Qui règne par les armes périra par les armes !
Le problème soulevé par les responsables du Parti démocratique sénégalais à propos de la convocation de certains dignitaires du régime précédent est à mon avis un faux débat, un moyen de distraire les Sénégalais pour les détourner de l’essentiel. Avant l’avènement du Président Macky Sall, combien de personnalités ont été convoquées soit à la Division des Investigations criminelles (DIC), soit à la Section de recherches de la gendarmerie, soit devant le juge pour s’expliquer sur des faits qui leur étaient reprochés.
Souvenons-nous des enquêtes qui ont eu lieu au début de l’alternance en 2000. Ceux qui avaient été convoqués ont répondu sans faire de bruits et les innocents n’ont pas du tout été inquiétés : Pourquoi ces responsables du Pds n’auraient-ils pas le même comportement ? Sont-ils des citoyens au-dessus des autres sénégalais ? S’ils n’ont rien à se reprocher, ils ne doivent pas être perturbés. Mais qu’ils acceptent que le temps où ils faisaient régner leurs lois au profit de leurs amis tout en écrasant ceux qu’ils n’aimaient pas, ce temps-là est à jamais révolu.
Tous les Sénégalais doivent faire entendre leur voix pour défendre les intérêts du peuple. C’est pourquoi j’apprécie bien la réaction des leaders de la Coalition Benno Bokk Yaakaar qui ont tenu des propos véridiques, patriotiques et hautement responsables. Sur un autre plan, j’entends des gens critiquer le « bilan » du Président Macky Sall. Avant de dire quoi que ce soit, souvenons-nous du mécontentement populaire qu’il y a eu ces cinq dernières années. Je n’invente rien en parlant de mécontentement populaire parce que les Sénégalais dans leur écrasante majorité passaient tout leur temps à se plaindre de la cherté des denrées de toutes sortes, de la gabegie du népotisme, du bradage, du tripatouillage de la Constitution, de la banalisation des institutions, de l’arrogance de nos dirigeants, de la destruction de toutes les valeurs (car tout ce qui était valeur est devenue anti-valeur et vice-versa) et des maux dont souffrait le pays comme par exemple la crise scolaire qui n’a que trop duré.
Si nous résumons tout cela, on constate que le nouveau président doit faire face à plusieurs chantiers qui demandent à être réalisés le plus rapidement possible car ils sont tous des agences. Est-il possible de régler toutes ces questions en sept mois ? Ma conviction la plus profonde est que, même en cinq ans, on ne peut pas y parvenir quelle que soit sa bonne volonté parce que l’héritage est lourd et presque tout est à reconstruire. Il faut du temps et beaucoup de moyens pour sortir le Sénégal du gouffre dans lequel il est plongé.
Le nouveau régime n’est pas donc responsable de ces catastrophes. Malgré tout, il a le mérite en sept mois d’avoir réalisé beaucoup de choses et d’avoir posé des jalons importants pour plus de progrès et de bien-être social. Et vous le savez, sept mois, c’est juste le temps d’une imprégnation dans un mandat présidentiel qui doit donner 5 ans (ou 7 ans).
Sortir le pays du gouffre suppose avant tout une reconversion des mentalités. Il faut qu’on accepte tous que la république ne doit pas appartenir seulement à une catégorie de privilégiés qui règnent en maîtres absolus et qui se partagent les richesses du pays. Il faut que celles-ci soient rationnellement et équitablement utilisées pour tous les Sénégalais, c'est à dire pour un développement qui tienne compte de nos intérêts et de ceux des générations futures. Je veux parler d’un développement durable. Cela suppose qu’on mette fin au règne des corrompus et des corrupteurs.
Nous devons tous être objectifs, patients et soutenir le président de la République et ses alliés dans leur lutte perpétuelle pour l’assainissement des finances publiques, la défense et la promotion des bonnes valeurs, le traitement égalitaire des citoyens et l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais.
Au lieu d’avoir une attitude nihiliste, anarchiste tendant à tout détruire, ayons une attitude constructive. Il y va de notre intérêt et de celui de nos enfants. Le pays nous appartient à nous tous. De grâce, ne le détruisons pas. Nous avons perdu trop de temps avec les commérages qui ne cessent jamais et qui ne servent à rien du tout.
MOUSTAPHA NDIAYE
Ancien Président du Conseil régional de Louga