Les recherches se poursuivent au Nigeria
Les forces nigérianes passaient au peigne fin jeudi une zone frontalière du Cameroun pour localiser les sept otages français, dont 4 enfants, retenus depuis 72 heures et qui seraient "divisés "en deux groupes", selon le président français François Hollande.
Le sort des otages a fait l'objet dès le début de la matinée d'informations contradictoires annonçant jusqu'à leur libération avant un démenti formel opposé par les autorités françaises. La priorité est "d'abord d'identifier la place exacte où (ils) seraient retenus, sans doute en deux groupes", avant d'envisager "comment nous pourrions les faire libérer dans les meilleures conditions", a déclaré jeudi le président français devant la presse. "Nous sommes en pleine coopération avec les autorités nigérianes et camerounaises pour localiser l'endroit où seraient retenus nos ressortissants", a-t-il précisé.
Au Nigeria, les forces de sécurité concentraient jeudi leurs recherches dans le nord-est du pays, frontalier avec le Cameroun où les 7 touristes français ont été enlevés, selon une source sécuritaire. "Selon nos informations, les ravisseurs pourraient retenir leurs otages dans la région de Dikwa", proche du Cameroun, a poursuivi cette source. "Mais nous ne connaissons pas l'endroit précis (...) nos confrères des services de l'immigration sont mobilisés et nous avons des ordres stricts pour mener cette opération avec prudence", a-t-il dit. Les sept Français, trois adultes et quatre enfants âgés de 5 à 12 ans, en vacances dans le nord du Cameroun, ont été enlevés par des hommes à moto. Le Cameroun a indiqué que les ravisseurs ont pris ensuite la direction du Nigeria proche, avec leurs otages, en traversant juste des zones marécageuses.
Dans le courant de la journée, le gouvernement français a coupé net aux informations faisant état de la libération des otages, annoncée pourtant dans la matinée par une source militaire camerounaise. "Le Quai d'Orsay dément l'information selon laquelle les otages français seraient libérés", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. Un officier supérieur de l'armée camerounaise avait affirmé auparavant que les otages étaient "sains et saufs" et "aux mains des autorités nigérianes". "Ils ont été retrouvés abandonnés dans une maison dans la localité de Dikwa", à une centaine de kilomètres de la frontière camerounaise, avait-il dit.
Selon lui, les otages devaient "être remis aux autorités camerounaises à Kousseri", ville située dans l'extrême nord du Cameroun, frontalière du Tchad. Mercredi soir, la famille Moulin-Fournier, dont le père, Tanguy, travaille pour GDF-Suez à Yaoundé, aurait été localisée dans la petite ville de Dikwa, dans l'Etat nigérian de Borno, aux confins du Nigeria, du Cameroun, du Tchad et du Niger, selon cette même source.
"Discrétion et détermination"
Il s'agit du premier enlèvement de Français depuis le début de la guerre lancée par la France le 11 janvier au Mali pour déloger des groupes islamistes armés qui occupaient le nord du pays. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a déclaré jeudi que "ces rumeurs de libération (des otages) ne sont pas fondées malheureusement". Quand "il s'agit d'une prise d'otage, il y a deux règles à respecter la discrétion et la détermination, et je respecterai ces deux règles", a-t-il ajouté.
Le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a lui aussi démenti jeudi la libération de la famille, qualifiant l'information de "folle rumeur". "Si d'aventure ce qui s'est dit à travers cette rumeur était une vérité, le gouvernement camerounais aurait déjà porté l'information à la France", a déclaré le ministre au cours d'une conférence de presse. L'enlèvement de la famille n'a pas été revendiqué, mais le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avait mis en cause le groupe islamiste Boko Haram, très actif dans le nord-est du Nigeria, auteur de nombreux attentats meurtriers dans ce pays.
Boko Haram affirme combattre pour la création d'un Etat islamique au Nigeria, mais ses revendications ont déjà changé plusieurs fois et des bandes criminelles agissent aussi en se faisant passer pour des membres du groupe radical. Un autre groupe islamiste nigérian, qui pourrait être une faction de Boko Haram, Ansaru, a pour sa part revendiqué l'enlèvement d'un ingénieur français dans le nord-ouest du Nigeria en décembre et celui de sept étrangers le week-end dernier dans l'Etat de Bauchi (nord). Les enlèvements contre rançon par des bandes criminelles sont fréquents au Nigeria. Mais un lien entre l'enlèvement de la famille et l'intervention française au Mali a aussi été évoqué. Avec les sept personnes kidnappées au Cameroun, quinze otages français sont détenus en Afrique.
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