, et pallier la surpopulation carcérale, en favorisant les mesures alternatives à l’enfermement.
EMMANUEL BOUBA YANGA (STAGIAIRE)