Les ménages de Dakar plus affectés, la pauvreté en recul en zone rurale
Une étude récente de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) montre que les ménages de Dakar sont plus affectés par la diminution de la subvention de l'État sur l'énergie. De même, les zones rurales tirent davantage profit de la réforme de l'impôt sur le revenu.
Les soutiens de l’État à l’énergie sont prévus à la baisse par le gouvernement au Sénégal pour des raisons budgétaires. C'est l'économie d'une étude récente de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), publiée en mars 2013. Selon le document, ce soutien revêt la forme de subventions à la production et à la consommation.
Ainsi, les effets du retrait des subventions à l’énergie sur la pauvreté, globalement négatifs, ''seraient plus sévères pour les ménages de Dakar'', relève la DPEE. Pour preuve, les chercheurs notent qu'en ce qui concerne la consommation d'énergie, Dakar se positionne en tête avec 49,8% en électricité et 39,9% en gaz butane contre respectivement 0,4% et 1,6% en milieu rural.
Expliquant le profil et les objectifs des subventions, les experts estiment que dans les pays en développement, elles visent plutôt à soutenir la consommation par le canal des prix et permettent d’atteindre des objectifs socio-économiques et politiques. En tant que tels, les soutiens augmentent le surplus des ménages et paraissent socialement équitables dans un contexte de pauvreté et de fortes disparités des revenus. Ces mesures, au même titre que les transferts publics sous la forme de services sociaux de base, contribuent à alléger les dépenses des ménages qui ''enregistrent une hausse de leur revenu disponible pour l’achat d’autres biens et services'', informe le texte. De ce fait, cet effet-revenu s’accompagne généralement ''d’un accroissement du bien-être'', soulignent les auteurs de l'étude.
Cependant, de l'avis des analystes, ces mesures de soutien créent des distorsions sur les marchés et affectent les incitations. ''Il se manifeste un price gap qui fait que le bénéfice social ne comble pas a priori la perte de surplus économique'', avisent-ils. En outre, poursuivent-ils, les pratiques de subventions ''et/ou de détaxation constituent des transferts indirects aux producteurs étrangers''.
Baisse de l'IR davantage profitable au milieu rural
L'étude s'est aussi intéressée à la refonte du Code général des impôts, entrée en vigueur en janvier 2013, et qui s’est notamment matérialisée par la baisse de l’impôt sur le revenu. Les simulations indiquent que le recul de la pauvreté est globalement attendu de la baisse de l’impôt sur les salaires, surtout pour les ''ménages autres que ceux de Dakar'', indique le document. Ce recul de la pauvreté serait ressenti en ''milieu rural (-0,9%) et dans les autres centres urbains (-0,4%), la proportion des ménages pauvres restant inchangée à Dakar'', souligne l'étude.
Quant aux impacts macroéconomiques, les recettes fiscales et le solde budgétaire s’amélioreraient suite à ''la combinaison de ces mesures'', indique l'étude de ce démembrement du ministère de l'Économie et des Finances. Néanmoins, à en croire les auteurs du document, ces réformes ''ne stimuleraient pas la croissance mais alimenteraient l’inflation, stimuleraient les importations et feraient perdre de la compétitivité à l’économie''.
PIERRE BIRAME DIOH
AVERTISSEMENT!
Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.