EXÉCUTION DES MARCHÉS PUBLICS
Les autorités contractantes absorbent entre 92 et 100% de leurs crédits
Les ministères, les autorités contractantes arrivent à absorber entre 92 et 100% des crédits mis à leur disposition par l’État , a informé hier le Directeur de l’autorité de régulation des marchés publics, Saër Niang.
Les procédures de passation des marchés publics empêchent l’exécution des projets ou l’absorption des crédits des autorités contractantes. On a l’habitude d’entendre cette sentence émanant de certains acteurs qui s’insurgent contre les lenteurs que les longues procédures des marchés publics entraînent dans l’exécution de la commande publique.
Toutefois, le Directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics s’érige en porte-à-faux avec ces allégations. Selon Saër Niang, cette assertion est dénuée de tout fondement et ‘’c’est à tort qu’on dit que le code des marchés publics empêche de réaliser les projets’’ ou que ‘’l’absorption des crédits est comprise par ce même code’’. Cette récrimination ne tient pas la route, dit M. Niang. A l’en croire, la réalité est qu'‘’au Sénégal, les crédits sont absorbés à près de 85%, annuellement’’, durant ces quatre dernières années. Mieux, dit-il, les mêmes faits démontrent que la ‘’plupart des ministères et des autorités contractantes qui ont des grands projets structurants pour l’État arrivent à consommer les crédits mis à leur disposition entre 92 et 100%’’.
‘’Il y a beaucoup de choses qui ont été avancées mais ne collent pas à la réalité. On ne peut aussi être responsable et dire que je n’arrive pas à réaliser des projets à cause des procédures. On doit composer avec ces procédures et savoir que ce sont les ressources publiques’’, invite M. Niang. Le Directeur général de l’ARMP s’exprimait hier, à l’occasion d’une table ronde sur les ‘’sept ans de la réforme du système de passation des marchés publics’’.
1 000 milliards dépensés par an
Par ailleurs, même s’il faut réformer le code des marchés publics, critiqué à tort ou à raison par certains, il ne faut pas, avertit, Saer Niang, ‘’le faire sur la base d’un sentiment’’. Aujourd’hui, poursuit-il, les ‘’marchés publics constituent un enjeu économique, social et financier d’une grande importance. Le Sénégal, à lui seul, dépense autour de 1 000 milliards par an dans les marchés publics. Vu l’importance de cette manne financière, il faut, suggère-il, des ‘’procédures qui garantissent la rationalisation de l’utilisation de ces ressources’’. Sinon, avertit, le DG de l’ARMP, le ‘’pays mettra beaucoup d’argent et on n'arrivera pas à réaliser les projets’’.
Selon une étude de Transparency International, citée par le DG de l’ARMP, les états consacrent entre 10 et 15% de leur PIB à la commande publique. Cette même étude révèle que la ‘’corruption qui gangrène les marchés publics majore de 15 à 20% le coût total desdits marchés, engagés dans les différents pays’’. Ce qui veut dire, poursuit M. Niang, ‘’qu’environ 400 et 500 milliards de dollars se retrouvent tous les ans dans les mallettes distribués sous forme de dessous de table, de pots de vin ou simplement de cadeaux’’.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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