Une étape de plus au plan mondial dans une lutte pour un projet de société
L’événement est passé inaperçu sur les ondes nationales mais il est trop important pour ne pas être mentionné : le 20 décembre 2012, les 193 pays de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) ont adopté à l’unanimité une Résolution contre les mutilations génitales. Parmi ces mutilations, l’excision pratiquée sur les filles est la plus étendue ; elle est presque universelle.
Pour avoir causé trop de méfaits sur les cibles, particulièrement vulnérables au plan socio-économique, l’excision des filles a fait enfourcher leurs chevaux aux défenseurs des droits humains depuis des décennies. Aujourd’hui, cette Résolution consacre les efforts constants et persistants du Docteur Morissanda Kouyaté qui a porté la bataille à la tribune de l’ONU.
Nous qui avons partagé de loin les préoccupations du Dr Kouyaté à travers le programme des clubs de l’Excellence du FAWE/Sénégal, implantés dans les lycées et collèges, saluons ce succès grandiose et adressons nos très vives félicitations à celui qui a «osé» franchir le rubicond des détracteurs pour accéder à la voix des décideurs mondiaux.
FAWE/Sénégal a trouvé sur le terrain l’ONG TOSTAN et tant d’autres acteurs, chacun développant une forme de stratégie qui lui paraît conforme à son approche, souvent communautaire (IEC/CCC, plaidoyer, sensibilisation). Pour sa part, FAWE/Sénégal a choisi l’approche pédagogique très novatrice qui, pour promouvoir l’abandon de l’excision des filles, consiste à s’appuyer : sur l’école, vivier des futurs décideurs et vecteur de changement de comportement, sur l’implication des autorités académiques, sur l’engagement de tout un réseau (points focaux, animateurs, parents d’élèves, etc.) et sur le dynamisme d’une coordinatrice nationale.
C’est l’occasion pour nous de témoigner du courage et de la conviction du Ministre de l’Education d’alors, le Professeur Moustapha Sourang, qui avait instruit formellement l’Inspection Générale de l’Education Nationale (IGEN) et les Inspections d’Académie (IA) à prendre en charge la dimension «abandon des mutilations» dans l’enseignement de certaines matières, notamment la Philosophie, l’IC, les SVT, le Français. Cette décision devait rejoindre la loi 99-05 du 29 janvier 1999 votée par l’Assemblée Nationale et illustrer le processus d’éradication de l’excision des filles.
En notre qualité d'ancienne Secrétaire exécutive de FAWE/Sénégal, et au nom de toute l'équipe d'antan, nous accompagnons cette Résolution de nos vœux afin qu’elle soit concrètement suivie des effets tant attendus. Alors seulement la femme et la fille seront libérées des frustrations, de l’inconfort et de la dévalorisation qu’elles sont seules à vivre quotidiennement.
Signalons en passant que le programme des Clubs de l’Excellence du FAWE/Sénégal a été retenu et déclaré « bonne pratique » par l’UNESCO qui a demandé qu’il soit documenté et modélisé pour une mise à l’échelle aux fins de l’Education Pour Tous (EPT).
Dakar, le 21 février 2013
Mme Bineta NGOM MBAYE
Ancienne Secrétaire exécutive de FAWE/Sénégal