GESTION DE LA CAMPAGNE D’EXPLOITATION FORESTIÈRE 2013-2014
Des exploitants forestiers soupçonnent des magouilles
La campagne d'exploitation forestière 2013- 2014 ne s'est pas faite dans les règles de l'art. L'accusation est d'un groupe d'exploitants qui, à travers un mémorandum, dénonce la décision de la Direction des Eaux et Forêts d'augmenter les quantités à exploiter. Ainsi que la répartition de la réserve pour le charbon de bois.
Des soubresauts sont notés dans la présente campagne d’exploitation forestière 2013-2014. Et ce sont des exploitants forestiers qui, à travers un mémorandum, fustigent cette attitude de la Direction des Eaux et Forêts qui consiste à prendre des ‘’mesures surprenantes et non prévues par l’arrêté organisant la campagne d’exploitation’’. Parmi ces mesures prises par le directeur des Eaux et Forêts, les exploitants forestiers listent l’augmentation des quantités à exploiter, la prolongation des titres d’exploitation pour les campagnes 2012, 2011, 2010, 2009… et la répartition ''arbitraire'' de la réserve pour le charbon de bois.
Par ailleurs, en ce qui concerne le volet des quantités à exploiter, le mémorandum explique que le ''directeur des Eaux et Forêts estime qu’à quatre jours de la fin de la délivrance des permis de coupe, 549 816 quintaux de charbon restent à exploiter. Et cela représente même 68,54% des possibilités des forêts aménagées''. Ces augmentations concernent aussi le bois d’artisanat à usage de menuiserie.
Pour ce type de bois, le quota est passé de 700 pieds à 940 pieds soit une augmentation de 79,35%, selon la note de service N°1089/DEFCCS/DAPF du 27 mai 2014. Et pour les pirogues et panneaux de crinting, leur quota est passé respectivement de 110 à 140 pieds et de 50 000 à 69 000 pieds par note de service N°1086/DEFCCS/DAPF du 27 mai 2014.
Quel est l’intérêt de telles décisions? Quelles sont les motivations profondes de ces prises de décisions ''pour le moins surprenantes et difficilement justifiables’’ ? se demandent les exploitants à travers le mémorandum. Cet acte, poursuit le document, ‘’pose un réel problème de légalité, étant entendu que les quotas sont fixés par arrêté au début de chaque campagne’’.
Le charbon inonde la capitale, Dakar
En outre, l’augmentation de la quantité à exploiter a eu des répercussions directes sur la chute du sac de charbon. Jadis vendu à 7000 F à Dakar, il est passé aujourd’hui à moins de 5000 F, relate le document. Cela, ajoute le texte, ‘’montre que la ressource est bradée voire gaspillée. Dès lors, la dégradation de nos terres va aller crescendo, mettant en péril l’activité de centaines de milliers de Sénégalais’’. Du coup, poursuit le document, le nombre de camions qui entrent quotidiennement à Dakar est passé d’une moyenne inférieure à 10 à plus d’une cinquantaine par jour.
‘’Mais alors, d’où vient subitement tout ce charbon, puisque l’on constate que seulement 518 000 quintaux ont circulé, sur près de quinze mois, soit environ 35 000 quintaux par mois et une moyenne de six camions par jour’’ ? se demandent toujours des exploitants forestiers. Du côté de la Direction des Eaux et Forêts, on refuse de répondre ''à des gens qui se cachent derrière un mémorandum et à visage couvert pour dénoncer une situation''.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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