Publié le 27 Feb 2013 - 12:36
VATICAN

Le pape acclamé pour sa dernière audience place Saint-Pierre

 

Une centaine de milliers de personnes sont venues assister à la dernière audience de Benoît XVI, qui quittera ses fonctions demain soir.

 

Benoît XVI a été follement acclamé mercredi par une vaste foule venue lui rendre hommage pour sa dernière apparition sur la place Saint-Pierre, à la veille de sa démission historique dans une période d’incertitude pour l’Eglise. Faisant un tour de la majestueuse place en papa-mobile décapotée sur les côtés, le pape, qui paraissait frêle à l’approche de ses 86 ans, a été acclamé pour sa 348e audience générale par une foule estimée à plus de 150 000 fidèles et touristes, brandissant des drapeaux ou banderoles disant «Merci» dans toutes les langues.

 

Dans son dernier message aux catholiques du monde entier, le pape a assuré que «Dieu ne laisse pas couler sa barque», même dans «les eaux agitées», et assuré qu’après sa démission, il continuerait à soutenir l’Eglise par la prière. «Je suis vraiment ému et je vois l’Eglise vivante», a-t-il lancé en réponse aux acclamations chaleureuses de la foule avant d’entamer sa catéchèse.

 

Le pape a voulu laisser un message de confiance avant son départ jeudi : «dans ces derniers mois, j’ai senti que mes forces diminuaient et j’ai demandé à Dieu, avec insistance, dans la prière de m'éclairer de sa lumière, de me faire prendre la décision la plus juste (...) J’ai franchi ce pas dans la pleine conscience de sa gravité et aussi de sa nouveauté, mais aussi dans une grande sérénité d'âme», a-t-il assuré.

 

Dans les huit ans de pontificat, a-t-il reconnu, en faisant allusion aux scandales et controverses, «il y a eu aussi des moments pas faciles, dans lesquels les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l’histoire de l’Eglise, et le Seigneur semblait dormir». «Mais j’ai toujours su que la barque de l’Eglise n’est pas mienne, n’est pas nôtre mais qu’elle est Sa barque et qu’Il ne la laisse pas couler», a-t-il souligné.

 

Rappelant qu’en devenant pape le 19 avril 2005, «un grand poids avait été posé sur ses épaules» et que «la dimension privée de sa vie avait été complètement supprimée», Benoît XVI a redit qu’il se retirait désormais de toute activité publique, même si un pape «ne peut pas revenir à la vie privée».

 

«Ma décision de renoncer à l’exercice actif du ministère, ne change pas cela: je ne reviens pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc... Je n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je n’assume plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l’Eglise, mais je demeure dans le service de la prière. Saint Benoît (fondateur du grand ordre contemplatif des bénédictins) dont je porte le nom comme pape, me sera un grand exemple». «Je continuerai d’accompagner le chemin de l''Eglise dans la prière et la réflexion», a dit le pape.

 

«Benedetto, Benedetto»

 

Dès les premières heures de la matinée, par un temps frais mais limpide, des fidèles venus en majorité de Rome avaient commencé à s’approcher de Saint-Pierre, pour assister à ce moment historique et emprunt d'émotion. La place comme la via della Conciliazione, la grande avenue menant du Tibre au Vatican était noire de monde. Des paraboles de télévision et des écrans géant étaient là, comme pour les funérailles de Jean Paul II en 2005 ou sa béatification en 2011.

 

Cette audience de mercredi respecte le même déroulé que les autres depuis huit ans, même si Joseph Ratzinger a fait un tour un plus long en papamobile. Elle ne prévoyait pas à la fin de «baciamano», ce défilé de personnes qui ont le privilège de baiser l’anneau du pape.

 

Le pape allemand, qui aura régné huit ans, a pris la décision historique de démissionner. Il est le premier pontife à le décider librement en sept siècles. Même s’il y avait une majorité des Romains, on entendait dans la foule parler beaucoup de langues. Des familles, des couples, des religieux, des prêtres, des séminaristes et des bonnes sœurs, étaient là et scandaient «Benedetto, Benedetto».

 

Dans une interview à Radio Vatican, le cardinal français Jean-Louis Tauran, qui a été nommé «protodiacre» et sera chargé à l’issue du prochain conclave de révéler le nom du 266e pontife, a rendu hommage au «pape de l’essentiel, qui nous a invités à retrouver nos racines spirituelles et à conjuguer foi et raison». Alors que l’hebdomadaire français La Vie a défini Benoît XVI comme «le pape moine», le cardinal et ancien théologien de la Maison pontificale George Cottier a estimé au quotidien Reppublica que Benoît XVI démissionne «pour appeler toute l’Eglise à la pénitence», à «réfléchir sur elle-même, en conscience devant Dieu».

 

Le pape avait annoncé le 11 février qu’il n’avait plus les forces d’assumer sa fonctions face aux défis d’un monde en pleine mutation. Son départ a créé la stupeur, y compris au sein de l'Église qui n’avait jamais assisté depuis le Moyen-Age à une démission volontaire d’une pontife. De nombreuses personnalités devraient être présentes, comme le nouveau président de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), la banque du Vatican, l’industriel allemand Ernst von Freyberg.

 

Jeudi, Joseph Ratzinger quittera le Vatican, sans cérémonie, pour se retirer sous le titre de «Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite» dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo. Puis il s’installera dans un monastère, caché aux yeux du monde, sur la colline du Vatican. Avec une simplicité correspondant à son tempérament, le pape mettra fin à ses fonctions jeudi à 20 heures. Rien ne marquera cet instant.

 

Un conclave doit se réunir en mars, à une date encore inconnue. Le Vatican espère que le successeur sera élu rapidement et pourra célébrer Pâques à la fin mars, alors que l'Église, confrontée à de nombreux scandales, a besoin d’un nouveau chef pour diriger la barque de 1,2 milliard de catholiques.

 

 

 

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