Un Espagnol s’était ceinturé 2,4 kg de cocaïne d’une valeur de 120 millions
Un ressortissant espagnol a été condamné hier à 10 ans de travaux forcés et à une amende de 360 millions de francs Cfa par la Cour d’assises de Dakar, pour détention et trafic international de cocaïne.
''Cela fait quatre ans que je n’ai pas entendu la voix de mon fils. Si je sors de prison, je ferai comme si je venais de naître’’. Cette complainte exprimée par Manuel Franconetti Porras, après la plaidoirie de son avocat, n’a pas été entendue par la Cour d’assises de Dakar. L’accusé ne pourra revoir son fils et prendre un nouveau départ qu’en 2019. Car la Cour l’a condamné à 10 ans de travaux forcés et à une amende ferme de 360 millions de francs Cfa. Le ressortissant espagnol voulait gagner quatre millions de francs, en acceptant de convoyer 2,4 kg de cocaïne d’une valeur de 120 millions de francs Cfa.
Divorcé, désœuvré, alcoolique, drogué et sans argent, il avait, après plusieurs refus, accepté le deal. En quittant le Brésil, le 29 mai 2009, il avait dissimulé la drogue dans une gaine scotchée à sa ceinture. Ce jour-là, les éléments de l’Office central de répression de trafic illicite de stupéfiants (Ocretis) avaient ciblé les passagers du vol de la compagnie Turkish Airline. Franconetti a été appréhendé à sa descente d’avion, après une fouille au corps. Il ne connaissait pas le destinataire de la drogue.
‘’La personne qui m’avait donné la gaine au Brésil m’avait demandé de rester à Dakar pour un jour. Le reste, c’est un Nigérian nommé Tony qui devait s’en charger’’, a-t-il confié devant la Cour d’assises. Ces aveux faits, l’accusé a reconnu avoir commis une infraction, en transportant la drogue. Toutefois, il a tenté de se justifier. ‘’Suite à mon divorce, je suis devenu alcoolique pendant deux ans. Un jour, José m’a offert de la coke. En discutant, je lui ai dit que je n’avais pas de boulot. Il m’a proposé un travail sans aucune explication’’, a raconté Franconetti.
Il a révélé avoir décliné la proposition de son compatriote quand il a su qu’il s’agissait de trafic de drogue ; c’était au mois de février. Mais il a fini par céder, vu que son ami revenait à la charge et que sa situation ne s’améliorait guère.
Ses arguments ont laissé de marbre l’avocat général Madiaw Diaw. ‘’Il n’a pas choisi la France, ni l’Espagne encore moins un autre pays riche, mais ce sont nos pauvres pays qui sont choisis pour détruire notre jeunesse’’, a pesté le magistrat qui a déploré que l’Afrique soit une plaque tournante du trafic de drogue. Aussi a-t-il requis 20 ans de travaux forcés et une amende au triple de la valeur de la drogue. ‘’Qu’adviendra-t-il à sa sortie, puisqu'il n’a même pas de réconfort d’une visite ?’’, a rétorqué Me Boubacar Dramé. Il a sollicité la clémence, arguant que son client est une victime. ‘’ S’il était expérimenté, il n’aurait pas accepté de gagner 4 millions sur 120 millions’’, a-t-il insisté sans convaincre la Cour qui a maintenu Franconetti en prison pour six autres années.
FATOU SY
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