Les grands moments d'une guerre qui monte en violence
Rewmi et Apr ont depuis longtemps cessé de se caresser la joue. Désormais, c'est à une pluie de coups entre responsables que l'on assiste, en attendant que les deux mentors retiennent leurs troupes, ou accentuent la fracture selon les objectifs des uns et des autres. EnQuête revient sur les dates clés d'une rupture annoncée.
Benno Bokk Yaakaar devra-t-il aller aux prochaines élections locales sans sa garde thiessoise ? Le maire de Thiès et ses compagnons sont-ils en train de quitter la troupe ? Le parti Apr fait-il des manœuvres pour chasser le maire de Thiès hors du groupe ? Autant de questions que les Sénégalais se posent, sans toujours trouver les réponses adéquates.
On s'en souvient encore, Idrissa Seck disait le 28 juin 2012, à l'occasion de la campagne électorale des dernières législatives : «Il n’y a absolument aucun risque qu’un leader quelconque (de Benno Bokk Yaakaar) pose des actes qui puissent disloquer prématurément cette coalition.» La question que les observateurs peuvent se poser est donc la suivante : le communiqué du Secrétariat national de Rewmi qui a remis le feu aux poudres doit-il être de nature à disloquer la coalition BBY ?
Ce même jour, le président de Rewmi avait également souligné : «Ce qui cimente la coalition Benno Bokk Yaakaar, c’est ce besoin de prendre en charge, de façon vigoureuse et urgente, les préoccupations des populations, et cela nous interdit (les leaders de la coalition Bby) de nous arrêter sur nos ambitions personnelles.» Autre question : demander le respect des droits des personnes dans le viseur de la justice sur les biens mal acquis participe-t-il à affirmer des ambitions personnelles ? Pour les partisans d'Idrissa Seck, la réponse est non. Mais pour les lieutenants de Macky Sall, c'est une posture dangereuse qui cacherait des non-dits incompatibles avec la solidarité gouvernementale.
On s'en souvient encore, le 22 septembre 2012, Cheikh Kanté, Directeur général du Port autonome de Dakar (PAD) avait convaincu Mory Tine de rejoindre le parti présidentiel. Ce dernier était alors le directeur de cabinet du maire «seckiste» de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord. Depuis, une guerre feutrée puis ouverte s'est ouverte entre Rewmi et Apr. Et pour ne rien arranger, Idrissa Seck monta encore au front.
Le 24 octobre 2012, jour de Tabaski, le patron des Rewmistes déclara à grand renfort médiatique : «il n’y a pas d’avancée significative sur l’ensemble des chantiers de l’État.» Une sortie qui eut le don de relever encore plus le thermomètre des relations entre deux alliés de la mouvance présidentielle.
Entre temps, les débauchages de cadres militants de Rewmi se sont poursuivis, plongeant les partisans du maire dans l'énervement. Et le 6 janvier dernier, c'est un pan de la coordination des jeunes rewmistes qui finit par lâcher leur mentor pour se retrouver dans l'escarcelle de Thierno Alassane Sall, ministre des Infrastructures et des Transports, à qui on prête des ambitions pour la mairie de Thiès.
Apparemment impuissants face à cette situation, les responsables de Rewmi refusent de «continuer à être les dindons d'une farce» et exigent, le 9 janvier 2013, que le président de la République rappelle à l'ordre «ses parvenus et opportunistes politiques qui jouent à saper la dynamique unitaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar». Ce week-end, les coups ont continué à pleuvoir encore entre «apéristes» et «rewmistes» alors que les deux leaders, qui se sont rencontrés en secret, gardent pour eux-mêmes le contenu de leurs discussions.
NDÈYE FATOU NIANG