Des incidents gâchent la fête du PSG
Les festivités qui devaient marquer le titre de champion de France de football du PSG, lundi sur la place du Trocadéro à Paris, ont été gâchées par les débordements de supporters qui ont fait une trentaine de blessés, dont trois policiers.
Le préfet de police de Paris a dénoncé les comportements "d'une grande violence" de "plusieurs centaines, voire milliers, de casseurs" et annoncé que le club parisien serait désormais privé de manifestations festives sur la voie publique.
Bernard Boucault a précisé à la presse vers 23h00 que 21 personnes avaient été interpellées et que les blessés n'étaient que légèrement atteints.
Ces incidents ont provoqué de nombreuses réactions, notamment dans l'opposition de droite, qui a mis en cause la responsabilité du préfet de police et du gouvernement.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a pour sa part dénoncé des "déferlements de racailles" et lancé un appel à un "sursaut face à cette gangrène".
Dix à quinze mille personnes s'étaient rassemblées l'après-midi sur cette place du XVIe arrondissement pour acclamer leurs champions, assurés du titre la veille après une victoire à Lyon.
Malgré la présence de CRS et de gendarmes mobiles et la venue de renforts portant les effectifs mobilisés à 800 hommes, selon le préfet, la fête a rapidement tourné court.
Les joueurs ont reçu leur trophée en cinq minutes au lieu des 20 prévues. Aucun n'a parlé, pas plus que le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez. Une croisière des joueurs sur la Seine a été annulée.
Après cette cérémonie expédiée, des affrontements ont éclaté entre forces de l'ordre et supporters présumés, avec jets de gaz lacrymogènes contre projectiles et barrières de sécurité.
Des vitrines de magasins et du mobilier urbain ont été brisés, des voitures vandalisées.
DÉCEPTION
"Ils ont gâché la fête", a déploré un supporter, Alexandre, les yeux larmoyants à cause des gaz lacrymogènes. "J'habite le quartier et je suis hyper déçu. Je m'attendais à ce qu'il y ait quelques débordements à la fin mais certainement pas comme ça."
"C'était vraiment hyper mal organisé", a ajouté ce jeune homme de 19 ans. "Les joueurs sont restés à peine deux minutes, on ne les a pas vus et tout est parti en vrille."
Les mouvements de foule, les jets de pétards et de fumigènes ont effrayé nombre de personnes, dont Djeneba, 20 ans.
"J'ai vraiment eu peur. J'étais venue parce que j'étais heureuse de fêter ce titre et au final, on n'a pas vu grand chose et c'était hyper dangereux", a raconté la jeune femme.
L'ambiance était pourtant plutôt bon enfant jusqu'à ce que des "ultras" lancent des fumigènes sur des stewards du club et escaladent un échafaudage dressé contre le palais de Chaillot pour y déployer une banderole.
Le speaker a tenté de les raisonner en expliquant que le fragile édifice risquait de s'effondrer. En vain. La tribune de presse a été envahie avant que tout dégénère.
Bertrand Delanoë a d'abord minoré ces incidents, qu'il a attribués à "une poignée de perturbateurs", estimant que les débordements avaient été "contenus" et n'avaient pas gâché la fête. En fin de soirée, il a cependant admis le contraire et condamné "fermement" dans un communiqué violences et dégradations, tout en invitant à ne pas faire d'amalgames entre "délinquants" et supporters.
Le PSG, propriété du fonds qatari QSI, a également dénoncé "quelques centaines de casseurs qui n'ont rien à voir avec le football" et s'est dit "plus que jamais déterminé" à poursuivre son projet de grand club européen "loin des agissements de ceux qui veulent détruire son rêve".
VALLS VISÉ PAR l'UMP
Le préfet de police, qui avait refusé que les festivités se déroulent sur les Champs-Elysées, a nié avoir sous-estimé les risques. "Nous avons fait notre devoir", a-t-il dit.
L'ancienne ministre UMP de la Justice Rachida Dati, élue parisienne, a estimé qu'interdire le PSG de festivité revenait à "reculer devant les voyous". Mais elle a fait chorus avec d'autres responsables de l'UMP pour mettre en cause la responsabilité des pouvoirs publics et du gouvernement.
Le secrétaire national de l'UMP Jérémy Redler s'est dit "étonné" de "l'amateurisme" avec lequel l'événement aurait été préparé par le ministère de l'Intérieur et la Préfecture de Police de Paris.
Dans un communiqué, cet élu du XVIe arrondissement a demandé au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, de "faire toute la lumière sur cette scène de guérilla urbaine".
Marine Le Pen est allée encore plus loin en dénonçant "des déferlements de racailles (qui) ont saccagé le cœur de Paris" et en affirmant que "des barbares (...) ont fait d'innombrables victimes".
"La France est assise sur un volcan : à n'importe quel moment la situation peut exploser et l'ultraviolence se déchaîner contre les honnêtes gens", a ajouté dans un communiqué la dirigeante d'extrême droite, qui réclame "la tolérance zéro contre ces racailles qui se croient tout permis sur notre territoire."
REUTERS