Le ‘’niet’’ des centrales syndicales
Les centrales syndicales ne partagent pas du tout l’option du gouvernement de baisser les indemnités des fonctionnaires pour booster l’économie sénégalaise. Elles se sont montrées catégoriques et militent plutôt pour une revalorisation des salaires au moment où les prix des denrées de première nécessité ne cessent de grimper.
Le ministre de l’Economie et des Finances Amadou Bâ a préconisé hier lors d’un atelier sur la politique macroéconomique et les réformes structurelles 2015, la révision du régime indemnitaire des fonctionnaires sénégalais. Ce, dans le cadre d’une réflexion sur le poids de la masse salaire sur le budget de l’Etat. Une option que les centrales syndicales ne comptent pas adopter. Le porte-parole des syndicats d’enseignants, Mamadou Lamine Dianté, a affiché son inquiétude par rapport aux modes de gestion des finances au niveau dudit ministère. Parce que, dit-il, on ne peut pas être un ‘’impositeur’’ en chef devant l’eternel. ‘’Nous considérons que s’il y a à réviser le régime indemnitaire, c’est sur des bases très claires que cela doit se faire. Nous avons la conviction qu’il ne peut nullement s’agir des maigres indemnités des enseignants. Dans tous les cas, nous n’accepterons jamais que nos indemnités soient touchées à quelque niveau que ce soit’’, a précisé M. Dianté.
A l’en croire, lors de leurs négociations avec le gouvernement, quand ils ont posé la question de la hausse des indemnités des enseignants, il leur a été dit clairement que pour le moment, l’Etat ne pouvait pas donner de réponse par rapport à certaines revendications à incidence financière. Et que tant que l’étude sur le système de rémunération et de motivation des agents que l’Etat a commandité n’est pas terminée, il n’y aura pas de réponse. ‘’On avait convenu qu’une rencontre de partage soit convoquée par le gouvernement avec l’ensemble des syndicats des différents secteurs d’activités pour appréciation. Donc aujourd’hui, nous ne savons pas à quelle étape se situe cette étude. Mais dans tous les cas, nous considérons qu’un agent de l’Etat sur qui on compte pour booster ou impulser les différents secteurs de ce pays doit plutôt être motivé et qu’on ne doit pas chercher à revenir sur ses acquis’, a-t-il souligné.
Pour le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la Santé et de l'Action sociale (Sutsas) Mballo Dia Thiam, le gouvernement leur avait promis de statuer sur leur traitement salarial plus tard en fin d’année. ‘’Nous sommes contre toute réduction, toute diminution ou toute privation de nos acquis. S’ils ne sont pas en mesure de les augmenter, il n’est pas question de les diminuer ou de nous en priver. Nous ferons face aussi le moment venu’’, a soutenu M. Thiam.
Salaires bas, hausses des prix des denrées
De son côté, le secrétaire général du Syndicat Unique des Travailleurs de l'Electricité (Sutelec) Aliou Bâ s’est montré catégorique. ‘’Je suis loin d’être en phase avec le ministre quand il dit que 717 milliards constitue la masse salariale des travailleurs de l’administration, et que c’était trop élevé à ses yeux. Cela n’a pas de sens parce que tous les fonctionnaires n’ont pas le même salaire. Peu importe le pourcentage que les fonctionnaires représentent, c’est un travail qu’ils font. Aujourd’hui, au lieu de parler d’augmentation de salaires, le gouvernement risque d’aller vers une diminution des émoluments des agents de l’administration. Ce qui n’est pas acceptable’’, a fulminé M Bâ.
De l’avis de ce dernier, le gouvernement doit chercher les moyens qui permettent à l’administration de tourner de façon correcte, et que les gens aient un salaire décent leur permettant de faire correctement leur travail. ‘’Tout le monde sait que les salaires sont extrêmement bas au Sénégal. Dans un pays où tout coûte excessivement cher, si les gens sont très mal payés, et qu’ils n’ont pas espoir que cette situation s’améliore, ce qui risque de se passer est qu’ils ne vont plus travailler correctement. L’autre danger, c’est la porte ouverte à la corruption. Il faudrait que les salaires puissent suivre le rythme de l’inflation’’, a-t-il soutenu.
Pour lui, les prix des denrées de première nécessité sont en train d’augmenter un à un, et pendant ce temps, les salaires stagnent depuis longtemps. ‘’Cette option du gouvernement est un nouveau prétexte pour diminuer les émoluments des travailleurs de l’administration’’, a fustigé M. Bâ.
VIVIANE DIATTA