La priorité aux investissements et aux bourses
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est passé à l’Assemblée nationale ce weekend. Une occasion pour les députés de demander à Mary Teuw Niane de trouver une solution définitive au retard endémique noté dans le paiement des bourses et à casser le monopole d’Ecobank.
Le budget du ministère de l’Enseignement supérieur s’élève à 130 197 482 440 F Cfa pour l’exercice 2015. Il a été voté samedi dernier à l’unanimité. Par rapport à l’année passée, il a été constaté une hausse de plus de 12 milliards, soit 10,32% en valeur relative. Un budget qui, selon le ministre Mary Teuw Niane, mise sur la construction des infrastructures et la réhabilitation de celles existantes. Ceci afin d’accroitre les capacités d’accueil pour faire face au flux de nouveaux bacheliers. C’est ce qui explique que le budget d’investissement soit passé de 21 à 33 milliards entre 2014 et 2015.
L’Ucad par exemple est dotée de 2,218 milliards. Mais c’est pour réhabiliter le Rectorat, l’Office du Bac, l’Amphi 7, l’Auditorium, les amphis communs de la Fasse, l’amphi Mbaye Guèye ainsi que les amphis A et B de la Faculté de droit. Le ministre a précisé que si l’UCAD n’a pas eu de nouvelles constructions, c’est que l’objectif est de faire baisser ses effectifs pour la désengorger. Il est aussi prévu le recrutement de 200 postes pour les enseignants. Dans cet effectif, l’UCAD a droit à 100 enseignants, les Universités de Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor et Bambey reçoivent chacune 20 pédagogues, et 10 pour respectivement l’ISEP de Thiès et l’UVS.
Au cours des discussions en plénière, la question des bourses a occupé une place centrale. Après avoir félicité le ministre pour le nettoyage ayant permis d’élaguer les non-ayants droit, les parlementaires l’ont invité à veiller à ‘’l’allègement des procédures pour surmonter les lourdeurs bureaucratiques relevées dans le circuit des paiements des bourses ainsi que la diversification des banques en charge de ces allocations’’. Sur le problème du retard, le ministre a annoncé les efforts consentis. Et il déclare avoir travaillé avec ses collègues concernés pour la fin de toutes sortes de retard afin de pacifier l’espace universitaire.
La fin du monopole d’Ecobank
Aux dires de Mary Teuw Niane, c’est la première fois que l’Etat est parvenu à payer les bourses au mois de novembre. Il a même payé le 20 du mois passé, c’est-à-dire 10 jours avant la fin du mois. Les bénéficiaires sont les étudiants en L1, L2 et M1 et Doctorat. Ceux de la licence L3 et du M2 qui sont dans les écoles d’ingénieurs et la Faculté de médecine devraient être payés au mois de décembre. Les états sont déjà prêts, assure le ministre. Toutefois, il attend d’être sûr que ceux de L3 et M2 dans les autres facultés et UFR ont obtenu leur diplôme et ont été sélectionnés pour le cycle suivant. Car pour ceux-là, être un impétrant n’est pas nécessairement synonyme de passage au cycle suivant.
Au-delà du retard, il y a aussi la difficulté dans le paiement. Les députés veulent que le monopole d’Ecobank soit cassé. Ndèye Lissu Cissé a été la première à aborder ce sujet : ‘’Vous avez innové avec Ecobank, mais ça ne suffit pas’’, a-t-lancé au ministre. Pape Diallo dit Zator Mbaye se fera plus précis : ‘’Il faut diversifier les sources de paiement. Ça pose problème à l’heure de Wari, Joni-Joni et autres’’. Mary Teuw Niane a laissé entendre que cette diversification est déjà envisagée, puisqu’étant une instruction du Président Macky Sall. D’ailleurs, le contrat avec la ‘’banque panafricaine’’ arrive à terme en 2015. ‘’Une commission entre les deux ministères travaille là-dessus’’, soutiennent tour à tour le Pr Mary Teuw et son collègue du Budget, Birima Mangara. Pour l’instant l’option d’impliquer La Poste est sérieusement envisagée.
Mary Teuw au sommet de l’hémicycle Mary Teuw Niane est certainement un ministre bien aimé par les députés, et pas seulement ceux de la majorité. Samedi dernier, à l’hémicycle, pas un seul parlementaire n’a pris la parole sans le féliciter et louer son courage dans sa façon de conduire la réforme. Courage, discipline, ouverture, compétence, etc., sont les mots qui revenaient en permanence dans la bouche des 38 orateurs. Aida Mbodji a été la première à saluer l’esprit d’ouverture du ministre, l’implication des élus locaux dans ses actions et le partenariat gagnant-gagnant. Certains ont même eu des propos à la limite dithyrambiques à son endroit. En voici quelques extraits. Aimé Assil qui apparemment ne parle pas bien le wolof s’y est un peu essayé. ‘’Je n’ai pas l’habitude (sic) de taggué niit (chanter les louanges de quelqu’un). On en connait des ministres. Mais vous, vos actions, on en parle dans les couloirs’’. Maguette Tall renchérit : ‘’il est celui qui mérite le plus d’avoir un budget. Contrairement aux autres, il investit tout ce qu’on lui donne dans la société. Il mérite même à lui seul la moitié du budget du Sénégal’’. El hadji Mangane se signale à son tour : ‘’On a tout dit sur toi, mais tu reste serein. Comme le dit l’adage, les chiens aboient la caravane passe’’. La député Penda Seck Dieng de conclure : ‘’Si je pouvais demander au Président de vous laisser à la tête de ce département le temps qu’il faut, je l’aurais fait’’. |
BABACAR WILLANE