Publié le 15 Oct 2013 - 16:14

“L’Etat du Sénégal a bien pris à bras le corps ce problème”

 
 
 
La dernière crise de l'approvisionnement en eau de la capitale liée aux dysfonctionnements de l'usine de Keur Momar Sarr, les efforts consentis pour l'Etat et la Sénégalaise des eaux (SDE), les mesures stratégiques à prendre pour conjurer dans le futur de tels problèmes, le directeur général de l'Office du Lac de Guiers les aborde en toute liberté avec nous. Amadou Bocoum réfléchit d'une façon générale sur un secteur a priori fragile, mais porteur d'espoir pour le développement économique...
 
 
 
Vous êtes le directeur de l’Office
du Lac de Guiers, quel est le rôle
de l’Olag dans la politique de maîtrise
de l’eau du Sénégal ?
 
Avant d’en venir à votre question, permettez-moi tout d’abord de situer pour vos lecteurs, la place qu’occupe le Lac de Guiers dans la politique de maîtrise de l’eau du Sénégal. En effet, le lac de Guiers constitue l’une des ressources les plus stratégiques du pays en raison de la multiplicité des usages concurrents qui en dépendent (alimentation en eau potable de Dakaret d’autres centres urbains, irrigation,abreuvement des animaux et alimentation des zones humides). Le lac couvre une superficie de 240 à 350 kilomètres carrés, sur une longueur d’environ 50 km, à cheval sur les régions de St Louis et de Louga. L’essentiel de l’eau potable consommée à Dakar et sa banlieue vient du Lac de Guiers où sont implantées les deux principales unités de traitement d’eau de la SDE. La création de l’Office du Lac de Guiers (OLAG) par la loi 2010-01 du 20 janvier 2010 qui en fait un Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial (EPIC), traduit toute l’importance pour l’Etat de préserver le lac y compris pour les générations futures. L’Olag, dépendant du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, a pour missions principales : la planification et la gestion des eaux du Lac de Guiers, la programmation des investissements, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre, la conception et le contrôle des études et des travaux portant sur les infrastructures relatives de gestion duplan d’eau, l’exploitation et la maintenance des équipements et enfin le suivi qualitatif et quantitatif des ressources en eau du lac. Vous comprenez donc l’importance stratégique de l’Office dans le dispositif global de gestion, de planification et de préservation des ressources en eau du pays.
 
Que vous inspire la dernière crise
dans l'approvisionnement en l'eau
à la suite de problèmes signalés à
l'usine de Keur Momar Sarr ?
 
Cet incident pose le problème de la fragilité du système d’approvisionnement de la capitale, mais il ne faut pas dramatiser. Dans tout système, il peut y avoir des pannes. Tout a été dit sur les causes et les responsabilités, les dirigeants et techniciens des structures en charge du secteur se sont exprimés. Ils sont parvenus à rétablir la situation et pris un certain nombre de mesures pour prévenir ce type d’incidents. A noter qu’aucune oeuvre humaine n’est à l’abri de perturbations. Il faut surtout saluer le doigté avec lequel le président de la République a calmé la situation lors de sa descente sur le site de KMS. Saluer également la compétence des ingénieurs et techniciens sénégalais qui sont parvenus à réparer cette portion de canalisation. Maintenant ce à quoi il faudra sans doute s’atteler, c’est de trouver le moyen de sécuriser l’approvisionnement à long terme de la capitale. Pour ce faire, le président de République a donné des instructions afin que des solutions durables et structurantes soient mises en oeuvre.
 
Pourquoi donc l'Etat du Sénégal
n'a pas été en mesure de prendre à
bras le corps ce problème ? Quel
est selon vous la racine du problème?
 
L’Etat du Sénégal a bien pris à bras le corps ce problème. Dès les premières heures de l’incident, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement s’est personnellement impliqué en rapport avec la SDE et la SONES, pour que la panne puisse être réparée dans les plus brefs délais. En moins d’une semaine, une première réparation a été faite. Malheureusement, celle-ci n’a pas tenu. C’est ainsi que des dispositions ont été prises pour fournir les populations en eau potable à travers une importante flotte de camions citernes. Toutes les explications sur la nature de la panne et le déroulement des réparations, qui ont abouti au rétablissement de la situation, ont été données. Le temps mis pour arriver à ce résultat montre simplement la complexité de l’opération, qui nécessitait un certain nombre de précautions à prendre pour saréussite.
 
Ne pensez-vous pas que l'Etat
devrait donner l'exemple en sanctionnant,
sur la chaîne des responsabilités,
tous ceux qui ont faitpreuve d'incompétence ?
 
Ce qu’il faut avant de sanctionner, c’est d’abord de situer les responsabilités. Est-ce qu’on peut imputer aux personnes actuellement en charge du secteur la responsabilité de ce qui est arrivé ? Par ailleurs, je ne crois pas qu’il faudrait parler d’incompétence ; en tout cas, concernant la réparation de la canalisation. J’étais sur le site durant toute la phase critique de l’opération de réparation, je puis vous assurer que nous pouvons être fiers de la compétence de nos ingénieurs, techniciens et ouvriers, tous sénégalais. Ils se sont dévoués corps et âmes durant des jours et des nuits sans sommeil, pour arriver à bout de cet incident. J’ai ri quand j’ai entendu dire que des experts de tel ou tel pays sont venus à la rescousse, ou qu’une pièce venant de tel ou tel autre pays aurait été acheminée sur le site. La réalité est que rien de tout ça n’était vrai, les pièces comme les hommes sont sénégalais. Cette parenthèse n’est pas pour fouetter un quelconque ego, mais simplement rétablir la vérité.
 
Quelles sont les mesures à prendre
pour éviter que pareil problème ne
se reproduise ?
 
Il n’y a aucune mesure qui puisse empêcher qu’une panne ou des incidents plus ou moins graves ne se produisent sur un système de transfert d’eau de cette importance et de cette nature. Dakar est approvisionné à près de 60% par les usines de Ngnit et de Keur Momar Sarr sur le ‘’Lac de Guiers’’ à plus de 250 km. Ce qu’il faut, en revanche, c’est de prendre des mesures pour minimiser ces pannes et prévenir des incidents majeurs. A ce propos, il y a lieu de reconnaître que, depuis que ce système existe, c’est la première fois qu’une panne d’une telle gravité se produit. Nous devons être un peu plus tolérants, en admettant les difficultés vécues par les populations dakaroises. Mais est-ce que les gens réalisent également que la très grande majorité des populations vivant autour du Lac de Guiers (pour certains la conduite passe à quelques mètres du domicile), n’ont jamais eu de l’eau potable ? Presque personne n’a entendu leurs voix s’élever. Bien sûr l’un ne justifiant pas l’autre. J’ai dit presque personne, mais le président de la République lui, avait déjà, lors du Conseil des ministres décentralisé de Louga, dénoncé cette injustice et promis d’y mettre fin. L’Office du Lac de Guiers a reçu les instructions pour participer à la résolution de ce problème et dès le mois  prochain, les travaux de branchement sur le réseau SONES/SDE de 31 villages sur les 110 de la zone vont démarrer. La couverture complète des autres villages se fera progressivement sur 2014 et 2015.
 
La question des bailleurs est plusieurs fois apparue
dans la crise de l'approvisionnement en eau, vécue ces
derniers jours par l'Etat, le rôle de la Banque mondiale et du
Fonds monétaire international (Fmi) voussemble-t-il positif ?
 
Durant cette crise, je n’ai pas du tout entendu une controverse quelconque ayant trait au rôle des bailleurs de fonds et plus particulièrement celui de la Banque Mondiale. Je crois qu'il ne faudrait pas mélanger les rôles encore moins les responsabilités. Je ne sais pas si la Banque Mondiale a participé au financement de Keur Momar Sarr, mais si c’est le cas, c’est sûrement à la demande de notre pays. La Banque n’intervient pas si une requête en bonne et due forme ne lui est pas adressée, donc je ne vois pas ce qui pourrait relever de sa responsabilité dans une pareille affaire. Le FMI, quant à lui, n’intervient pas dans le financement direct des infrastructures, il a un rôle de conseil et d’appui aux gouvernements membres, dont le Sénégal, dans la définition et la conduite de leurs politiques économiques. Le Fonds n’est pas, comme la Banque, une agence de développement. Quel que soit le procès qu’on puisse faire à de telles organisations, critiques qui peuvent se justifier, il faut convenir que c’est à nos pays et à eux seuls de définir leurs politiques de développement et de se donner les moyens de les mettre en oeuvre en toute souveraineté, même s’ils peuvent et doivent, si besoin est, faire appel à ces organisations. 
 
Section: 
ENQUÊTE SUR L’EXPÉRIENCE CLIENT DANS LES BANQUES AU SENEGAL : Aucune n’a obtenu la moyenne
53 % DES DÉCÈS LIÉS AUX MALADIES NON TRANSMISSIBLES AU SÉNÉGAL : La recherche comme vecteur pour renverser la tendance
PRÉPARATION 50 ANS CEDEAO : Pour une nouvelle politique de jeunesse
SAINT-LOUIS : LUTTE CONTRE LES PRODUITS PROHIBÉS : Des saisies d'une valeur de plus de 260 millions F CFA incinérées
UNIVERSITÉS ET ÉTABLISSEMENTS SUPÉRIEURS : Diomaye demande la continuité des activités pédagogiques et la stabilité sociale
CONSEQUENCES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE POUR LE SENEGAL : La Banque mondiale prévient contre l’inaction  
RÉDUCTION DE LA CEL/VA : Rufisque sonne la mobilisation
ÉCONOMIE - CAMPAGNE AGRICOLE : Le Premier ministre annonce cinq décisions structurelles importantes
MARCHE PACIFIQUE DE L’AIAIHS ET DU COMES INTERDITE : Les syndicalistes s’en prennent au ministre de la Santé
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA PÊCHE : Le Sénégal affirme son autonomie face à l'Union européenne
Sénégal-USA
Kolda
CLÔTURE DU PROJET CASSECS : Les engagements de Mabouba Diagne
MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DE L’ACTION SOCIALE : 399 salariés payés à ne rien faire depuis une dizaine d’années
FIN DES ACCORDS DE PÊCHE AVEC LE SÉNÉGAL : L’Union européenne largue les amarres
FMI
Sommet Russie-Afrique
Commerce extérieur
Accord de pêche Sénégal
CHERTÉ DE LA PRISE EN CHARGE, POLYPATHOLOGIE, MORTALITÉ DES ENFANTS… : L’appel au secours des diabétiques