Une femme de ménage face au juge du tribunal d’instance

Hier, au tribunal d’instance, une femme a craqué. Rose Marie Louise Ndour, 33 ans, femme de ménage dans un grand hôtel de la place, s’est effondrée en larmes pendant la plaidoirie de son avocat. Divorcée et mère de trois enfants, elle comparaissait pour vol à l’occasion du service. En cause : 500 000 francs CFA et 200 dollars portés disparus dans deux chambres différentes de l’hôtel où elle travaille depuis plus d’un an.
Les chambres 711 et 613. Deux chambres où deux montants sont déclarés perdus. Le premier client déclare avoir quitté sa chambre pour aller prendre son petit déjeuner, laissant sa sacoche à l’intérieur. À son retour, l’argent avait disparu. Les caméras de surveillance révèlent que seule Rose est entrée. L’argent, lui, sera retrouvé sous le lit, bien posé, selon la sécurité.
Interrogée à la barre hier, Rose Marie nie toujours avoir volé. « Ce n’est pas moi qui ai mis l’argent sous le lit », lance-t-elle. Elle explique avoir accédé à cet étage pour vérifier si les portes étaient bien fermées. Dans la chambre 613, où 200 dollars manquent aussi, elle admet s’y être rendue à midi. « Mais je ne suis pas la seule à y avoir accès. Un technicien est aussi entré avec le client », s’est-elle défendue.
Le chef de sécurité de l’hôtel, Cheikh Omar Tall, confirme l’avoir vue au 6e étage. Il se souvient aussi qu’elle lui avait assuré ne pas être entrée dans la chambre suspecte. Pourtant, les images montrent qu’elle a monté jusqu’au 6e étage via les ascenseurs. A-t-elle rejoint les escaliers après ? Les déclarations du chef de sécurité varient. S’il en avait la certitude lors de l’enquête, cela n’a pas été le cas hier devant le magistrat. Une contradiction qui a semé le doute.
« Elle est ici à cause de simples suppositions », plaide son avocat. « Depuis presque deux ans, elle travaille sans contrat stable, payée 150 000 francs. On ne peut pas la condamner sur la base d’interprétations », poursuit-il. Rose Marie Ndour écoute, tête baissée, les larmes coulant sans retenue. Deux semaines de détention déjà. Une demande de liberté provisoire a été rejetée. Le ministère public, lui, réclame l’application de la loi. Le délibéré est attendu le 14 avril.
MAGUETTE NDAO