''Désormais, appelez-moi Cheikh Ndiaye''
A Dakar depuis hier dans le cadre de la 12e édition d'Africa fête au Sénégal, la star de la musique guinéenne, Sékouba Bambino Diabaté, s'est prêté aux questions d'EnQuête. Il revient dans cet entretien sur les rapports qui le liaient au défunt feu Mamadou Konté, fondateur du festival Africa fête, sur son double album et le renouveau démocratique en Guinée.
Vous êtes au Sénégal dans le cadre du 12e Festival Africa fête qui rend hommage à son fondateur Mamadou Konté. Quel sentiment vous anime ?
C'est un grand plaisir pour moi. Mamadou Konté m'a beaucoup soutenu au début de ma carrière. C'est quelqu'un qui est resté dans mon cœur. Je me rappelle bien qu'en 1982, j'étais en tournée avec le Bembeya Jazz et il m'a vu chanter sur scène. Après, il est venu près de moi et m'a demandé mon nom. Quand je lui ai dit mon nom, il m'a confié : ''Le jeune, tu as une belle voix. Tu viens d'arriver dans le Bembeya mais je sais qu'un jour tu vas être un grand chanteur. La voix que j'ai écoutée ce soir m'a vraiment touché. Je peux dire que tu es un lion qui dort. Le jour où tu vas te réveiller, ça va vraiment secouer.'' Depuis ce jour, on a gardé de bons contacts. Je l'ai considéré comme mon conseiller et il a toujours répondu présent. Donc, si on m'appelle aujourd'hui pour donner un concert en hommage à Mamadou Konté, c'est un énorme plaisir pour moi. Et je joue pour une deuxième fois à Africa fête.
Comment appréciez-vous Africa fête sans Mamadou Konté ?
C'est très bien ; l'organisation est réussie. Pour moi, Mamadou n'est pas là physiquement avec ses dreads locks, cependant, on le voit partout. Il est dans tout le processus d'organisation, on le sent. De Paris à Dakar, je suis satisfait sur toute la ligne.
Vous allez jouer vendredi soir à l'Institut français de Dakar (ex-CCF). Que comptez-vous proposer à l'assistance ?
Que les Sénégalais viennent voir. Le plus difficile était de faire le déplacement et de venir ici. C'est déjà fait. Pour le reste, ça va se jouer ici. Je sais que le public sénégalais est adorable, c'est un bon public. Je peux d'ores et déjà assurer à ceux qui viendront qu'ils ne vont pas le regretter.
Vous avez récemment sorti deux albums sur le marché international. Voudriez-vous nous en dire un peu plus ?
Les deux enfants-là viennent juste de voir le jour. Ils ont à peu près six mois maintenant. Le premier s'appelle ''Innovation'', le deuxième ''Ndiatiguiya'' (tutorat en langue mandingue). Ce double album entre dans le cadre de la célébration de mes 20 ans de carrière. Il y a 5 ans, j'ai fêté ma quinzième année de présence sur scène. Cette fois-ci, c'est un nouveau style que j'ai adopté. Je me suis un peu aventuré dans la musique zouk. L'album a été arrangé par Manu Lima. La première fois qu'il a écouté ma voix avec la musique qu'il avait arrangée, il a dit : ''Ça, c'est une innovation. C'est du jamais vu''. Il a même ajouté : ''Sékouba, je savais que tu étais un bon chanteur mandingue, mais je ne savais pas que tu avais une voix qui pouvait se poser aisément sur une musique zouk.'' Aujourd'hui, ce que je souhaite dire aux Sénégalais par rapport à ce double album, c'est de savoir que cette production est aussi pour eux. Je sais que la musique zouk est bien appréciée ici. Quand on parle du Sénégal, on pense forcément au Cap-Vert. Je suis africain, je suis un bon musicien, et la musique n'a pas de frontière. Je fais ça pour mon public, pour mes fans, où qu'ils soient.
Pourquoi êtes-vous attiré par le zouk ?
La musique zouk est une musique trop sentimentale. Et je sais que vraiment, c'est un style destiné aux amoureux. Et la plupart de mes chansons parle d'amour. Dans cet album ''Innovation'', il n'y a que des chansons d'amour. C'est totalement et entièrement composé de titres qui touchent à l'amour. Alors, quand il s'est agi de faire ces titres-là, je me suis dit que je ne pouvais pas trouver mieux que le rythme zouk.
Pourtant l'autre album, ''Ndiatiguiya'', porte des rythmes traditionnels...
Voilà, celui-là représente Sékouba Bambino le Djali, le griot et le mandingue. Celui-là n'étonne personne. Je suis né avec ça. Cet album, je l'ai fait pour remercier mes amis et ceux qui sont restés avec moi tout au cours de ma carrière. Il y en a tellement qui m'ont épaulé et soutenu depuis 20 ans. ''Ndiatiguiya'' est donc une dédicace à mes tuteurs.
Vous en êtes à combien d'albums dans votre discographie ?
J'en suis à mon quinzième album, je crois. On en a beaucoup fait, et on n'est pas près de s'arrêter aussi. Tant que le public est là pour danser avec nous et nous soutenir, on va continuer.
En Guinée, votre pays, il y a un renouveau avec l'accession au pouvoir d'Alpha Condé. Qu'est-ce que cela a apporté au secteur culturel ?
Comme on a dit, et cela paraît comme un slogan, c'est le changement. Alors nous prions pour que ce changement touche tous les secteurs. Nous souhaitons que la Guinée change et on a bon espoir. Pour ma part, je dis merci, parce qu'il y a la paix et c'est le plus important. Il faut qu'il y ait d'abord la paix, ensuite, tout pourra se faire.
Que pensez-vous de la musique mbalax ?
J'adore la musique mbalax (Il se répète). C'est pour cela d'ailleurs que je me suis rebaptisé. Je m'appelle maintenant Cheikh Ndiaye. Je n'arrête pas d'écouter le mbalax.
PAR BIGUÉ BOB
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