Les raisons de la démission de la Tchadienne Amalkher Djibrine
La vice-présidente du Conseil économique, social et culturel de l'Union africaine (Cosocc) a déposé sa lettre de démission, après trois ans. La Tchadienne Amalkher Djibrine a expliqué ses raisons à travers une lettre envoyée à ‘’EnQuête’’. Avant d'ajouter avoir averti l'actuel président de l’UA, Macky Sall.
"Je viens, par cette publication, annoncer ma démission de la vice-présidence du Conseil économique, social et culturel de l'Union africaine (Cosocc). C'est après plusieurs tentatives de défendre la vision qui est la vôtre, celle d'une Union africaine des peuples et surtout après avoir essayé, sans succès, de corriger les dysfonctionnements structurels au sein de notre organe que j'ai décidé d'écourter le mandat que vous m'avez confié en décembre 2018. Je me dois donc de vous rendre compte de cette lourde décision que j'ai prise à contrecœur", écrit Amalkher Djibrine, Vice-Présidente du Cosocc.
Dans la lettre reçue à ‘’EnQuête’’, la Tchadienne soutient que face au refus méprisant de la Commission de l'Union africaine à rappeler à l'ordre le Secrétariat administratif du Cosocc qui crée des dysfonctionnements au sein de l'organe, en s'arrogeant des pouvoirs qui ne sont pas les siens, en dépit des injonctions des pays membres de l'UA, la privation des membres élus de l'organe de leur droit de décider de la destinée de l'organe. Elle dénonce les mauvaises gestions administratives et budgétaires des programmes alloués au Cosocc par les États membres de l'Union africaine, l'organisation des activités non approuvées par le bureau élu de l'organe, le refus délibéré du Secrétariat administratif de rendre compte des activités organisées sans l'aval de la présidence de l'organe et le non-respect des cadres réglementaires.
Il y a aussi eu la suspension de certains membres du bureau élu du Cosocc par la présidence de la Commission de l'Union africaine en dehors de tout cadre réglementaire et sans avoir confronté les versions des parties et sans attendre l'Assemblée générale qui est l'organe habilité à délibérer sur ce cas.
Ce qui lui fait écrire : "Après avoir essayé, à plusieurs reprises, de saisir les organes de l'Union africaine concernés par cette situation qui crée de dysfonctionnements et des conflits d'intérêts au sein du Cosocc et après avoir protesté par les voies diplomatiques, j'ai décidé de rendre le tablier et de m'écarter de toutes ces manigances contraires aux idéaux des pères fondateurs de l'Union africaine. Par ailleurs, pour confirmer ou infirmer les raisons que nous avons évoquées ci-dessus, nous suggérons au président en exercice de l'Union africaine, Macky Sall, à qui nous avons envoyé notre lettre de démission, de diligenter une enquête indépendante visant à situer les responsabilités et à déceler les causes des dysfonctionnements, comme recommandé par certains Etats membres au cours du sommet de février 2022, d'explorer la possibilité pour les organes de l'Union africaine comme le Cosocc de recruter leur propre staff de qui ils reçoivent des instructions et à qui ils rendent compte".
Egalement, dans la note, Amalkher Djibrine souligne que la société civile africaine mérite mieux que de faire de la figuration. Le moment venu, elle promet de tenir un point de presse pour dresser son bilan à la vice-présidence du Cosocc de l'Union africaine.
CHEIKH THIAM