‘’Celui qui n’a pas de combat est désavantagé’’
Une année blanche ou une longue absence d’un lutteur de l’arène ont-t-elles des conséquences négatives sur son prochain combat ? Max Mbergane (entraîneur écurie Lansar) et Abdou Badji (Directeur technique national de lutte) donnent leur avis.
Quelles conséquences peuvent avoir une année blanche ou une longue absence d’un lutteur qui a un grand combat ?
Max Mbergane : ‘’Ne pas ''compétir'' pour un lutteur professionnel, ce n’est pas conseillé. La compétition permet de faire des performances, de garder sa forme et aussi de travailler ses repères. Le danger est que beaucoup de lutteurs, s’ils n’ont pas de combats, ne font plus de contacts et privilégient la musculation. Cela les désavantage s’il ont un adversaire qui fait tout le temps des contacts et enchaîne des combats. Mais s’il (le lutteur) fait des contacts lors de son année blanche ou absence, cela ne constituera pas un danger car, il sera toujours prêt.’’
Abdou Badji : ‘’L’entraînement n’est pas la compétition, un sportif doit ''compétir''. La compétition, c’est ce qui permet au lutteur d’évaluer sa vraie valeur. Si le lutteur ne ''compétit'' pas, il ne sera pas en mesure de contrôler son corps et la musculation n’arrange rien. Un combat, ce n’est pas seulement la force mais l’action (technico-tactique)’’.
‘’Celui qui enchaîne les combats aura plus de repères et de réflexes’’ |
Quel est l’avantage d’un lutteur qui rencontre un autre qui revient d’une année blanche ou d’une longue absence ?
Max Mbergane : ‘’Il sera beaucoup plus confiant. Le lutteur ne lutte pas pour lui seul, il lutte pour son entourage, donc cette absence peut faire douter certains de ses proches et le lutteur même. Aussi, le lutteur qui avait des combats sera beaucoup plus concentré et sérieux durant sa préparation. Car celui qui revient, lors son absence, a dû négliger les exigences du sport : ‘’dormir tôt, faire attention à ce qu’il mange, respecter les trois séances d’entraînement…’’. Le lutteur qui a disputé le plus de combats dans l’année aura plus de repères par rapport à son adversaire, si ce dernier ne faisait pas de contacts. S’entraîner sans contact pour un lutteur, c’est comme un footballeur qui s’entraîne sans ballon’’.
Abdou Badji : ‘’Le lutteur qui ''compétit'' développe des réflexes plus spontanés et plus rapides que celui qui ne ''compétit'' pas. C’est le cas du combat de dimanche passé (Bombardier-Tapha Tine), où les deux lutteurs étaient lents et manquaient de technique pour faire une action.
Gris Bordeaux a disputé un combat cette année et va enchaîner un deuxième alors que Modou Lô revient d’une longue absence. Est-ce que cela veut dire que Gris est logiquement favori pour ce combat ?
Max Mbergane : ‘’Ça déprendra des séances d’entraînement car tous les deux lutteurs avaient quitté le pays. Celui qui aura fait le plus de contacts remportera ce combat. La lutte, c’est le contact. Même si Gris a disputé un combat de plus cette année, si Modou Lô fait bien des contacts, son absence ne signifiera rien, car il sera prêt au jour J’’.
Abdou Badji : ‘’Je ne peux pas dire que tel ou tel est avantagé, mais il faut que le lutteur s’adonne à la compétition pour s’évaluer car un combat dans l’arène est différent de celui qu’on fait avec son sparring-partner. Il y a aussi le mental car, celui qui'' compétit'' est beaucoup plus confiant et sera plus spontané par rapport à ses actions.
MAMADOU LAMINE SANE