Le non des ''peuples d’Afrique de l’Ouest''
Réunie jeudi à Dakar, la société civile de l’Afrique de l’Ouest s'est fait le porte-parole des peuples de la sous-région face aux négociations sur les Accords de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne. Défendant une meilleure intégration régionale d'abord, cette société civile a appelé les dirigeants de la Cedeao à tordre le cou aux APE considérés comme une menace pour l’économie de la zone.
''L’Afrique de l’Ouest d’abord'', voilà la préférence affichée par la société civile de l’Afrique de l’Ouest réunie hier à Dakar. En prélude à la rencontre des chefs d’États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), prévue aujourd’hui à Dakar, cette rencontre organisée par (Enda) se définit comme un contre-sommet ou un ''sommet des peuples''. Elle a ainsi porté sur la mise en place du Tarif extérieur commun (Tec) et le péril des Accords de partenariats économiques (APE) en cours de négociation. La salle de conférence, mal éclairée, a peiné à contenir les nombreuses délégations venues de 13 pays membres de la Cedeao qui ont fait le déplacement, à l’exception du Cap-Vert et de la Sierra Leone. La réunion vise à sensibiliser les dirigeants sur les dangers d’une ouverture de 75% du marché ouest africain conformément aux vœux des Européens. Car selon Cheikh Tidiane Dièye, directeur exécutif du Centre africain pour le commerce international et le développement (Enda-Cacid), cela serait ''économiquement et socialement catastrophique pour toute la région''.
Côte d'Ivoire et Ghana grands perdants si...
''Ce sommet est un appel des peuples représentés par les réseaux d’ONG, d’organisations paysannes et féminines et il vise un renforcement du Tec, base d’une union douanière commune avec la levée des barrières douanières intra-régionales'', a avisé M. Dièye. Il a prévenu que les APE ne visent en fait qu’à reconquérir des parts de marché perdues. De 75% en 1975, le commerce européen est passé à 28% aujourd’hui. ''Ils risquent aussi de nuire à l’intégration économique. Des pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire ont déjà signé un pré-accord qui risque d’affaiblir l’union économique en adoptant les APE sans l’accord des autres états membres''. Sur quoi, le représentant du Ghana, Tetey Ornekou, a renchéri : ''La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui ont déjà signé un pré-accord, risquent de perdre de plus avec l’entrée en vigueur de ces accords (...) Ce qui risque d’affaiblir durablement leurs économies avec la fin des taxes douanières qui protégeaient leurs productions locales. Les avantages dérisoires des APE ne combleront pas leurs immenses pertes due au caractère inégal des échanges'', a-t-il affirmé.
''Fonds de soutien à l'intégration'
Pour Monsieur Ken Ukaoho du réseau national des commerçants nigérians, il s’agira de moderniser le prélèvement communautaire, afin d’aider ces pays des pertes qu’ils vont subir avec le renoncement aux APE. Ce ''fonds de soutien à l’intégration'' devra prendre en compte l’entraide et le soutien aux producteurs locaux afin d’accroître leur compétitivité, a-t-il indiqué. Aux chef d'État de la Cedeao de trancher.
Mamadou Makhfouse Ngom (stagiaire)