''Une croissance de 4% voire 5% ne peut pas nous sortir de la pauvreté''
Le ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, a eu, avant hier, une matinée d’échanges avec le Collectif des journalistes économiques du Sénégal (COJES). A l’occasion de cette rencontre, Mouhamadou Makhtar Cissé a abordé plusieurs sujets, dont le budget de l’État, la stratégie d’endettement du Sénégal, le Plan Sénégal émergent (PSE)… Bref, M. Cissé a réaffirmé l’objectif du PSE qui est de sortir le maximum de Sénégalais de la pauvreté grâce à un taux de croissance de 8% par an.
Le Sénégal ne peut pas sortir de la pauvreté avec des taux de croissance de 3%, de 4% ou de 5% par an. Pour sortir le maximum de Sénégalais de l’extrême pauvreté, il nous faut un taux de croissance de l’ordre de 7%, voire 8%, par an. C’est la conviction du ministre délégué chargé du Budget qui s’exprimait ce samedi lors d’une rencontre avec le Collectif des journalistes économiques du Sénégal (COJES). D’après Mouhamadou Makhtar Cissé, le Sénégal ne peut pas réussir son émergence s’il ne réussit pas à diminuer de manière sensible l’extrême pauvreté.
Et depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, reconnaît-il, les différentes politiques publiques n’ont pas réussi à réduire cette pauvreté. Ce qui fait que ‘’notre pays a un taux de pauvreté de 50%’’ et que le PIB par tête est de 535 dollars en 2012 contre 630 dollars en 1960. ‘’Le dollar a beaucoup évolué, mais en dollar constant, le niveau de vie des populations a stagné, au pire, il a même baissé. Bref, il n’a pas, en tout cas, beaucoup évolué’’, souligne, M. Cissé. Toutefois, ces défis doivent être pris en charge par le Plan Sénégal émergent, dont le but est ‘’de tirer le maximum de Sénégalais de la pauvreté’’.
En outre, le ministre du Budget a, à l’occasion de cette rencontre avec le COJES, répondu aux pourfendeurs du PSE qui jugent le plan pas ambitieux, avec seulement un objectif de croissance de 8%. A ces derniers, le ministre du Budget répond que ‘’mieux vaut avoir un plan réalisable que de pécher par un optimisme’’. En effet, ajoute l’ancien Directeur général de la Douane, ‘’pour avoir de la croissance, il faut financer l’économie.
Mais, il faut avoir les ressources pour financer une économie qui va générer une croissance à deux chiffres. Pour avoir une croissance, il faut que l’activité économique marche''. ''L’activité économique, ce n’est pas l’État, mais c’est le secteur privé. Le secteur privé doit créer de la stratégie mais il fait face à de multiples contraintes’’, explique, Mouhamadou Makhtar Cissé, selon qui le gouvernement a l’ambition de lever ces contraintes grâce au programme de réforme de l’environnement des affaires.
Un déficit budgétaire de 396 milliards en 2014
Par ailleurs, à l’occasion de cette rencontre avec le COJES, le ministre du Budget a abordé la question du déficit budgétaire. A l'en croire, entre les ‘’recettes mobilisables au 31 décembre et les engagements de l’État qui sont inscrits dans le budget adopté par l’Assemblée nationale, il se dégage un écart de 396 milliards’’. Mais, ce qu’il faut reconnaître, explique-t-il, malgré un gap de 396 milliards de F CFA en 2014, le niveau de déficit a été réduit, car, il est passé de 420 milliards en 2012 à 406 milliards en 2013, jusqu’à 396 milliards en 2014.
‘’Notre dette demeure soutenable’’
Le défit majeur du Plan Sénégal émergent est la ‘’mobilisation des ressources internes’’, soutient le ministre du Budget. Malgré les engagements de Paris pour une enveloppe de près de 3789 milliards F CFA, il y a ‘’une soutenabilité de la dette’’, renseigne le ministre. ‘’Les bailleurs de fonds regardent notre capacité à rembourser. La capacité à rembourser dépend de la mobilisation de nos recettes fiscales. Aujourd’hui, si les bailleurs se sont engagés dans le Plan Sénégal émergent, c’est parce que d’après leurs analyses et projections, ils se sont rendu compte que s’il n’y a pas un cas de force majeure, nous pourrons rembourser’’, avance-t-il.
ALIOU NGAMBY NDIAYE