Publié le 22 Feb 2013 - 09:36

Lettre à Moussa Touré

 

 

Vous avez été Ministre de la République. Vous aimez le rappeler. Vous avez été Ambassadeur. Vous en parlez moins. Vous avez été Président de la Commission de l’UEMOA. Vous en parlez avec amertume. Vous avez été candidat à la Mairie d’arrondissement de Gueule Tapée. Vous n’en parlez jamais. Enfin, vous avez été ex-futur candidat à la présidentielle de 2012. Vous n’avez jamais abordé les raisons de fond de votre forfait.

 

Un tel parcours ponctué par des impasses et de mauvaises passes, sans doute de quelques moments de gloire, devrait, en principe, vous inspirer un peu plus d’humilité dans le comportement et de retenue dans le propos. L’honneur d’un homme réside dans cette double posture. Votre sortie dans l’édition du lundi 18 février 2013 de Walf Fadjri ne vous honore pas. Vous avez, en effet, été excessif dans le propos et « hors jeu » du comportement qui sied à quelqu’un qui a assumé d’aussi hautes charges publiques. Et sur la forme, et sur le fond.

 

Sur la forme d’abord. La hargne le dispute à une facilité déconcertante des énoncés dans votre discours. L’utilisation de la métaphore de  « la peste et le choléra » indique nettement que vous n’avez aucun respect pour le peuple sénégalais qui, à 65%, a fait confiance au Président de la République Macky Sall. Dire que « choisir c’est plus éliminer qu’élire », reprenant une citation hors contexte de Gide, est désolant pour un ancien Ministre. Il est des formules de ce genre qui relèvent plus de la rhétorique que d’un jugement de réalité. On aurait souhaité plutôt qu’un élève en apprentissage des subtilités de la langue l’assume dans une dissertation !

 

Sur le fond. Vous n’êtes pas que violent et délibérément nihiliste. Vous êtes péremptoire et dogmatique, économiste aux certitudes carrées. Comment osez-vous dire, un seul instant, que l’Etat n’a pas comme vocation de créer la richesse et des emplois ? Dire que vous souhaitiez que les Sénégalais vous confient la gestion de leur quotidien ! Dans un contexte de rareté de ressources, de faiblesse du secteur privé et de difficile attraction des investissements conséquents du fait de la taille des marchés, comment pouvez-vous disqualifier, un seul instant, l’Etat dans les stratégies de développement ? L’histoire des pays qui ont brisé le cercle infernal de la pauvreté et des ruines occasionnées par la guerre est d’abord une histoire de l’implication active de l’Etat dans les stratégies de création de richesses et d’emplois.

 

D’ailleurs, où et quand le Président Macky Sall a-t-il déclaré que c’est l’Etat seul qui va créer les 300 000 emplois à l’horizon 2017 ? Améliorer l’environnement des affaires, transformer les bases de l’agriculture, favoriser l’essor d’un dense réseau de PME/PMI appuyé par de nouveaux instruments tels le Fonds de garantie des investissements communautaires, le Fonds souverain d’investissements stratégiques et la Banque nationale de développement économique, entre autres… Telle est la stratégie en partage que portent l’Etat, le secteur privé et autres acteurs de développement.

 

Ce qui inquiète le plus, c’est lorsque l’ancien ex-futur candidat à la présidentielle tombe dans cette déduction aussi facile : « depuis 1960, on n’a pas réussi à créer autant d’emplois, donc ce n’est pas en trois ou quatre ans qu’on réussira… » ! On comprend maintenant un peu plus, avec un tel discours, pourquoi votre candidature à une mairie d’arrondissement n’a pas prospéré, pourquoi vous avez déclaré forfait avant même de livrer bataille à la dernière présidentielle. De la prétention à la démission, la frontière est plutôt des plus poreuses !

 

Oui, on peut être ancien Ministre, ancien Ambassadeur, ancien Président de commission, ancien malheureux candidat à une mairie d’arrondissement, ancien ex-futur candidat à la présidentielle, être tout cela à la fois et dire des platitudes. Vous le prouvez bien !Pouvez-vous apporter des preuves tangibles lorsque vous évoquez la présence de la « famille, la belle famille, les amis et le parti » au cœur de l’Etat ? Pouvez-vous apporter des preuves tangibles lorsque vous déclarez que le train de vie de l’Etat a augmenté ? Suppression d’une soixantaine d’agences et de structures à l’efficacité peu évidente, des économies sur la facture téléphonique de l’Etat, rationalisation de la carte diplomatique, gestion plus rigoureuse et efficiente des charges occasionnées par les voyages des agents de l’Etat, y compris les ministres… Il en est de même des postes carburant, parc automobile de l’Etat… Le train de vie de l’Etat, c’est cela ! Ancien Ministre de l’Economie et des finances, la citation d’une source documentaire chiffrée devait être un réflexe pour étayer vos propos. Mais l’ancien ex-futur candidat à la présidentielle se soucie-t-il de cette exigence de rigueur ?

 

Le Président Macky Sall a l’ambition d’inscrire le Sénégal sur une nouvelle trajectoire de développement : refonte totale des bases de l’économie sénégalaise ; gestion efficace, efficiente et transparente des affaires publiques ; lutte contre les injustices et les inégalités sociales grâce à la fin de l’impunité et à la répartition équitable des richesses nationales ; un modèle démocratique irréprochable et une présence active dans le monde. L’ancien ex-futur candidat peut contester ce choix avec des arguments rationnels en s’interdisant, par respect pour son parcours, les invectives et les attaques crypto-personnelles !

 

El Hadj Hamidou KASSE

Alliance pour la République

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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