Le Sénégal retardé par des facteurs sociaux plutôt que techniques
Un atelier national sur la transition de l'analogique vers le numérique a démarré hier. Plusieurs facteurs expliquent le retard accusé par le Sénégal dans l'élaboration du processus.
Bien que la transition vers le numérique soit effective dans certains pays d'Afrique, le Sénégal accuse encore du retard dans le processus dont le délai est fixé au 17 juin 2015. Un retard qui semble inhabituel sur la question centrale du développement du numérique et plus généralement de la société de l'information et du savoir, selon Amadou Top.
Faisant l'état des lieux de la transition numérique, le directeur exécutif du comité national de pilotage de la transition du numérique vers l'analogie (Contan) a indiqué que le Sénégal a compris que le retard accusé n'est pas ''extrême'', puisqu'il ne s'agit pas d'un retard technique.
''Les facteurs déterminants ne sont pas des facteurs techniques, mais sociaux, politiques et humains'', a-t-il avancé, signalant que beaucoup de gens ont eu des craintes, pensant que c'était une question technique et qu'il fallait des normes.
Le comité, dont il a la charge de piloter, a été créé par le Chef de l'État, afin de prendre le relais du comité national sur le numérique (Cnn), dont la mission consiste à créer les conditions du respect de la date, pour procéder au basculement de la télévision analogique vers le numérique.
''Nous avons conscience de la lourdeur de la tâche au regard des délais limités dans lesquels nous devons situer notre action'', a reconnu M. Top, avant d'exprimer sa confiance en l'immense réservoir de compétences, dans tous les domaines, disposées à accompagner le processus, dans le cadre d'une alliance pour le développement et l'appropriation du numérique", a ajouté M. Top.
Mettre les populations au diapason
Amadou Top s'exprimait hier à l'ouverture de l'atelier national sur la transition numérique au Sénégal, organisé conjointement par le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (Cnra) et l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa).
Selon le directeur exécutif du Contan, il faudra des explications aux populations ''Il faudra, soit changer les téléviseurs analogiques par des téléviseurs numériques, soit par des équipements de décodeurs spéciaux (setop box)''. Il a préconisé également le retrait du marché des télévisions obsolètes qui ne peuvent plus s’utiliser, mais en ayant un dispositif cohérent de recyclage.
L'avantage de cette transition passe également par le fait d’émettre entre sept et huit programmes télévision sur une même fréquence grâce au multiplexage, au lieu d'utiliser une seule fréquence pour l'émission d'un seul programme. ''Des fréquences supplémentaires doivent être disponibles, pour augmenter le nombre de chaînes et mettre à la disposition des usagers de l'internet très haut débit, en mode 4G ou 5G à l'avenir'', a-t-il confié.
Élaborer des contenus locaux dans les programmes
D'un autre point de vue, Amadou Top a soutenu qu'il s'agira également d'élaborer des critères et des conditions de créations, d'exploitations et de diffusion de contenus audiovisuels et de procéder à la révisions des cahiers de charges applicables aux éditeurs de programmes audiovisuels. ''Il va falloir qu'il y ait un minimum de contenus locaux dans les programmes'', a-t-il souligné, avant d'ajouter que pour œuvrer à la création d'emplois, il sera proposé la création d'un smart village pour y réunir les acteurs de la technologie.
Venue présider l'ouverture de l'atelier, le Premier ministre Aminata Touré, dans le même ordre d'idées, a soutenu que la vision serait incomplète si l'on se tient juste au passage au numérique, sans pour autant considérer l'immense potentiel que recèle la libération de fréquences extrêmement recherchées dans les bandes Uhf et Vhf, qui pourraient permettre de résoudre la question de l'accès à l'internet haut débit.
''Notre pays a pris la mesure de l'exigence du passage de l'analogie vers le numérique et engagera toutes les énergies requises pour le réussir à la date prévue'', a affirmé le Premier ministre.
ANTOINE DE PADOU