''Il est temps d'éliminer la pauvreté chez les artistes''
Youssou Ndour a présenté hier à son public ''Fataliku'', son dernier opus. L’événement a eu lieu à la place du Souvenir africain, à travers une séance de dédicace. Mais le leader du Super Étoile a surtout profité de l'occasion pour dénoncer les mauvaises conditions de vie de certains artistes. Il a fait l'apologie de l'économie de la culture, synonyme à ses yeux de meilleures conditions de vie et de travail pour les artistes.
''Le Sénégalais aime la musique, mais ne l'achète pas'', a déploré, hier, le roi du mbalax Youssou Ndour. C'était à l'occasion d'une séance de dédicace consacrée à son dernier album, à la place du Souvenir africain. ''Fataliku'' est le titre de la nouvelle production de l'ancien ministre du Tourisme et des Loisirs. ''A travers l'internet, l'Occident a encore ses magasins de disques.
Pourquoi, nous ne pouvons pas faire pareil ?'', s'est-il demandé. Pour lui, il est temps que les artistes sénégalais vivent de leur art. ''Tous les grands de ce pays comme le Président Léopold Sédar Senghor, ont travaillé sur des conceptions et ont écrit des textes très riches, mais aucun d'entre eux n'a travaillé sur l'économie de la culture.
Il est temps que les gens se penchent sur comment éliminer la pauvreté chez les artistes'', a-t-il dénoncé. De l'avis de l'interprète de ''borom gaal'', il est temps que les choses changent. Il a plaidé pour de meilleures conditions de vie et de travail des artistes. Pour lever toute équivoque, il a tenu à attirer l'attention des gens sur la différence entre ce qu'on voit à la télé à travers les clips et la réalité du terrain. ''La personne qui crée a des enfants.
On voit à la télé un artiste bien habillé dans un clip alors que dans la vraie vie, il a d'énormes difficultés''. ''Siiw té yoroo, dara gënu koo metti'' (ndlr : Rien n'est plus dur qu'être célèbre et fauché en même temps). A l'en croire, il faut que les pouvoirs publics se mobilisent derrière les artistes et que les acteurs du secteur privé jouent leur partition.
''Le Sénégal avec sa richesse musicale doit avoir une usine pour fabriquer des CD, des DVD, des clés USB sous forme d'albums. Ce n'est pas l’État qui doit financer ces projets, mais des privés'', a-t-il suggéré. Sur cette lancée, le leader du Super Étoile dit ne pas oublier ceux qui ne sont pas de la génération 2.0. ''Tout le monde n'a pas internet et je n'ai pas oublié cette frange que cela concerne'', a-t-il précisé.
L'album présenté hier n'est que le premier d'une longue liste, si Dieu prête longue vie au roi du mbalax. En effet, Youssou Ndour envisage de sortir un album chaque année à la date du 4 avril. Histoire de rendre hommage à des figures emblématiques de la chanson sénégalaise. Pour cet album, il a repris des chansons de Samba Diabaré Samb, de Lalo Kéba Dramé, de Ndiaga Mbaye et une chanson folklorique sénégalaise.
''J'ai rejoué ces morceaux à ma manière avec des paroles à moi tout en respectant la base musicale de la chanson'', a-t-il expliqué. Ainsi, dans ''kontaan na xaléyi'' l'on sent nettement le son dominant de la kora. Le rythme mandingue domine dans ''souvenirs''. ''Xajaalo'' renvoie au style de son concepteur originel en l'occurrence Ndiaga Mbaye. Enfin, ''juboo'' rappelle le folklore wolof.
Youssou Ndour compte aller plus loin dans son souhait de rendre hommage à ces grands noms de la musique traditionnelle sénégalaise. Il va organiser une soirée au théâtre Sorano et toutes les recettes vont être versées aux familles de Ndiaga Mbaye, de Lalo Kéba Dramé et de Samba Diabaré Samb.
BIGUÉ BOB